Retrouvez chaque semaine la semainière de Quentin Dickinson sur euradio. L'occasion de découvrir la diplomatie et l'actualité européenne sous un nouvel angle.
Alors, QD, avez-vous passé une bonne semaine ?...
Elle aura assez tristement commencé, avec l’annonce de la mort de John BRUTON, ancien Premier ministre centriste de la République d’Irlande. Peu connu aujourd’hui hors de son pays d’origine, cet homme modéré en toute chose fut pourtant un infatigable artisan de l’arrêt de la guerre civile en Irlande du Nord et, à ce titre notamment, un vrai bâtisseur d’Europe.
Dès 1995, sa bonne entente avec son homologue britannique, le conservateur Sir John MAJOR, permettait la signature de l’Accord-cadre anglo-irlandais, prélude aux Accords dits du Vendredi-Saint qui, cinq ans après, mettaient fin aux affrontements armés entre communautés en Ulster, qui – rappelons-le – auront coûté la vie à 3.568 personnes en un peu plus de trente ans.
Par ailleurs, John BRUTON avait obtenu par référendum la légalisation du divorce ; ensuite, retiré de la vie politique, il s’était révélé un remarquable Ambassadeur de l’Union européenne à WASHINGTON. Il disparaît à 76 ans, à la suite d’une longue maladie.
L’actualité européenne était aussi électorale, cette semaine
Avec le second tour de la présidentielle en Finlande, qui a vu dimanche dernier la victoire attendue du candidat de centre-droit Alexander STUBB – certes attendue, cette victoire, mais par un écart beaucoup plus serré que prévu par les sondages : 51,6 %, contre 48,4 pour son concurrent, l’écologiste Pekka HAAVISTO, comme M. STUBB ancien chef de gouvernement et qui se présentait à la magistrature suprême pour la troisième fois.
Les deux finalistes s’opposaient notamment sur le choix d’autoriser ou non le stockage d’armes nucléaires américaines sur le sol finlandais pour contrer la menace russe, mais, curieusement, M. HAAVISTO doit sans doute davantage son échec à son homosexualité (il est en couple depuis vingt ans avec un immigré équatorien, coiffeur-esthéticien de son état). Son orientation personnelle était pourtant connue de tous ; qu’elle constitue désormais un obstacle pour une partie de l’électorat est assez clairement la confirmation d’un glissement vers une conception plus droitière de la société, dans ce pays traditionnellement ouvert et tolérant.
Vous avez, je crois, à corriger ce que vous nous annonciez il y a quelques semaines…
En effet, je me suis enthousiasmé un peu prématurément à l’annonce d’une réglementation européenne nouvelle, destinée à freiner la mise au rebut d’appareils qui pourraient encore être remis en service après réparation. Ceci vise principalement l’électroménager et l’informatique, dont nous produisons dans l’UE près de 15.000 tonnes de déchets non-triés chaque année. L’idée, c’est de décourager la mise sur le marché d’appareils destinés à ne pas tenir la durée, à encourager les unités spécialisées dans la réparation, et à recycler par matière ce qui ne peut vraiment plus servir.
Jusque-là, rien à y redire. Mais voilà, dans la hâte de publier ces dispositions, de nombreux articles de la vie courante en sont au moins provisoirement exclus, comme les casques acoustiques, les grille-pain, ou les fours à micro-ondes.
Par la suite, ces appareils seront également couverts, tout comme le mobilier et les textiles – mais cela exigera des années supplémentaires de négociations ardues avec les fabricants et avec les professionnels de la remise en état, sous l’œil exigeant des associations de consommateurs.
Pour l’heure, le droit européen à la réparation reste donc malheureusement incomplet.
Une brève, pour conclure ?...
Les félicitations de la semaine vont à la famille GEUKING. Le père, Helmut, vient de démissionner de son fauteuil de député au Parlement européen et de céder la place à son suivant de liste, qui se trouve être son fils, Niels. C’est que Helmut veut avoir les mains libres pour faire campagne ces jours-ci et se retrouver à nouveau eurodéputé. On ne sait pas si Niels sera, cette fois-ci encore, son suivant de liste, mais avouez que ce serait logique : il est le secrétaire général du micro-parti allemand de droite dont son père est le président. Ledit parti, qui compte 679 adhérents quand même, et dont l’unique élu siège au sein du groupe parlementaire le plus important, le PPE, doit sa bonne fortune électorale au système Outre-Rhin de la représentation proportionnelle quasi-intégrale.
Ah oui, j’allais oublier de vous donner le nom du parti : c’est la Familienpartei Deutschlands, le Parti allemand de la Famille.