La semainière de Quentin Dickinson

La Comission européenne contre la corruption

La Comission européenne contre la corruption

Alors, avez-vous passé une bonne semaine ?

Absolument, jugez-en : la semaine aura d’abord été marquée par une vaste initiative de la Commission européenne contre la corruption, tant dans les pays de l’UE que dans les pays extérieurs avec lesquels les Européens ont des liens économiques et financiers, voire des projets humanitaires ou d’aide au développement. La corruption est identifiée par plus de six citoyens de l’UE sur dix comme un mal à combattre de façon prioritaire et à tous les niveaux – même si la perception varie considérablement d’un pays l’autre : près de 80 % des Irlandais tiennent la corruption pour totalement inacceptable, alors que seuls 30 % des Tchèques partagent cet avis. J’avoue avoir du mal à comprendre ce sondage : est-ce que l’Irlande serait gangrénée par la corruption et la République tchèque en serait particulièrement épargnée, ou est-ce précisément l’inverse ?

Toujours est-il que l’acuité du problème a reçu, lundi à SOFIA, une confirmation imprévue, avec l’attentat à la bombe – heureusement manqué – contre la voiture du Procureur général de Bulgarie.

La guerre en Ukraine pousse les Européens à tenter de corriger, semble-t-il, leur industrie de la défense.

Mercredi, le Commissaire européen chargé du Marché intérieur (et d’une foule d’autres dossiers), l’hyperactif Français Thierry BRETON, a dévoilé un plan aussi ambitieux qu’inédit de développement d’urgence de la production européenne de munitions destinées à l’Ukraine.

Derrière le demi-milliard d’Euros consacrés à cet objectif, vous y faisiez allusion, se cache évidemment la volonté de redévelopper l’industrie européenne de défense, aux capacités en repli continu depuis la fin de la menace soviétique, et, de surcroît, affaiblie par la vive concurrence que se livrent entre eux les industriels européens du secteur.

Et vous avez noté une autre évolution réglementaire qui intéressera à parts égales les consommateurs et les producteurs...

Parmi les règlements techniques que l’UE s’impose (et impose au reste du monde comme condition d’accès à son marché de 450 millions de consommateurs) il y a les célèbres (et utiles) indications d’origine géographique protégées. Sachez donc que la liste comprendra désormais davantage que simplement des produits alimentaires – on y trouvera les couteaux LAGUIOLE, le marbre de CARRARE, ou la porcelaine de DRESDE, ou encore la cristallerie de MURANO. Le Monoï de TAHITI figure aussi parmi les candidats, où je note dans un genre plus rustique la présence des pendules Coucou de la Forêt-Noire – les Suisses voisins apprécieront sans doute modérément cette concurrence allemande.

Mais il n’y a pas que du positif dans votre semaine européenne.

C’est une statistique en effet préoccupante qui vient d’être rendue publique : dans l’Union européenne, seule la moitié des personnes handicapées en âge de travailler ont trouvé un emploi rémunéré – généralement d’ailleurs moins payé que leurs collègues à niveau de compétence égal, alors que vivre le handicap a un coût que les valides n’ont pas.

Les pays où leur situation est la plus critique sont l’Irlande et la Grèce.

Pouvons-nous terminer sur une note peut-être plus réjouissante ?

Oui : passée presque inaperçue pour cause de jour férié, c’est le 1er mai qu’est entré en vigueur en Belgique l’arrêté royal étendant aux jeunes de seize et dix-sept ans le droit de vote aux élections européennes, dès l’année prochaine. Pour tenter de restreindre le vote fantaisiste ou immature, il leur faudra cependant s’inscrire spécifiquement, contrairement aux plus de dix-huit ans – pour qui, d’ailleurs, le vote reste obligatoire. A ce jour, seules l’Allemagne, l’Autriche, et Malte ont adopté semblable disposition. Bienvenue donc à tous ces primo-votants, comme on dit ici.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.