Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près », le journal de la rédaction d'euradio qui fait le point, chaque vendredi, sur l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Programme du jour :
- L’impasse budgétaire dans laquelle se trouve l’Allemagne suite à la décision de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe
- La mise en garde de l’OTAN contre l’ingérence malveillante de la Russie en Bosnie
- L’issue du “maxi-procès” contre la 'Ndrangheta, la plus puissante mafia calabraise
Ouvrons ce journal en évoquant l’impasse budgétaire dans laquelle se trouve l’Allemagne suite à la décision du 15 novembre de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe.
Oui, le gouvernement allemand se trouve face à une situation budgétaire difficile après que la Cour constitutionnelle du pays ait bloqué l'affectation de 60 milliards d'euros, initialement alloués pour lutter contre le Covid-19, à un fonds dédié au climat et à la transformation de l'économie. Le gouvernement ayant jugé que ces fonds risquent de contribuer au creusement de la dette du pays.
Par cette décision la cour constitutionnelle cherche à faire respecter par le gouvernement des règles de sobriété budgétaire mais en même temps elle risque de limiter la capacité de financement de projets cruciaux, notamment en matière de transition climatique.
En réponse, le gouvernement d’Olaf Scholz a été contraint d’annoncer deux décisions
Tout d'abord, le gel des autorisations d'engagement de nouvelles dépenses a été annoncé, ce qui va empêcher le gouvernement de lancer de nouveaux projets qui vont impliquer des dépenses sur plusieurs années. En second lieu, le gouvernement a suspendu le fonds de stabilisation de l'économie, créé en 2020 pour faire face aux conséquences économiques du Covid-19.
L'invalidation du fonds pour le climat par les juges constitutionnels remet en question le principe des fonds spéciaux, qui permettent au gouvernement de lancer des programmes d'investissements pluriannuels en contournant des règles constitutionnelles très contraignantes
Oui, introduit en 2009 dans la Constitution, le dispositif appelé "frein à la dette" interdit les déficits publics supérieurs à 0,35 % du produit intérieur brut, mais peut être suspendu dans des situations exceptionnelles. Des voix au sein de la majorité plaident pour sa levée afin de mener les grands investissements dont le pays a besoin mais certains au gouvernement, notamment le ministre des finances Christian Lindner issu du parti libéral, s'y refusent pour l’instant.
Le chancelier allemand, Olaf Scholz, se fait discret sur les divergences au sein de la coalition gouvernementale.
Oui, il laisse ses ministres Robert Habeck et Christian Lindner s'opposer sur la question. Robert Habeck, écologiste, plaide, de son côté, pour lever le frein à la dette afin de financer la transition écologique et énergétique, tandis que Christian Lindner, libéral, insiste quant à lui sur la réduction des dépenses pour respecter les règles budgétaires.
Continuons ce tour de l’actualité en évoquant la mise en garde de l’OTAN contre des ingérences de la Russie en Bosnie.
Oui, le 20 novembre 2023, Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'OTAN, a exprimé son inquiétude face à la montée de la "rhétorique sécessionniste" en Bosnie, mettant en avant les préoccupations liées à une possible ingérence, je cite, «malveillante» de la Russie dans le pays. Cette déclaration a été faite lors de sa visite à Sarajevo, lors de laquelle il a affirmé un ferme soutien de l'Alliance atlantique à l'intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine, un pays qui reste très divisé depuis la fin de la guerre intercommunautaire en 1995.
Les divisions de Bosnie se traduisent par la coexistence en son sein de deux entités très distinctes.
Oui, il y a d’un côté une entité serbe, la Republika Srpska, et de l’autre une entité croato-musulmane, coiffées par un gouvernement central aux pré rogatives fragiles. Le leader politique des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik, proche du président russe Vladimir Poutine, évoque régulièrement la possibilité d'une sécession de l'entité serbe. Selon Jens Stoltenberg, cette situation est inquiétante pour la stabilité du pays et entrave les réformes en cours.
La déclaration de Jens Stoltenberg intervient dans un contexte où le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a mis en garde sur le fait que la Russie chercherait à créer de nouvelles crises dans les Balkans pour détourner l'attention internationale de la guerre en Ukraine.
Oui, depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022, l'OTAN a d’ailleurs renforcé la présence militaire européenne en Bosnie. La mission militaire européenne dans le pays, Eufor-Althea, a augmenté le nombre de ses effectifs de 500 à 1100 soldats en réponse à cette menace potentielle.
Terminons ce tour de l’actualité en évoquant l’issue du “maxi-procès” contre la 'Ndrangheta, la plus puissante mafia calabraise.
Oui, le 20 novembre 2023, plus de 200 personnes ont été condamnées, marquant un tournant significatif dans la lutte contre le crime organisé en Italie. Cette condamnation fait suite à des mois d'un procès exceptionnel, où 338 accusés étaient jugés devant le tribunal de Lamezia Terme, dans le sud du pays.
La 'Ndrangheta, reconnue comme la mafia la plus riche et la plus puissante d'Italie, exerce une influence dévastatrice sur la vie quotidienne de la population locale.
Basée dans la région de Calabre, la 'Ndrangheta s'est étendue à plus de 40 pays tout en maintenant une emprise oppressante sur ses terres d'origine. Elle infiltre et corrompt l'administration locale et continue d’influencer le développement de la région. Ce procès historique, organisé dans un bunker étroitement surveillé, est le plus important contre la mafia depuis plus de 30 ans. Les accusations portent sur une multitude de crimes, de l'association mafieuse au trafic de drogue, en passant par l'extorsion, l'usure, et le blanchiment d'argent sale.
Le procès a également mis en lumière l'infiltration de la mafia dans l'économie légale, avec des gérants de société, des maires, des fonctionnaires, et même des policiers de haut rang figurant parmi les accusés.
Bien que ce procès soit une victoire importante dans la lutte contre la 'Ndrangheta, les experts estiment que cela ne suffira pas à démanteler complètement l'organisation criminelle. Pour Antonio Nicaso, c’est en s'attaquant à l'emploi, à l'éducation, et au changement des mentalités, que l’on pourra véritablement affaiblir la mafia calabraise.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.