Cette semaine, nous partons à la rencontre des suisses-allemands Panda Lux.
Chapitre 1. Une histoire d'amitié
Panda Lux, âgé aujourd'hui de plus de 15 ans, c'est au départ l'histoire de deux frères, Silvain et Samuel Kuntz qui sont vite rejoins par leur deux amis Moritz Widrig et Janos Mijnssen. Le groupe naît dans les années 2000 quand ils 12 ans, à l'école à Saint Gall une petite ville à l'est de la Suisse. Au début, ils sont très punk - rock et font surtout de l'instrumental. Petit à petit ils s'orientent vers la pop, et puis Silvain commence à chanter en allemand. Depuis plus de 15 ans donc ils jouent ensemble, en accordant tous leur point fort : les deux frères, le chanteur et le guitariste du groupe sont diplômés du conservatoire. Janos, le bassiste, a étudié la composition cinématographique et Moritz, le batteur, a une maîtrise en composition et théorie. Panda Lux c'est donc l'alchimie entre quatre artistes qui jonglent avec des univers musicaux très différents, allant de l'électro à la pop ou encpre le flamenco et la musique tropicale. Janos, le bassiste raconte dans une interview pour RTS : « Nous éprouvons le besoin de toujours nous renouveler, de chercher de nouvelles influences. Comme nous travaillons tous dans le domaine musical, nous sommes constamment bombardés d’idées. Silvan a étudié la guitare classique, Samuel la guitare jazz, Moritz et moi la composition pour le cinéma et le théâtre. Ce sont des mondes très différents qui se rencontrent. ». Panda Lux c'est une musique très riche et éclectique, qui mêle la pop mélodique à la démarche expérimentale. Et pou avoir une idée, écoutez Staub de Panda Lux, paru sur leur album Fun Fun Fun en 2020. Une douce chanson qui témoigne du talent des quatre amis, un accord parfait entre une rythmique pétillante, une jolie mélodie alliée à une instru subtile.
Chapitre 2. Une bouffée d'air frais à la scène germanphone
Panda Lux apporte à la scène indé germanophone une bouffée d'air frais avec sa pop chantée en allemand. Le groupe est originaire de Rorschach, une commune de la suisse – allemande dans le canton de Saint Gall, où la quasi-totalité de la population est germanophone. Les habitants pratiquent aussi un dialecte local dans la vie de tous les jours, le St.-Galler-Deutsch. Mais c'est en allemand que Silvain chante. Il explique lors d'une interview pour RTS : « Cela s’est fait très naturellement. Dès l’âge de 13 ans, j’ai commencé à écrire des textes et à chanter en allemand, parce que c’est la langue qui m’était la plus proche. Mes deux parents viennent d’Allemagne et j’ai grandi en parlant allemand. J’ai appris le dialecte au jardin d’enfants, mais l’allemand a toujours été le véhicule le plus naturel. Il faut dire qu'il n’est pas simple de chanter en Saint-Gallois, il y a quelques groupes qui le font bien, mais ce dialecte a une mauvaise réputation parce que les sonorités sont très nasales. ». Panda Lux nous montre que cette langue se prête totalement à leur poésie mélancoliques, et parfois un peu cynique. « Le bonheur n'est que du poison / Ne t’empoisonne pas / Il n'y a pas de retour possible... » chante Silvain dans Fahrschein ins Glück, qui raconte le piège de la recherche du bonheur avec les médicaments ou les drogues.
Chapitre 3. Un premier pas au son d'un pop-rock lumineux
Panda Lux naît dans les années 2000, dans la cour de récréation de l'école, et à la sortie de leur premier album cela fait déjà plus de 10 ans qu'ils jouent de la musique ensemble. Versailles, le nom de l'album, paraît en 2017, et ça fonctionne tout de suite. Panda Lux réussi a séduire son public avec son pop-rock lumineux, aux mélodies pétillantes et aux rythmes entraînants. L'album est nommé au Swiss Music Awards et constitue une forte communauté de fans dans le pays. Quand on l'écoute, ce qu'on ressent c'est une soif de tester sans se fixer de barrière, et de partager leur créativité. On est à la fois dans une esthétique plutôt classique, avec la chanson Hong Kong par exemple, qui introduit l'album sur du pop-rock moderne :
Nous trouvons également des chansons plus curieuses, plus singulières. Comme Jung 2, par exemple, qui reprend la base de la chanson précédente Jung 1, mais qui la transforme, et qui nous emmène dans une autre direction, celle d'un post-rock élégiaque à caractère shoegaze.
Ce concept de reprise va devenir plutôt commun chez Panda Lux, jusqu'à devenir un peu leur marque de fabrique. D'ailleurs ils reprennent cette technique en fin d'album, avec la reprise des deux premiers titres,Hong Kong en version orgue, et Oben en version live avec piano et corde :
Chapitre 4. Une introspection sur les airs d'une pop mélancolique
Après un premier album à succès publié en 2017, Panda Lux continue sur cette voix avec Fun Fun Fun paru en 2020. Alors que le premier album était plutôt dans un pop-rock lumineux, le second tend vers la pop expérimentale sur des mélodies mélancoliques. Depuis presque 15 ans les quatre amis jouent et explorent la musique ensemble. C'est un groupe qui a grandit avec son art, et inversement. Et pas uniquement musicalement, mais aussi dans le contenu et les paroles. Le groupe raconte lors d'une interview à RTS : « Sur cet album, le regard est clairement introspectif. Nous sommes dans un retour à la réalité, dans le constat que chaque sentiment a déjà été vécu. Lorsqu'on arrive au milieu de la vingtaine, on a déjà ressenti un large panel d’émotions et de sentiments, et l’on se demande si les choses vont s’améliorer dans les quarante ou soixante années à venir ». Le batteur Moritz et le bassiste Janos précisent : « Beaucoup de choses nous sont arrivées entre-temps. ». En effet, ce deuxième album marque un évolution pour Panda Lux, en présentant des compositions plus complexes et une palette de sonorités plus grandes. Une vibe flamenco s'invite dans Staub, et une ambiance orientale sur Beuteltier avec le son de la flûte arabe. Picasso et Arschloch puisent dans l'électro, et puis Panda Lux revient sur un concept artistique qu'ils avaient déjà exploré dans leur album précédent, et qui est un peu devenu leur marque de fabrique. C'est l'idée de se développer autour d'un morceau, en le revisitant et en le proposant dans plusieurs versions différentes. Ici, ils le font avec le triptyque Sakamoto, Sakautro et Sakafunko, qui nous emmène dans une atmosphère cinématographique, parce qu'inspirés et dédiés à Ryuichi Sakamoto, le réputé compositeur de musique films.
Avec ce deuxième album, Fun Fun Fun, Panda Lux montre qu'ils ont évolués. Artistiquement bien sûr, et humainement. C'est par exemple ce que raconte la chanson ¼ Lifequi décrit les ressentiments de la génération à la mi-vingtaine. A cette période pour le groupe à ce moment tout devient soudainement sérieux, « on ne grandit plus mais on vieillit » comme ils racontent.
Panda Lux présente cet album comme une « introspection », selon leurs dires. C'est ce qu'illustre bien la chanson Optimist, une chanson d'amour avec soi-même, qui raconte le rapport ambivalent à soi, et le fait de ne pas s'entendre avec sa moitié sombre.
Chapitre 5. Un bouquet de fleur
Avec ses deux précédents albums Panda Pux a montré qu'il aime explorer et expérimenter. Et c'est aussi le cas avec leur troisième album qu'ils présentent en 2022, un album concept qui reprend une idée qu'ils avaient déjà exploré plusieurs fois : celle d’évoluer autour d'un morceau. Et ils consacrent tout l'album à ça, en présentant une seule chanson, mais dans neuf versions différentes. 9 chansons, 9 fleurs, d'où le nom de l'album Blumen I-IX. Le groupe explique, lors d'une interview pour Sunrize Sarzone : « L'idée est née de plusieurs raisons : Pendant la période d'inactivité de Corona, où l'idée est née, il était tout à fait approprié d'écrire un album avec une seule chanson. Une deuxième raison est le background musical de Panda Lux : tous les quatre apportent de nombreuses influences musicales différentes et passionnantes, qu'il est parfois difficile d'intégrer de manière cohérente dans un album. Cette contrainte des différentes versions de la même chanson nous a pour ainsi dire permis d'ouvrir musicalement de nombreuses portes vers des espaces complètement différents, tout en restant dans le même bâtiment. ». Blumen, la chanson qui sert de base, est une pop mélancolique typique à la Panda Lux : une critique de la société contemporaine, d'une génération hédoniste qui continue à détruire un monde qui se meurt : « Nous versons de l'huile sur le feu /Comment pouvons-nous aller encore plus vite, encore plus vite / Détruire / Plus, seulement plus ».
Blumen, c'est une chanson marquée par le désespoir de toute une génération : « Oui, ma croyance en l'infini est aussi petite que ma virilité / Nous versons plus de carburant sur le feu / Si on continue comme ça, la tombe ne fera que s'élargir / On agit comme hier, la vie comme dans un western / Rien ne nous sauve de nous-mêmes si nous détruisons notre monde / Sommes-nous les derniers à chevaucher vers le soleil ? ». Ces quelques vers sont donc chantés dans 9 versions différentes. La troisième fleur – 3e version de la chanson – par exemple, est une version chorale, la 8e fleur est un instrumental et la 9e un live avec un orchestre corde.
Une émission proposée par Mari le Diraison.