Artiste européen·ne de la semaine

Berry Galazka (Londres) - Artiste européenne de la semaine

Berry Galazka (Londres) - Artiste européenne de la semaine

cette semaine, nous sommes en Angleterre : London’s burning ! Londres brûle, mais ce n’est pas une œuvre des Clash, mais plutôt de notre artiste européenne : la sans foi ni loi Berry Galazka ! États-unienne d’origine polonaise, Berry pose ses valises à Londres en 2020, avec pour objectif : retourner les planches et les esprits ! Sur de la Pop-rock-hip hop, Berry ne négocie ni son franc-parler, ni ses engagements féministes, et je peux vous dire que ça dépote. Un vent frais sur la ville, à l’image de la nouvelle génération de femmes racisées qui contre-attaquent. 


Chapitre 1 : It's (not) raining men



En 2021, Berry sort son premier EP, et vous venez d’entendre le titre éponyme : “Man Can’t Hang, Ain’t part of the gang”, “Les hommes ne sont pas admis dans notre gang!”. Un EP pour lequel Berry se déclare ouvertement misandre ; les hommes, finalement, n’apportent rien à sa vie perso et pro, elle qui gère son processus créatif de A à Z je cite : “Le patriarcat enseigne aux femmes que nous devons être dépendantes sur plusieurs plans de nos vies, mais si vous n’êtes pas votre propre garde du corps, personne ne le sera !

Fille unique d’une mère célibataire polonaise, notre sagittaire de la semaine grandit dans une maison de femmes, avec sa grand-mère. Of course qu’elles se débrouillent sans hommes, et ce ne sont pas les seules ! Le titre “Man Can’t Hang” cherche non seulement à provoquer l’égo des hommes, mais aussi à annoncer la révolution, comme : “une promesse aux hommes blancs détenteurs de pouvoir dans ce monde, dit-elle, qu’ils ne vont pas rester longtemps en place”. Et dans la place, que ses go sur ! Elle reprend ce titre avec deux chanteuses anglaises, Girli, qui fait du pop punk, et Suzi Wu, du hip hop. 



Esprit audacieux et rebelle, c’est ça le style de Galazka ! Une ôde à vivre pour soi, car “chaque personne que tu connais va mourir et s’en foutra royalement des décisions que tu as prises”.  Tout de suite, ça permet de relativiser ! 


Berry ne se laisse pas faire et ça ne date pas d’aujourd’hui : dans le titre “Marisa”, elle raconte comment elle s’est défendue enfant face à une harceleuse. Mais méfiez-vous des apparences, si la chanson sonne comme une comptine enfantine à la mélodie style comptine enfantine, Berry n’est pas la pour rigoler ! "J'avais huit ans, dit-elle, quand j'ai étouffé cette salope". Si Berry n’est pas pour la violence, pour elle je cite “les intimidateurs doivent apprendre que ce n'est pas cool ». Et au final, Marisa ne l’a plus jamais embêtée. Cette philosophie oeil pour oeil, dent pour dent, c’est à sa mère qu’elle la doit “[Après ça] ma mère m'a emmenée manger une glace et oui, c'est vraiment sa voix sur le pont qui dit "Je suis si fière de toi, ma chérie".

Sur le clip, la sagittaire se met en scène seule derrière tous les instruments, histoire de dire qu’elle non plus, n’a besoin de personne, même sans harley davidson.



Chapitre 2 : Je ne suis pas misandre, j'ai un ami homme


Cette semaine, nous sommes à Londres aux côtés de celle qui ne partait pas au combat la fleur au fusil, celle qui était aussi indépendante que fifi brindacier, j’ai cité Berry Galazka ! Notre california girl d’origine polonaise propose une musique entre pop, rock et hip hop, sur des textes qu’elle ne mâche pas. Hier, nous avons commencé à écouter son premier EP, l’EP de 2021 Men can’t hang, ain’t part of the gang, aujourd’hui, je vous propose que l’on continue : cet EP pose les bases de la musique de Berry, une musique qui ne se renie pas. 



C’était le titre “No effect”, “pas d’effet”, l’affirmation de Berry à ses détracteurs que “tu n’as pas d’effet sur moi, je suis la présidente et toi le vice-président”. Et ça, c’est parce que Berry vit pour elle et fait fit des conventions : «J'ai du mal à prendre au sérieux toute forme d'autorité ou de norme sociale, je finis d'écrire plus vite que mon ex au lit et je peux généralement enregistrer une démo le jour même. Si ça ne coule pas, je change ce que je fais et n'essaie pas péniblement de faire fonctionner une chanson, je ne crois pas à la lutte pour l'art, c'est un trope énergétique masculin patriarcal désuet ». D’où son amour pour le surréalisme dont elle parle dans ses tik-tok et dont elle s’inspire pour ses clips ! 

Son énergie, elle préfère la consacrer à autre chose : transmettre des messages de paix, d’amour de soi et d’empouvoirement aux femmes. Alors ne prenez pas à la légère son côté provocateur et politiquement-incorrect ; car déjà, s’autoriser à l’être en tant que femme, cela n’a rien d’anodin. On pourrait alors y voir quelque chose de non seulement salvateur, mais aussi très efficace qui fait questionner immédiatement les normes sociales, notamment de genre, sans perdre son temps dans la forme ; rappelant que les outils du maître, ne détruirons pas la maison du maître. Quand elle parle de son rapport aux bébés, à la maternité dans le titre "LA ME", on sent 1) qu’elle est loin de les trouver mignons et qu’elle est loin d’être intéressée 2) que c’est peut-être l’occasion de rappeler que ça aussi, c’est ok. 



La phrase d’introduction est une petite référence à la pâtissière anglaise réputée Marry Berry,  qu’elle ne connaissait pas en arrivant à Londres mais dont tout le monde lui parlait : “tu t’appelles Berry comme Marry Berry ?”.

Et la musique de Berry, c’est aussi ça : des textes et des visuels bourrés de référence à la pop culture, mais aussi à l’art plus légitime. Mais ça, c’est quelque chose que l’on creusera dans l’épisode de demain avec l’écoute de son deuxième EP !

Je vous propose que l’on se quitte avec un petit moment d’empouvoirement : c’est l’heure de se célébrer dans nos singularités ! Le titre “Fran Fine” est un doux égo trip dans lequel Galazka nous ouvre la voie : «Je suis belle sous tous les angles” dit-elle. 



Chapitre 3 : Laissez-moi danser


Berry Galazka, c’est le nom de notre artiste européenne de la semaine ! Une étatsunienne d’origine polonaise, qui depuis 2020, diffuse sur la capitale anglaise un doux son pop-rock-hip hop de revendications féministes et du way of living by Berry, c’est-à-dire entier, sans compromis. Et à ça, on ne dit pas non ! Hier, nous avons écouté son premier EP, Men can’t hang, ain’t part of the gang, aujourd’hui je vous propose son deuxième, l’EP Leash sorti en 2023. Un EP rempli de références à l’art, à l’image de son tik-tok où elle partage ses critiques de tableaux comme ceux de l’autrichien Klimt ou l’étatsunienne Rothko ; et dans Leash, le point de départ, c’est l’espagnol Dali



 Le titre “Dream Caused By The flight of a bee”, une référence au tableau de Salvador Dali du même nom Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une grenade, une seconde avant l'éveil, qui représente sa femme peintresse Gala, dont le sommeil s’apprête à être interrompu par l’arrivée d’une abeille. A une syllabe près, on comprend que Galazka se soit identifiée au réveil de Gala ! Et pour Berry, sur ce morceau, le réveil est très brutal il représente “le démêlage complet de tout ce que je pensais être vrai.”, notamment de ce qu’on pourrait penser les normes sociales. “Je passe à travers les éléphants dans la salle, je suis éveillée maintenant, et toi?” provoque-t-elle ; le tout, sur un clip et des tenues style Dali. 

Car souvent, la composition pour Berry passe par le visuel : elle voit un tableau, et entend une chanson. Et chaque idée à son importance !

C’est pour cela aussi que Berry soigne ses tenues : elle les voit comme des mises en scène libres d’interprétation par son public. Alors vives les couleurs, vives les motifs : “je déteste voir les artistes s'habiller tout de noir sur scène, se fondre dans le sol, les murs et le plafond ! Comme un fantôme décapité ! C'est pas assez de distraction pour moi. Je ne veux pas juste entendre la musique, je vais m'ennuyer. Mets au moins des paillettes, un miroir ?

Je vous propose le titre “Woke-Up, Chose Violence”, Berry y prend les armes, mais à la Dali’s style : dans ses mains des grenades, mais pas les explosifs, les fruits, les mêmes que celles du tableau ; Rêve causé par le vol d'une abeille autour d'une grenade, une seconde avant l'éveil.



Un morceau de pop punk qui appelle à se choisir soi, et qui revalorise la violence comme outil politique, mais pas n’importe laquelle attention : « arrêtons de tenir compte des attentes ou des conditionnements que vous avez reçus. Il s’agit de commencer à perdre confiance en tout et à se remettre en question. Se réveiller et choisir la violence, c’est choisir la vie.” Une chanson contestataire qui remotive ! Et pour ce titre, Berry a choisi un imaginaire visuel blanc et rouge, et une tenue avec une babouchka, une écharpe polonaise, comme un à ses origines. 

Le titre “I like me, I don’t like you”, “je m’aime, je ne t’aime pas” ; lui, envoie une bonne grosse dose d’énergie pour se défaire des comportements toxiques de nos entourages : "Tout le monde quitte ta vie, rap-t-elle, Alors peut-être que le problème c'est toi. Ma tante a tiré sur les nazis, alors si tu veux tirer un coup rapide sur quelqu'un, Ce ne sera pas moi”.



Chapitre 4 : Let it be 


Depuis lundi, nous sommes à Londres et il ne fait pas très beau. La voix que vous venez d’entendre, c’est celle de notre guide de la semaine, aka notre artiste européenne Berry Galazka ! C’est à Londres, que l'états-unienne d’origine polonaise décide de lancer sa carrière musicale en 2020. Depuis, Berry produit des sons hip pop rock sauce DIY qui lui permet d’être fidèle à elle-même : entière,  et indépendante ; comme diraient les  féministes argentines, n’ayant “Ni Dieu, ni patron, ni maître”. Hier nous avons commencé à écouter son deuxième EP Leash, sorti en 2023 ; aujourd’hui je vous propose que l’on continue ! “Leash”, “laisse” à encore des choses à nous dire.



Le le titre éponyme de l’album, “leash”, est un titre rock’n’roll bby ! Non seulement par la guitare, mais aussi par les textes, une ôde au libre arbitre : “Je suis libre, sans laisse, chante-t-elle,  méditez tous les jours sur la façon dont je parviens à mes fins, je n’ai pas besoin de forcer, je lévite”. Mais aussi une petite ôde à la contestation et à l’éveil politique : au début de son clip, vous pourrez voir une de ses propres citations inscrite sur fond rouge type grands auteurs : “rien ne mérite un respect incontestable”. 

Énergie punk qui imprègne tout l’EP, surtout le titre “Wild Wild West”, qui a une petite vibe dark 2000s. “Je suis un criminel recherché, chante-t-elle, je peux voir la sueur sur ton front”. Bon, reste une criminelle en carton, ou plutôt en plastique : sur la pochette, elle tient comme pistolet un jouet pour enfant.



Cet univers musical et visuel un peu fantastique, entre l’artistique, le politique, et la philosophie, c’est un peu la marque de fabrique de Berry ! 

Elle mêle dans ses sons et ses clips des références aux peintres canoniques, à la pop culture, à la mode et à l’activisme, dans des projets qu’elle dirige quasi de A à Z. Alors les supports, elle les diversifie aussi ! En plus de ses formats tik tok de critique de tableau, ou de collection de haute couture, elle fait des vidéos reportages expérimentales sur pleins de choses, des reportages “Galavision” et des podcast “Berrycore” ; un bon moyen de comprendre son univers !. 

Je vous laisse avec un petit extrait Youtube d’une chanson qu’elle n’a sorti que sur Youtube, une chanson de noël ; mais attention vous êtes habitués maintenant, cette chanson, c’est pas exactement la grosse fête.


Chapitre 5 : L'ombre de ton ombre


Et aujourd’hui, c’est notre dernier chapitre sur Berry Galazka, la chanteuse etats-unienne-polonaise qui n’avait pas froid à sa musique ! Depuis 2020, la nouvellement londonienne mixe pop, rock et hip hop sur des textes féministes aux accents anarchiques saupoudrés de radicalité. Une musique qui ne demande pas une place, mais qui la prend, un peu à la façon riot grrrl 2.0, un peu à la façon de cette génération Z de musiciennes sexisées et racisées ! Hier nous avons écouté le deuxième EP de Galazka, aujourd’hui, je vous propose son dernier, l’EP The Shadows, “Les ombres”, un 3 titres sorti il y a quelques jours. Un EP qui creuse dans les profondeurs de nos obscurités, et réhabilite le sombre pour voir la lumière.



 Dans le titre éponyme de l’album “Shadows”,  Berry propose l’inverse de Platon et son mythe de la caverne. Pour Berry, accéder à la lumière et la vérité passe moins par le sortir de la caverne que dans le fait d’aller creuser ses profondeurs : “je pensais que je devais aller au sommet / Pour découvrir ce que [la vérité] / Quelque chose m'a dit d'aller au plus profond / Je dois descendre”. C’est en faisant face à ses côtés sombres, à son histoire, que l’on peut remonter ; toute plante commence avec ses racines.

Et c’est ce qu’a partagé Galazka à la sortie de cet EP;  je vous lis son texte : “Je n’ai jamais été du genre à tendre vers la lumière, j’ai toujours tiré les rideaux lorsque le soleil brillait et je préfère de loin m’asseoir dans l’obscurité. Cette préférence apparemment « évidente » pour la lumière, tant métaphoriquement que littéralement, m’a toujours dérangée. Toute lumière vous laisse au sec dans un désert [...] Toutes les plantes ne poussent pas vers le soleil, certaines poussent dans l’ombre comme les champignons, et c’est donc mon cas. Maintenant, je vous laisse avec cette citation…« Chacun porte une ombre, et moins elle s’incarne dans la vie consciente de l’individu, plus elle est noire et dense. » -Carl Jung



 Le titre “Blackhole trajectory” est un morceau très pop dans lequel Berry se prend pur un trou noir : “Trajectoire du trou noir, je savais que c'était la voie pour moi”. 

Et notre chemin à nous, dans l’artiste européenne de la semaine, touche à sa fin ! Nous disons bye bye à notre Berry Galazka en cheffe, celle qui ouvre la voie en trouvant la sienne, celle qui ne négociait ni ce qu’elle est, ni ce qu’elle fait et encore moins ce en quoi elle croit. Celle qui avançait dans sa vie comme l’icone queer française Kiddy Smile, sans se soucier des rageur.ses ou comme l’anglo-japonaise Rina Sawayama et Pablo Vittar, avec confiance. 

J’ai adoré arpenter sa route à vos côtés cette semaine ! Une excellente façon de recharger ses batteries ; il y a comme un petit air frais de changement dans l’air ! 

Bon week-end à elle, bon week-end à vous ; 

Je vous laisse avec le morceau "Grind", un morceau hip hop sur de l'électro, “broyer”, une petite référence il me semble à toustes celles qui grincent des dents : ”Pensez à appeler votre dentiste” rappelle Berry au moment de sa sortie. 

Et quant à nous, je vous dis à lundi, sur les pas d’une ou un nouvel artiste sur euradio.  



Une émission proposée par Hannah Tesson.