La semainière de Quentin Dickinson

La semainière de Quentin Dickinson

Photo de RDNE Stock project: https://www.pexels.com/fr-fr/photo/personne-tenant-un-paquet-de-plastique-blanc-et-bleu-5699385/ La semainière de Quentin Dickinson
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Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.

Alors, avez-vous passé une bonne semaine, QD ?...

En effet, grâce à quelques bonnes nouvelles et quelques surprises.

Mais commençons par du pratique. Comme la plupart des usagers – et, en particulier, les personnes âgées, épouvantées par la complexité de la sphère numérique – on peut regretter la disparition programmée des distributeurs de billets de banque. Voilà qui mérite un coup de chapeau à l’entreprise belge BATOPIN, championne du distributeur, qui s’engage, d’ici la fin de l’année prochaine, à garantir au moins un point-argent dans chaque commune sur l’ensemble du Royaume, avec, en prime, un site pour indiquer les distributeurs les plus proches, où que l’on se trouve. De façon évocatrice, ce site s’intitule <cash.be>. Un exemple à suivre ailleurs en Europe.

Une autre nouvelle économique a retenu votre attention, je crois…

Toujours dans le domaine financier, en effet, on saluera aussi la décision du Conseil des ministres de l’UE d’assurer désormais le transfert numérique gratuit de fonds en moins de dix secondes entre banques de l’Espace économique européen, l’EEE, qui regroupe les vingt-sept pays de l’Union européenne ainsi que la Norvège, l’Islande, et le Liechtenstein.

L’idée, ici aussi, c’est de consolider l’autonomie interne de ce groupe de pays et de réduire sa dépendance, fût-elle partielle, vis-à-vis d’institutions financières extérieures, par exemple (mais pas exclusivement) à NEW YORK, LONDRES, ou ZURICH.

Mais l’actualité que vous nous avez dénichée intéresse aussi les polices du continent européen…

A première vue, cela peut paraître technique, mais c’est tout le contraire : les ministres européens de l’Intérieur viennent d’œuvrer pour améliorer considérablement la coopération entre organismes de police de l’UE. Cette coopération s’exerce déjà depuis longtemps en matière d’empreintes digitales et d’ADN ainsi que pour ce qui est des immatriculations de véhicules. La mise en commun des fichiers s’étendra désormais aux photos de face et aux archives policières. Ces dispositions, réunies, permettront en particulier à EUROPOL, l’instance de coordination policière de l’UE à La HAYE, d’accélérer la recherche de personnes disparues et d’identifier des restes humains, tout en vérifiant les renseignements provenant de pays extérieurs à l’UE.

Vous avez retenu cette semaine deux déclarations, aussi officielles que surprenantes…

Au rayon des électrons libres, aveuglés par un exercice du pouvoir excessivement long, il n’y a pas que Vladimir POUTINE et Viktor ORBÁN. Il y a aussi Recep Tayyip ERDOĞAN et Aleksandar VUČIĆ.

Le premier, qui dirige depuis vingt-et-un ans la Turquie, vient de se déclarer « totalement solidaire et en soutien » au HAMAS, pourtant classé organisation terroriste par la plupart des pays-membres de l’OTAN, dont son pays fait partie.

Quant au second, qui exerce le pouvoir en Serbie depuis vingt ans cette année, il vient de dénoncer les « intolérables pressions » que l’Occident ferait peser sur son pays, tout en renouvelant son soutien à POUTINE ainsi qu’aux séparatistes serbes chez ses voisins, également ex-yougoslaves, en Bosnie-et-Herzégovine, tout en rappelant ses prétentions à annexer le Kossovo. C’est assez original de la part du chef d’État d’un pays-candidat à l’Union européenne.

Enfin, vous nous révélez une histoire ou l’on s’aperçoit qu’un lobbyiste peut avoir plus d’un client…

En effet, car l’on n’a pas fini, cette semaine, d’évoquer la si sulfureuse Serbie. On vient d’apprendre qu’un visiteur assidu au Parlement européen et auprès d’autres institutions de l’UE, depuis de longues années, ne faisait pas que chercher à convaincre députés et hauts-fonctionnaires de l’intérêt et du bien-fondé des rapports qu’il leur présentait. Novica ANTIĆ, c’est le nom de ce lobbyiste bien particulier, est le patron du syndicat des personnels militaires de Serbie, ce qui lui permettait d’apparaître, en fonction de ses interlocuteurs, tantôt syndicaliste, tantôt spécialiste des questions de défense.

Or, nous savons depuis peu que M. ANTIĆ est un agent conscient et très apprécié de ses véritables commanditaires au FSB, le tentaculaire service de renseignement du Kremlin. Accessoirement, l’intéressé a été décoré cinq fois de différentes distinctions honorifiques militaires et civiles russes.

On ne sait pas s’il entretenait de bons rapports professionnels avec Mme Tatjana ŽDANOKA, député lettone au Parlement européen, dont on s’aperçoit ces jours-ci qu’elle aussi est un agent d’influence du 5e Directorat du FSB, et ce, au moins depuis dix-huit ans. Elle s’est beaucoup démenée à noyer le poisson lors d’un récent débat sur les ingérences russes dans les processus démocratiques de l’Union européenne. Au moins maintenant, on sait pourquoi.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.