Cette semaine, nous nous intéressons au musicien ghanéen K.O.G. (Kweku Of Ghana).
Chapitre 1. KOG, un génie créatif qui navigue à travers les styles
Le musicien ghanéen Kweky Sackey, alias Kweku Of Ghana ou K.O.G, est un vocaliste, percussionniste et arrangeur qui aime naviguer entre les styles et les langues. Dans sa musique on retrouve diverses inspirations, allant du reggae au jazz, de la soul au funk ou encore du hip hop au gospel. C'est aussi une musique basée sur ses racines ouest-africaines, dont il puise dans les sonorités traditionnelles et des groove africains, comme le soukous, un dérivé de la rumba congolaise devenu populaire dans les années 60, et l'afro-beat. K.O.G puise aussi dans les langues de chez lui, le Ghana, qu'il quitte en 2000 pour s'installer en Angleterre. Mais le lien avec ses racines, il ne l'a jamais rompu. Ainsi, le morceau Ayinye, signifiant « cadeau » en Igbo, une langue du Nigéria, mêle influence soukous, afrobeat et afro-fusion.
K.O.G s'est fait connaître d'abord à travers divers projets musicaux dans lesquels nous le retrouvons toujours aux commandes. Il y a par exemple Zongo Brigade, groupe d'afrobeat avec qui il sort un album en 2019, Wahala Wahala. Puis il y a Onipa, de Londres, qui propose une afro-disco dansante, avec qui il sort deux albums. Il y a encore The All Star Revolution, 8 musiciens mêlant reggae, ragga, funk, soul et afrobeat, et quelques collaborations avec des artistes anglais et ouest-africains, notamment avec le collectif Nubyan Twist de Londres pour If I Know.
En février 2022, K.O.G présente un premier album en solo : Zone 6, Agege, en référence au quartier dans lequel il a vécu enfant, au Ghana. Avec cet album il poursuit ce qu'il a entrepris à travers ses divers projets parallèles, et nous entraîne dans diverses influences ayant forgé sa musique : jazz, hiphop, soul, funk, reggae, afrobeat et sonorités traditionnelles ouest-africaines, que ce soit à travers les rythmes ou la langue qu'il emploi. Et voici l'Intro de l'album paru sur le label Pura Vida Sounds, filliale du label parisien Heavenly Sweetness.
Chapitre 2. The Zongo Brigade, un groove qui dénonce
The Zongo Brigade, c'est un mélange entre afrobeat, fusion et world music, avec une forte empreinte sonore ghanéenne. Basé à Sheffield dans le nord de l’Angleterre, le collectif rassemble 9 musiciens, sous la direction de K.O.G, et présente un groove joyeux et contagieux. Le groupe gagne rapidement la reconnaissance du public londonien, puis du Royaume Unis, et ensuite des scènes européennes. Ils se sont produit sur des scènes très prestigieuses comme le festival Glastonburry, Readings et Leeds, en passant par de nombreux clubs et salles de spectacles en Europe. The Zongo Brigade attire rapidement du public, avec une musique puissante et dynamique aux inspirations diverses entre afrobeat, soul, funk, highlife, rock, hip hop, soukous et reggae. Lors d'une interview pour le webmagazine World Music / Global Beats, ils nous expliquent leur musique : « Vous pouvez nous appeler Afrofusionnistes ! Pensez à la musique africaine et fusionnez-la avec tous les genres que vous connaissez dans le monde ». Le son du groupe vient principalement de KOG, qui est le seul a avoir des origines ouest-africaines. Il dit de cet album qu'il met en lumière la force de l'être humain, et la manière dont il surmonte les luttes en restant connecté à ses racines culturelles. « Wahala » signifie « problème » et « souffrance » en swahili, une langue bantoue originaire de Tanzanie, et annonce un contenu engagé et lié aux sonorités ouest-africaines. The Zongo Brigade, c'est une musique qui convoque la joie, mais c'est aussi une musique qui dénonce, comme dans ,Joy from the struggle, soit « la joie dans la lutte ». Puis Money, qui critique la place de l'argent dans nos vies.
Chapitre 3. De Londres au Ghana avec Onipa
L'artiste ghanéen K.O.G, désormais basé en Angleterre, développe de nombreux projets dans lesquels il explore ses racines et les grooves de Londres. Onipa signifie humain en akan, l'ancienne langue du peuple Ashanti du Ghana. Dans ce projet, nous retrouvons K.O.G aux côtés du guitariste Tom Excell et du batteur Finn Booth, tous deux du collectif londonien Nubyian Twist, ainsi que du claviériste Dwayne Kilvington de Wonky Machine. Onipa trace une route entre Londres et le Ghana, en mêlant les styles musicaux qui font fureur sur la scène londonienne, comme le jazz, le rap et l'afrobeat, avec des sonorités traditionnelles d'Afrique de l'ouest, d'où est originaire K.O.G. Avec leur premier album paru en 2020, We No Be Machine, ils proposent une musique façonnée par la rencontre des rythmes afro-disco, de l'électro occidentale, des sonorités traditionnelles africaines, et à l'imaginaire afro-futuriste. L'afro-futurisme, un courant apparu dans le second XXe siècle, dans lequel la culture afro-américiane dialogue avec des éléments de la science-fiction, de la technologie, de l'afrocentricme et du réalisme magique. Avec les 19 titres de l'album, nos oreilles voyagent sur le continent Africain au son de sanza électriques, de boites à rythmes shangaan, de rythmiques soukouss et de kora mandingues. Cet éclectisme musical est aussi enrichi par des collaborations venant d'horizons différents. Pour Free up, ils invitent les rappeurs Spoek Mathambo d'Afrique du Sud, Syntax de Londres et Morena Leraba du Lesotho. Pour Onipa, ils invitent la chanteuse d’afro-pop ghanéenne Wiyaala. Pour Gamashie Choice, ils invitent le maître des percussions ghanéen Afla Sackey. Pour Safari Ya Muziki, ils invitent les sœurs tanzaniennes Pendo et Leah Zawose. Et enfin pour Promised Land, ils invitent le griot Jally Kebba Susso. Onipa, c'est un voyage entre le groove de Londres et d'Afrique, comme on l'entend bien pour Nipa Bi, chanté en akan (parlé au Ghana et en Côte d'Ivoire).
Avec leur deuxième album paru en 2021, Tapes of Utopia, Onipa poursuit cette route où diverses empreintes sonores se rencontrent, avec moins d'invités toutefois, même si l'on retrouve la musicienne ghanéenne Wiyaala pour Play. Ce second album fusionne afrobeat, highlife, soukous, hip hop et électro, toujours dans un imaginaire afro-futuriste. Tapes of Utopia est une utopie, le rêve d'une époque où les humains seraient libérés d'une technologie nocive pour le peuple. Dans Chicken No Dey Fly par exemple, avec le musicien de hip hop et d'afro-fusion Franz Von, ils dénoncent la cupidité de ceux qui détiennent le pouvoir.
Chapitre 4. "Zone6, Agege" : un retour aux racines
Dans tous ses projets musicaux nous retrouvons les origines de KOG. Et pour son premier album solo, paru en février 2022 sur Pura Vida Sounds, filliale du label parisien Heavenly Sweetness, le musicien poursuit le chemin musical qu'il a suivit dans ses projets parallèles, avec The Zongo Brigade et Onipa par exemple. Nous retrouvons ses influences provenant du rock, du reggae, du jazz, du hip hop, de la soul et de la funk, ainsi que les sonorités de chez lui, en Afrique de l'ouest, comme l'afrobeat et le soukous, que l'on retrouve particulièrement dans les morceaux Mayedeen, Like A Tree et Shidaa. Mais ce projet, c'est plus qu'un pont entre sa terre natale, le Ghana, et sa terre d'accueil, l’Angleterre. C'est une reconnexion avec ses racines, c'est un retour dans son enfance ghanéenne. D'ailleurs le titre de l'album, Zone6, Agege, est une référence au quartier dans lequel il a vécu lorsqu'il était enfant. Cet album, c'est une introspection pour le musicien, et c'est aussi un périple spirituel, que l'on retrouve par exemple dans Heritage et Lord Knows.
Lord Knows est un morceau aux inspirations spirituelles et religieuses, dans dans lequel il mêle rap aux côtés de Franz Von, et gospel pour le refrain. Le clip tourné en grande partie dans une église, les chœurs et les paroles, montrent l'importance qu'accorde KOG à la spiritualité, et l'héritage religieux de son enfance ghanéenne. Pour annoncer cet album, KOG présente Shidaa, en décembre 2021 : une base d'afrobeat s'installe un saxophone mélodieux et une guitare soukous, ainsi qu'une voix qui glisse entre le chant et le rap. KOG présente Shidaa, lors d'une interview pour FIP, comme étant « une ode puissante à la féminité et aux femmes qui ont fait en sorte que nous ne nous égarons jamais en tant que jeunes hommes. ». Le morceau est accompagné d'un clip signé Kofi Badu, aux couleurs du Ghana, dans lequel les femmes sont à l'honneur. Et comme tous les titres qui font l'album, Shidaa célèbre l'Afrique, les origines du musiciens, et s'inspire de ses propres expériences.
Chapitre 5. Une nouvelle vague afrobeat
Une des caractéristiques musicales de Kweku Of Ghana est son groove marqué par les rytmiques afrobeat. Un petit rappel sur ce genre, né dans le Ghana des années 70 avec Fela Kuti et Tony Allen. L'afrobeat est issu d'un mélange de musique traditionnelle nigériane, de jazz, de highlife, de funk et de chant et de cuivres puissants. Depuis quelques années, la scène musicale européenne connaît un regain d’intérêt pour ce genre. Si la vibe afro a toujours existé et nourri les scènes occidentales, ces derniers temps, une vague d'afrobeat enflamme la planète. Ce style a rapidement conquis le monde, et l’Angleterre n'y a pas échappé. Car la scène anglaise actuelle bat au rythme de l'afrobeat, ce genre explosif venu d'Afrique de l'ouest.
KOG témoigne de cette scène musicale où l'afrobeat s’épanouit, accompagné de jazz, de rap et de soul. Et il est loin d'être le seul. La jeunesse anglaise s'empare de ce style : le rap, le reggae, la dancehall et le R&B est actualisé par ce nouvel ingrédient qu'est l'afrobeat. Si bien accaparé par la scène anglaise, que ce style musical des seventies renaît avec de nouveaux noms : UK Afrobeats, Afrowave, New Wave, Afro Fusion... On trouve donc beaucoup de groupes anglais aux fusions afrobeat, comme Ezra Collective, Nubiyan Twist, Kokoroko, Nubiya Garcia et tant d'autres. Et puis d'autre fois, l'influence afrobeat est plus lointaine, une empreinte discrète, comme chez Blue Lab Beats, les rappeurs Naira Marley, NSG et Omo Frenchie, ou encore dans la house de Elkka. L'afrobeat habite la scène européenne, elle est fusionnée, actualisée et parfois transformée. Si la scène anglaise, et particulièrement celle de Londres, connaît un engouement aussi fort autour de ce style, c'est aussi une question d'héritage culturel, comme KOG le raconte dans ses travaux musicaux. Durant le second XXe siècle, l’Angleterre connaît une période d’immigration de masse, et entre autre, de nigérians et de ghanéens. Une forte communauté ouest-africaine s'installe, et au fil des années sa culture se mêle à celle occidentale. C'est donc assez naturellement que la jeunesse anglaise actuelle s'anime autour de l'afrobeat. Et parmi eux nous retrouvons KOG qui porte ce genre dans chacun de ses morceaux, un rattachement à ses racines ghanéennes.
Une émission proposée par Mari le Diraison.