Si je vous dis frites, bières, bd, Les Diables Rouges, gaufres, ou encore Stromaë, Lara Fabian et Lous and The Yakuza vous me dîtes… Belgique ! Nos artistes européens de la semaine -au pluriel, car c’est un duo!- nous font traverser la frontière de la Wallonie jusqu’à la ville de Mons, la ville aux 95 000 habitants. Et parmi eux, le groupe La Jungle ! Formé en 2013 par le guitariste Matthieu Flass, alias Jim, et le batteur Rémi Vernant, alias Roxie, la créature à deux têtes propose une musique entre le rock, la techno et le kraut, des boucles qui se superposent et s’accélèrent comme un hydre de son en transe dans une gigantesque rave party. Paillettes, costumes et plumes, on sort nos plus belles tenues de festival : aujourd’hui, on écoute l’album éponyme du groupe, leur première sortie en 2015.
Chapitre 1 : La Jungle urbaine
Le titre “Zimbabwe" ! Vous avez compris le mojo de la Jungle ? Entre des descentes d’avion à 90° et des piques d’affolement, la musique de Jim et Roxie est une machine furieuse entre l’enivrement et la catharsis, une bonne recette pour tout expier sur le devant de la scène.
Scène qui est alors une première pour Roxie, n’ayant joué avant La Jungle que dans le garage de ses parents, mais pas pour Jim, qui avait déjà brûlé les planches au sein des groupes de rock/blues The Dancing Naked Ladies et Petula Clarck. Les performances de Roxie ne sont pas pour autant en reste : derrière la batterie, le média Core and Co voit en lui “l’incarnation de l’obsession et du jusqu’au boutisme”. Alors les deux copains ensemble, le cocktail est explosif !
L’énergie n’est pas que présente sur scène, mais aussi dans leur cadence de productions : albums, collaboration, et concerts, beaucoup de concerts (jusqu’à plus d’une centaine par an) la Jungle s’enflamme sans se brûler pour autant. Mise à part une peut-être hyper activité, leur secret derrière ce rythme, conserver leur autonomie, je cite “dépendre du moins de monde possible”. Car à deux, non seulement on va plus vite, mais aussi, plus loin !
Dans le titre Ape In a Python, “Singe dans un python”, la batterie est en furie et la guitare est agressive : le serpent royal glisse entre la trans et le hard rock !
Si les premiers titres de la Jungle ne sont quasi que des instrumentaux -les paroles viendront plus tard- cela ne les empêche pas de s’engager au travers de leur musique, par les titres ou leurs instruments, dénonçant souvent le déclin de la société, l’épuisement de la planète. Ils n’espèrent pas changer le monde avec leur sac à dos, mais cherchent plutôt à le vider ! Pour Roxie je cite : “En vrai, je ne suis pas sûr qu'écrire un disque qui traite de l'état du monde serve à grand-chose. Mais on le fait quand même. Sinon, je me demande ce qu'on pourrait bien raconter“
Le morceau “Trance Hystéria” est le titre de clôture de leur album : l’heure est à un dernier chaos déchaîné sur 8 minutes. De quoi se mettre en énergie pour la suite de notre journée !
Chapitre 2 : Retourneur de temps et ubiquité féodale
La Jungle n’est pas que le nom du duo de Matthieu Flass et Rémi Vernant que nous suivons cette semaine, c’est aussi leur paysage sonore : une jungle urbaine belge guitare-batterie type teuf underground entre des loops de hard/krautrock et techno acoustique ; un exutoire aux problèmes sociaux (précarité, inégalités, environnement) autant qu’une fête en bonne compagnie.
Hier, nous avons écouté leur premier album éponyme sorti en 2015, aujourd’hui, je vous propose que l’on fasse un bond dans le temps : rdv en 2019, à la sortie de leur troisième album Past//middle age//future ; ça tombe bien, eux aussi y traversent les époques : on attache sa ceinture !
Le titre “The Invisible Child” -le deuxième titre de l’album- réserve la surprise d’une voix chantante style mantra de bataille, mais que l’on devine plus pacifique que destructrice. Sur la pochette de l’album, La Jungle met en scène un duel de chevaliers moyenâgeux, seulement les écuyers ont troqué l’épée pour des polochons à plumes.
La référence au côté médiéval, et derrière à l’écart entre les serfs et les paysans est aussi un clin d’oeil à l’actualité des Gilets jaunes.
L’album est mis en boîte en 2019 par Hugo Alexandre Pernot, membre du studio Opus Grestain, et après les deux premiers projets du duo qui partaient dans toutes les directions, celui-ci semble avoir été réalisé comme un véritable album ordonné, à écouter dans l’ordre : il comprend une intro, et 6 titres séparées par 2 interludes. Mais méfiez-vous des apparences, les élèves de la Jungle ne rentrent pas dans le rang pour autant : les morceaux sont toujours à la fête et eux aussi : l’hydre musicale est montée sur scène pas moins de 102 fois cette année-là !
Le titre "Hey Ha Hey Ha" (qui ne triche pas sur les paroles) est un de ces morceaux qu’on imagine bien en concert, autour d’un Circle Pit ou d’un Wall Of Death ; deux danses de musique métal, le premier consistant à courir en cercle au centre de la fosse, le second à séparer le public en deux qui se jeter au signal l’un sur l’autre, style charge d’infanterie médiévale.
Un titre rapide et hypnotique, un peu la marque de fabrique de nos speedy Gonzales de la Belgique ! Lorsque le complexe bruxellois Le Botanique demande au batteur Rémi de décrire leur musique à un enfant de 5 ans, ça donne ça.
Le titre de clôture de l’album, “The Knight the Doom” n’a rien d’une douce conclusion : c’est plutôt l’heure d’expier nos contrariétés de la journée,
Que vous soyez chez vous, en voiture ou au travail, on danse sur nos problèmes et du même coup, on se prépare pour demain : on écoutera le groupe, cette fois en live !
Chapitre 3 : Jungle Bells, Jungle Bells, Jungle all the way
Cette semaine nous sommes dans La Jungle, non pas celle de notre cher ami Mowgli mais bien celle du duo de Matthieu Fass et Rémi Vernant à l’ouest de la Belgique ! Mais notre groupe n’est quand même pas trop loin de Bagheera la panthère ou du singe roi Louis : leur musique est une bizarrerie d’énergie, une superposition de boucles guitare-batterie de rock, krautrock, techno dans une course à la vitesse qui conquerrait même les amateurices de slow ! Une musique souvent qualifiée par les pairs comme de la musique live, pensée d’abord pour les concerts, car La Jungle, ça se vit avant tout ! La légende raconte que leurs concerts sont une douce folie qui semble tenir sous perfusion notre duo qui enchaîne les dates. Aujourd’hui, je vous propose qu’on s’invite dans la fosse : et quoi de mieux que l’écoute de l’album live Coucou Beuh !!! enregistré en 2020 lors de leur passage au Périscope à Lyon et au Festival de Dour ? On s’étire, One two one two, c’est parti !
Le titre “Technically You’re Dead”, “techniquement tu es mort”, un titre de 7 minutes enregistré à Lyon qui nous fait sentir très vivant.es.
Ces deux musiciens semblent être nés sur et pour les planches !
Le duo joue alors aussi souvent sur scène que dans la fosse en fonction des salles, ce qui leur vaut une relation tout à fait singulière avec son public. Lorsqu’un journaliste du site Shoot Me Again leur demande s’ils aimeraient avoir des contacts avec lui, Rémi alias Roxie répond “ Pour l'anecdote, des gars se sont mangés notre matériel lors de nos deux derniers concerts en date. Un copain est tombé sur ma batterie vendredi dernier et le lendemain, c'était au tour de quatre gars au premier rang de s'effondrer sur le clavier de Mathieu et de littéralement envoyer sa mixette dans le décor.”. Et parfois gros décor : le titre "Hahehiho" (qui ne ment pas sur les paroles) est enregistré au festival de Dour.
S’ils montent aussi souvent sur scène, c’est bien parce qu’ils veulent jouer quoiqu’il en coûte, peu importe l’endroit, je cite : « Les grosses salles ça vient comme ça vient, on est ouvert à tout, on ne calcule pas trop. Il y a des groupes qui, quand ils vont se développer, vont mettre des restrictions pour rentrer dans des cases, correspondre à des clichés, pour nous c’est un peu de la merde, tu te fermes des portes, tu fais moins de dates (…) Les grosses salles arrivent, les gros festivals, mais aussi les petits fest’ très familiaux, les squats ou encore les annivs, mariages, petits cafés-concerts, on s’en fout ! ».
Je vous propose que l’on se quitte aujourd’hui avec le titre "The Night the Doom", le même titre avec lequel nous avons terminé l’épisode d’hier, mais cette fois-ci enregistré en live à Dour ! Car le défi récurrent pour notre duo belge est de retraduire l’énergie des prestations scéniques au studio, alors rien de mieux que la comparaison pour vous faire un avis.
Chapitre 4 : Anatomie d'une chute
Cette semaine, nous sommes avec le duo belge La Jungle ! Un duo guitare-batterie de rock, techno, transe type rave party maison, qui superpose et accélère les boucles dans une catharsis générale. Derrière ce shooter plus vitaminé qu’un jus ACE, on retrouve le guitariste Matthieu Flass alias Jim, et le batteur Rémi Vernant alias Roxie.
Hier, nous nous sommes intéressés à leurs concerts, aujourd’hui je vous propose qu’on écoute l’album sorti en 2021, Fall Off The Apex, “Chute de l’apogée”, un titre donné en référence au confinement qui a mis en pause les concerts tant chéris par notre duo, bien que les titres aient été écrits en 2019 et enregistrés par la suite en Normandie. L’objectif ? Mettre la barre plus haut, et obtenir un son plus fort, plus gras, toujours plus percutant. 8 morceaux, 5 titres et 3 interludes, Parachute requis, on décolle.. Et on s’effondre.
Le titre d’ouverture de l’album “Aluminum River” prend 1 minute 40 pour faire monter la pression, comme une intro d’un morceau en live. Une rivière d'aluminium qui coule de source d’après Roxie je cite : “Souvent, ça ne marche pas et on fout tout à la poubelle. Mais parfois, ça marche quand même plutôt bien. Cette intro est de loin l’un des morceaux qu’on a composé le plus rapidement, au studio même, enregistré dans la foulée, et dont on est vraiment content. On l’a plié en 15 minutes. C’est un des titres de l’album qui suscite peut-être le plus d’imaginaire aussi. Les sonorités sont assez inhabituelles par rapport à nos disques précédents.”
La Jungle navigue donc dans de nouvelles eaux, et pas que dans les compositions de cet album ! Le duo capitalise sur le succès et la reconnaissance : il fête alors les un an de leur propre label Hyper Jungle recordings et les un an de leur prix du concours belge Octaves de la musique catégorie Pop/Rock. Le feu !
D’un feu à un autre, je vous propose le titre “Feu l’homme”, la batterie ne s’arrête plus, Roxie y laisse ses bras je cite : “c’est une des compositions les plus abouties à la batterie avec La Jungle. Il m’a fallu beaucoup de tournées avec ce groupe pour arriver à tenir un rythme comme ça sur un morceau entier. C’est ma piste préférée de l’album. La moins accessible aussi.”. De vouloir mettre la barre plus haut, à mettre la baguette de batterie plus haut, il n’y avait besoin que d’un seul titre avec La Jungle -et derrière, des heures de travail-.
Le titre "Marimba" est un titre de l’album un peu décalé que Jim voit comme “la petite pause sur le disque” et que le duo a composé spécialement pour cet album de la Jungle 2.0 : “C’est le premier morceau qu’on a vraiment composé en se disant qu’il ne serait pas joué en live. Il est plus lent, plus défoncé aussi. Avec une rythmique et une basse aux sonorités clichées, entre l’arabisant et le reggae. C’est tellement pas notre truc que la batterie était complètement à côté quand on a reçu [du studio] les premières versions”.
Si le morceau ne court pas comme les autres, il marche très bien ! De quoi redescendre en douceur.
Chapitre 5 : on me voit... On me voit plus
Aujourd’hui, nous terminons notre épopée jungulaire belge avec le batteur Rémi Vernant et le guitariste Matthieu Flass, alias le duo La Jungle ! Techno, trans, rock, les copains créent une piste de danse type rave vitesse dans laquelle ils semblent fusionner.
L’hydre musicale hyperactive fête en 2023 son 500ème concert (bravo les artistes) et la sortie de son dernier album -en date, car sûrement pas le dernier-, le projet Blurry Landscapes, “paysages flous”.
Le titre "Tomorrow" ouvre l’album : il est parfait pour se mettre en jambe et applaudir du même coup les percussions de Rémi alias Roxie.
Pour cet album, le duo a collaboré avec le Arts et marge musée de Bruxelles : l’idée était de proposer à dix artistes de nommer et d’illustrer un des titres de l’album. Parmi eux, le sculpteur/dessinateur orléanais André Robillard, l’artiste textile belge Samuel Trenquier ou encore l’artiste plasticien Hideki Oki à qui l’on doit la pochette, deux singes dessinés en ligne de feutres.
Dans cet album, on retrouve beaucoup plus de paroles comme dans le titre “The Marvelous Forest of Our Dreams” “la merveilleuse forêt de nos rêves”. Cet ajout ne s’inscrit pas dans une tentative de “traditionnaliser” leur musique, non, pour le duo, l’ajout de paroles est perçu comme l’ajout d’un nouvel instrument avec lequel s’amuser, je cite “comme une mélodie en plus”. Les paroles restent plus métaphoriques que littérales, et ça, le duo y tient : ils n’en ont jamais eu besoin pour faire passer leur message, souvent des constats bruts sur l’état du monde soutenues par leur immédiate expiation : et quoi d’autres que les riffs de La Jungle pour danser sur les cendres ?
Nous arrivons à la fin de notre semaine sur La Jungle, tristesses et désolations ! Comment allons nous faire pour taper du pied ??? Comment allons-nous faire sans leur piste de danse digne des plus belles teufs, sans la batterie de Rémi, sans la guitare de Matthieu ??
Ne cédons pas à la tristesse générale, cette semaine La Jungle ne nous a pas seulement appris à relativiser la physique face à la vitesse des percus de Rémi, non, La Jungle nous a aussi enseigné à nous unir face à l’état du monde, et que faire front, ça passe aussi par la piste de danse, à quoi rien ne peut résister. “Plus de rage, plus de carnage” comme chantaient les Pow Wow en 1992.
Je vous propose que l’on danse une dernière fois avec le titre “La Compagnie de la Chanson” , un titre de Krautrock comme on les aime. Bon week-end à vous, bon week-end à eux, et nous on se retrouve courbaturé.es lundi sur les pas d’une ou d’un nouvel artiste.
A très vite sur Euradio !
Une émission proposée par Hannah Tesson.