Tous les mercredis, retrouvez Tarinda Bak sur euradio pour sa chronique intitulée "L'européenne de demain", dans laquelle il sera question des combats menés par les femmes en Europe et partout dans le monde.
Alors que nous offre l’Union européenne cette semaine ?
Et bien, puisque nous avons discuté la semaine dernière de la clause de l’Européenne la plus favorisée, rassemblant en son sein 5 domaines : le choix de donner la vie, la famille, les violences faites aux femmes, les droits des femmes et le travail, ainsi que la représentation politique, nous pourrions alors nous intéresser au droit du travail, et plus particulièrement, au congé maternité.
Pourquoi ? La durée de ce congé varie-t-elle d’un pays européen à un autre ?
Effectivement. Les législations nationales sont bel et bien différentes dans ce domaine. En Allemagne par exemple, « ladite Mutterschutz », ou « protection de la mère », peut durer jusqu’à 14 semaines. Ces dernières sont prédécoupées en deux parties : le congé postnatal et le congé prénatal. Ce dernier est autorisé jusqu’à 6 semaines, et l’autre est d’une durée de 8 semaines.
Le congé prénatal est-il une obligation ?
Aucunement. Les femmes qui ressentent le besoin et le désir de travailler peuvent le faire et possèdent également la possibilité de revenir sur cette décision, ou encore de jouir de ce droit. Toutefois, durant le congé postnatal, l’interdiction de travailler, elle, est absolue, et n’autorise nullement un quelconque report du congé prénatal sur le congé postnatal.
Quant au salaire ?
Il représente effectivement un point indispensable à traiter lorsque l’on parle du congé maternité. Alors, les femmes qui travaillaient avant leurs grossesses, et qui étaient affiliées à une caisse publique d’assurance maladie, reçoivent une indemnité journalière de 13 euros. Toutefois, une protection économique est présente lorsque le salaire journalier est supérieur à cette somme. Dans ce cas, l’employeur·euse doit verser la différence afin de garantir le salaire perçu avant le congé maternité.
Chez nos voisin·es espagnol·es, la durée et le salaire diffèrent de celui de l’Allemagne.
C’est-à-dire ?
Les mères espagnoles possèdent le droit à un congé maternité d’une durée de 16 semaines ininterrompue. Aucune restriction législative n’est prévue, afin qu’elles puissent avoir la pleine liberté d’organiser leurs congés comme elles le désirent. La seule et unique restriction est l’obligation de réserver minimum 6 semaines sur les 16 à leurs congés postnataux. Quant à leurs salaires, 100 % de ce dernier leur est reversé.
Tarinda, peut -on ériger un pays comme modèle concernant le congé maternité ?
J’irais même jusqu’à dire deux : la Bulgarie et la Pologne. En effet, la Bulgarie est l’État membre de l’Union européenne qui possède le plus long congé maternité : 410 jours. Cette durée exceptionnelle pour un congé maternité est régulée avec l’obligation de prendre 45 jours pour le congé prénatal. Le salaire est quant à lui garanti à hauteur de 90 %, à condition de justifier d’un an minimum de cotisations sociales avant la naissance de l’enfant.
La durée particulièrement longue de ce congé n'entraîne-t-il pas des inconvénients pour les femmes ?
Malheureusement oui. On peut tout à fait imaginer qu’un·e employeur·euse, craignant que ses employées tombent enceinte, leur réserve un salaire limité afin d’éviter trop de dépenses une fois qu’elles seraient en congé. Il est aussi aisé d’imaginer que les évolutions de carrière risquent d’être largement interrompues et remises en cause.
Vous avez parlé de la législation de la Pologne tout à l’heure, devrait-elle compléter la législation de la Bulgarie afin d’offrir plus de sécurité aux Européennes ?
Parfaitement. Cette dernière offre depuis, la loi de 2008, un congé maternité de 20 semaines, avec un salaire versé à hauteur de 100 %. Il peut également s’accompagner d’un congé de 14 semaines prénatal, si désiré, correspondant ainsi à la totalité d’un congé maternité dans d’autres États. Enfin, la législation polonaise prévoit un congé parental supplémentaire depuis 2010. Celui-ci doit être effectué immédiatement après le congé maternité, et peut être utilisé de manière fractionné. Il permet par ailleurs une liberté qui n’est pas négligeable pour la mère puisque ce congé parental peut être utilisé comme une réduction de temps de travail, au moins de moitié, si la jeune mère souhaite reprendre ses activités professionnelles.
Un mot pour la fin ?
Élever les congés maternité au sein de l’Union européenne serait une véritable aide pour les femmes. Toutefois, il convient de relever que cela ne remplace pas la nécessité d’un congé paternité, de son augmentation, qu’il s’agisse de sa durée ou encore du nombre de pères qui l’a pratique. Mais nous en discuterons avec grand plaisir la semaine prochaine.
Entretien réalisé par Cécile Dauguet.