Artiste européen·ne de la semaine

Elizabete Balčus (RIGA) - Artiste européenne de la semaine

Zane Zelmene Elizabete Balčus (RIGA) - Artiste européenne de la semaine
Zane Zelmene

Cette semaine, nous nous intéressons à la musicienne lettonne Elizabete Balčus.  

  

Chapitre 1. Du classique à la pop

Cette semaine nos oreilles partent voyager dans Pays Baltes, plus exactement à Riga, capitale de la Lettonie. C'est là que l'auteure compositrice et interprète Elizabete Balčus réside, et qu'elle a appris la musique : la flûte traversière en jazz et en classique d'abord, puis le chant lyrique, qu'elle étudie à l'Acédémie Santa Cecilia, un illustre conservatoire à Rome. En 2011 elle présente son premier EP, Wooden Horse, entre folk et pop baroque, où l'on peut déjà remarquer son goût pour l'expérimentation qui sera très présent dans ses futurs projets. L'EP reçoit le prix de l'enregistrement musical letton de l'année dans la catégorie meilleur début, et la fait connaître à un plus large public, en l'emmenant sur les scènes des plus grands festivals de musique de Lettonie comme Positivus, Summer Sound et Laba Daba. Mais c'est surtout le single Dear Resident, paru en 2012, qui la fait connaître, qu'elle présente à la cérémonie des Recorded Music Awards de 2012 au Théâtre national de Lettonie.

  

  

En 2016, elle publie son album Conarium qui la mène sur le chemin du succès et sur les scènes d'Europe et d'Amérique du Nord. Il reçoit plusieurs récompenses, dont une nomination pour le meilleur album alternatif de l'année ainsi qu'une nomination au Mercury Prize letton. Et puis en 2022, elle présente son troisième album, Hotel Universe, un album novateur avec lequel elle pousse l'expérimentation de manière intense. 

Avec sa flûte jazz – classique et sa voix éthérée, ses rythmes électro et ses passages ambiant, l'artiste lettone nous transporte dans un monde où tout semble possible, où aucune frontière de style n'existe. Elle ne donne aucune limite à sa curiosité et à sa créativité, et puise dans chacune des musiques qui l'ont inspirée : le jazz et le classique qu'elle a étudié, la musique de flower-power des sixties et seventies qu'elle a écouté adolescente, et puis les musique contemporaine des compositeurs comme Igor Stravinsky, Steve Reich et Philip Glass. Elle butine aussi dans le free jazz de William Parker et le style unique de Björk, des artistes qu'elle adore. Bref, la musique d'Elizabete Balčus, c'est une fusion aventureuse de différents langages, un paysage sonore éclectique et transcendant, façonné à partir d'instruments de musique, mais aussi des sonorités d'objets courants. 

  

    

Chapitre 2. Conarium, la musique comme aventure

Néo-psychédélique, dream-pop, synth-pop, folktronica, ambiant... Difficile à définir le style musical d'Elizabete Balčus. C'est peut-être un peu de tout ça. En 2016, elle publie Conarium, son premier album. Une pop singulière qui puise à la fois dans la musique classique, le folklore et l'électro ultra-moderne. « Conarium est un must pour tous ceux qui aiment la pop étrange » raconte le magazine CMU, et le magazine Clash définit l'album comme de « l'électronique béate avec des mélodies célestes ». 

  

  

Dans l'univers musical d'Elizabete Balčus il y a n’y a pas de limite, aucune frontières et que des possibilités. Chaque morceau est une aventure. Le morceau Tourist par exemple s'ouvre sur une ambiance douce et rêveuse, avec des airs de flûte traversière qui semblent venir d'une pièce d'opéra, accompagnés de groove électro délicats. A peine avons-nous tendus l’oreille et nous voilà transportés ailleurs. S'invitent ensuite ce qui semble être une cithare, puis un piano, et quelques passages de la voix aérienne de la chanteuse. Et puis la légèreté du début prend de la texture et devient un monde en soi. 

   

  

Chapitre 3. Hotel Universe, au cœur des rêves

Elizabette Balčus puise ses idées dans ses rêves. Les deux albums qu'elle a publié, Conarium et Hotel Universe, se présentent alors comme deux bandes-sons de ses états oniriques. Pour le second par exemple, elle le façonne à partir d'un rêve qu'elle a fait, celui d'un « hôtel dans un lieu rétro-futuriste dans un univers parallèle » raconte l'artiste lettonne pour le webmagazine Louder Than War.

Pour Elizabete Balčus, cet album célèbre « le corps, sa place dans l’univers, ainsi que l’univers contenu dans ses murs de chair », raconte le communiqué de presse. Et voici ce qu'on peut lire dans les notes de pochette de son album Hotel Universe : « Le corps en tant que maison dans laquelle nous vivons, mais aussi en tant que micro-univers. Il est question de l’idée que nous sommes tou.te.s connecté.e.s et qu’en apprenant sur notre corps (qui n’est qu’une version réduite d’un plus grand système), nous pourrons peut-être comprendre les subtilités de l’univers infini. Tous nos atomes sont ultimement connectés avec le reste de la nature et, au sens plus large, l’univers, chacun avec sa propre histoire couvrant des milliards d’années. Il existe aussi une réelle possibilité que chacun.e de nous ait hérité d’au minimum un atome renfermant le récit de l’espace-temps. ». Cet album est une véritable réflexion pour Elizabete Balčus, de son rapport au corps et de ces connexions avec l’univers. Elle va même jusqu'à utiliser ses battements de cœur comme percussions, en employant un stéthoscope pour enregistrer son cœur. Hotel Universe est un récit sonore où chaque morceau nous emmène visiter une partie de l'univers, et penser notre rapport à lui. Voix, synthé, saxophone, baryton, sifflet, biorythmes, instruments électroniques... Encore une fois, l'artiste lettonne nous hypnotise avec sa fusion éclectique de sonorités et de genres. 

  

  

« La peau dans laquelle je vis me sépare de l'univers. ». Quelques vers de la chanson The Skin I Live In que nous venons d'écouter, de l'album Hotel Universe. Un album novateur, qu'on pourrait même qualifier d’avant-gardiste, autant dans son esthétique que dans son processus de création. Car Elizabete Balčus a une créativité sans fin, et fait de la musique avec tout ce qui l'entoure. 

  

Chapitre 4. De l'aliment à l'instrument

Dans les précédents chapitres, nous avons exploré l’univers musical d'Elizabete Balčus : une dream-pop expérimentale, qui nous transporte dans un univers psychédélique et futuriste, tout droit sorti de ses rêves. Et elle ne donne aucune limite à son expression artistique. Elle combine sa voix lyrique éthérée, sa flûte traversière allant de l'improvisation jazz aux airs classiques, ses claviers, ses machines et... des fruits et légumes. Vous avez bien lu ! Des fruits et légumes. Elle les utilise comme synthétiseur pour produire des sons et donc créer de la musique. Voici comment ça marche : chaque objet ou corps vivant conduit de l'électricité que l'on peut transformer en signal sonore via une connexion MIDI. Elizabete Balčus branche donc aux fruits et légumes des câbles reliés à son ordinateur, et une fois que son doigt entre en contact avec l'aliment, le toucher se transforme en notes. C'est par exemple ce qu'elle a fait lors d'une performance en octobre 2022 au Québec pour le Festival de Musique Émergente. Entourée de ses machines, elle passe du clavier à la flûte, et du chant aux touché de fruits et légume. Un poivron, une banane, un épis de maïs, une pomme, un choux... elle pianote sur eux, les transformant en de véritables instruments de musique. 

  

  

Les performances d'Elizabete Balčus attestent de son approche singulière et novatrice de la musique. Toute expression sonore est permise, et participe à un univers artistique plus global, où se rencontrent les langages. 

   

Chapitre 5. Aux frontières du réel

   

Durant les quatre derniers chapitres, nous avons exploré l'univers musical de Elizabete Balčus. Une musique expérimentale et singulière, qui nous transporte dans une atmosphère psychédélique et futuriste, et qu'elle accompagne de performances, de clips et de spectacles live tout aussi étranges. Car l'artiste lettonne travaille avec une forte esthétique visuelle qui s'inspire du surréalisme moderne et de la mode contemporaine. Elle se présente avec des costumes bricolés, des chapeaux fantasmagoriques, des coiffures et un maquillage qui la font ressembler à un être venu d'un autre monde. Elle fait de ses concerts de véritables spectacles où nos oreilles sont autant sollicités que nos yeux, avec des performances qui nous plongent dans une situation théâtrale aussi déroutante qu'envoûtante. Elle raconte pour le webmagazine gigwise en 2018 : « Mes spectacles ressemblent plus à des arts de la scène, ce n'est pas comme un groupe habituel qui joue de la musique. Je porte ma musique. C'est une manifestation visuelle de ma musique. ».

Elizabete Balčus aime accompagner ses morceaux de clips et très fantaisistes. Celui qui accompagne son morceau Hotel Universe, est un bon exemple de son univers visuel. Réalisé par l'artiste letton Zane Zeimene, il montre la musicienne lors d'un voyage à travers l’univers. Tout cela, dans une esthétique surréaliste d'effets kaléidoscopiques et de collages vidéos. 

  

  

Une émission proposée par Mari le Diraison.