Tous les mercredis, retrouvez Tarinda Bak sur euradio pour sa chronique intitulée "L'européenne de demain", dans laquelle il sera question des combats menés par les femmes en Europe et partout dans le monde.
Que nous offre l’Union européenne cette semaine ?
Le 8 mars. Alors, cette journée est consacrée à la lutte pour les droits des femmes, et non pour les femmes malgré ce que beaucoup de personnes pensent. Durant cette journée d’action, de sensibilisation et de mobilisations, nous célébrons les diverses avancées des droits des femmes. Ainsi, le 8 mars, nous réfléchissons, échangeons, et nous nous mobilisons afin d’impacter et de tendre vers davantage d’égalité entre les femmes et les hommes.
La journée du 8 mars sert donc à faire le point sur ce qui a été fait, et ce qui reste à faire sur la question de la place des femmes dans la société, c’est bien ça ?
Exactement, mais c’est aussi l'occasion de mettre en exergue toute la participation des femmes dans le domaine social, politique et économique.
À quand remonte cette journée du 8 mars ?
Alors, les origines de cette journée proviennent des luttes ouvrières et des manifestations au XXe siècle en Amérique du Nord, et en Europe. C’est en 1909, que les États-Unis, grâce aux femmes socialistes américaines, décident que la «journée nationale des femmes » sera fêtée chaque dernier dimanche du mois de février.
C’est ainsi que les Nations unies l’ont officialisé le 8 mars en 1977 ?
Oui, mais d’autres événements sont apparus d’ici là, comme la deuxième conférence internationale des femmes socialistes, en 1910 à Copenhague. C’est lors de cette occasion que Clara Zetkin, journaliste et militante allemande, appelle les "femmes socialistes de tous les pays" à organiser chaque année une Journée internationale des femmes. Elle sera donc célébrée le 19 mars 1911 en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse.
Le 19 mars donc, mais comment est-on venu au 8 mars ?
Alors, c’est en Russie, où la journée des ouvrières sera célébrée lors de la deuxième fois, le 8 mars 1914. D’ailleurs, même après la Seconde Guerre mondiale, le 8 mars est célébré dans de multiples pays avant d’être officialisé par les Nations unies.
Depuis quand la France célèbre-t-elle le 8 mars ?
Le 8 mars 1982. Depuis 1982, grâce notamment à Yvette Roudy, qui était à l’époque ministre déléguée aux droits des femmes, la France reconnaît le 8 mars comme la Journée internationale des droits des femmes. Cette journée fut marquée par le discours du président de la République François Mitterrand, puisqu’il avait reçu 450 femmes issues de différents milieux socio-professionnels et associations.
Mais cette journée du 8 mars 2023, n’est-elle pas différente des autres journées consacrées à la lutte pour les droits des femmes ?
Tout à fait, puisque de nombreuses associations appellent à une grève féministe aujourd’hui, et ce, partout en France. Et la raison est toute simple : soutenir toutes les femmes du monde, les Iraniennes, les Ukrainiennes, les Syriennes, et nous les femmes européennes. Mais aussi les femmes qui ont un emploi à temps partiel, les femmes qui sont toujours payées 26 % de moins que les hommes. Et soutenir toutes les mères au foyer, et celles qui conjuguent les deux, sans oublier les futures femmes retraitées.
Mais l’appel à grève n’est pas prévu à 15 h 40 ? D’ailleurs pour quelles raisons ?
Effectivement, l’appel à la grève se fait majoritairement à 15 h 40, et ce, pour de multiples raisons. Tout d’abord, 15 h 40, c’est l’heure où les femmes cessent d‘ être payées chaque jour sur la base d’une journée standard 9 h /17 h. Et oui, je parle bel et bien de l’écart salarial entre les deux sexes. Tout en ayant à l’esprit le temps partiel qui concerne 30 % des femmes, de la part variable de la rémunération, ou encore de la discrimination.
Comment peut-on rejoindre le mouvement et faire grève ?
Alors vous pouvez faire grève, ou en parler autour de vous afin que d’autres personnes rejoignent ce mouvement. Vous pouvez également signer l’appel à la grève, collecter des signatures et faire circuler la pétition. Ou encore demander à votre syndicat ou à votre comité d’entreprise de soutenir et/ou d’adopter une résolution d’appui.
Et pour ceux qui ne souhaitent pas quitter le travail, mais qui sont solidaires, comment faire ?
Alors selon « grève féministe », pour soutenir cette grève, et afficher votre solidarité, vous pouvez soit coller des affiches informatives, porter un brassard, faire une longue pause en signe de solidarité, rassembler des collègues féministes pour faire le point, ou alors vous exprimez sur les réseaux sociaux pour afficher votre soutien.
Un mot pour la fin ?
Si aucune des actions précitées ne vous convient, alors portez du violet, symbole international du féminisme, suite à la mobilisation des suffragettes britanniques. N’oubliez pas : le violet.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.