Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- Prochaine présidence du Conseil de l’UE : la Hongrie assurera ce rôle.
- Tractations postélectorales en cours du groupe d’extrême droite des conservateurs et réformistes ; ECR au Parlement européen.
- Sommet UE-Chine pour le climat qui s’est tenu le 18 juin.
Démarrons ce journal en évoquant la prochaine présidence du Conseil de l’UE. Après 6 mois de présidence belge, c’est la Hongrie qui assurera ce rôle à partir du 1er juillet.
Une échéance redoutée dans de nombreuses capitales des 27. Dirigée par le pro-russe Viktor Orban, la Hongrie a régulièrement joué les trouble-fêtes lors des derniers sommets européens. Elle a notamment fortement ralenti l’aboutissement des processus d’aide à l’Ukraine face à la Russie ces derniers mois. Certains observateurs craignent donc que le fait de confier un tel poste à la Hongrie ne freine fortement les discussions au conseil de l’UE.
Lors d’une conférence de presse à Budapest, le ministre des affaires étrangères hongroises Janos Boka a dévoilé ses priorités pour ces 6 mois de présidence. Avec un slogan qui a fait hausser plusieurs sourcils à Bruxelles.
“Make Europe great again” ce sera donc le slogan de la présidence hongroise du Conseil. Une référence évidente au slogan utilisé par Donald Trump lors de sa campagne électorale en 2016. Un choix provocateur qui pourrait souligner la proximité entre Viktor Orban et l’ancien président américain, mais étonnant tant on connait l’euroscepticisme de l‘ombrageux leader hongrois.
Concernant les priorités de la Hongrie pour sa présidence, Budapest a dévoilé 7 grands axes qui seront au centre des discussions ces 6 prochains mois.
Parmi eux, des choix finalement assez consensuels, comme le renforcement de la défense ou encore la restauration de la compétitivité des entreprises, qui sont des enjeux sur lesquels s’accordent les 27. Un texte est d’ailleurs déjà en discussion depuis avril pour redynamiser les entreprises européennes, et impliquera notamment une facilitation de l’accès aux capitaux, ou encore une baisse des prix de l’énergie. L’objectif étant qu’il soit adopté avant la fin de la présidence hongroise.
Cette présidence hongroise sera également placée sous le signe de la question migratoire.
Le gouvernement hongrois a annoncé vouloir durcir les politiques européennes sur l’immigration, et notamment l’immigration illégale. Cette présidence dit également souhaiter faciliter les expulsions hors du territoire européen, en allant encore plus loin que le pacte sur la migration et l’asile adopté cette année. Un pacte que Viktor Orban avait d’ailleurs fustigé, notamment à cause du mécanisme de solidarité qui oblige les États les moins concernés par la migration clandestine à soutenir ceux qui sont en première ligne.
Poursuivons ce journal en évoquant les tractations postélectorales en cours du groupe d’extrême droite des conservateurs et réformistes, ECR au Parlement européen. Une formation qui a annoncé, le 19 juin, être devenue la troisième force de l’hémicycle.
Le groupe d’extrême droite qui compte dans ses rangs Fratelli d’Italia, le parti de la Première ministre italienne Giorgia Meloni, a enregistré une forte progression dans l’hémicycle. Il passe de 67 à 83 eurodéputés, à la suite des élections du 9 juin. Si les discussions sur la composition des groupes sont encore en cours, ECR se place donc pour le moment devant les libéraux de Renew, même si de nouveaux mouvements pourraient avoir lieu les prochains jours.
Cette progression s’explique notamment par l’adhésion de nouveaux partis qui n’étaient pas dans le groupe auparavant.
C’est notamment le cas du député des démocrates danois, dont le parti entre au Parlement européen pour la première fois de son histoire. Parmi les nouvelles entrées, on trouve également un ancien membre du groupe Vert, à savoir l’Union lituanienne agraire, qui effectue donc un virage assez radical.
Cette progression du groupe ECR intervient malgré le retrait du parti de Viktor Orban, le Fidesz.
La formation hongroise a finalement fait machine arrière après plusieurs mois de discussions avec ECR. En cause, la mésentente entre le parti hongrois, et le parti d’extrême droite roumain AUR, déjà membre du groupe. Les députés de la formation hongroise devraient donc siéger en tant que non-inscrits, comme c’était déjà le cas lors de la précédente mandature.Concluons ce journal en évoquant le sommet UE-Chine pour le climat qui s’est tenu le 18 juin.
C’était la cinquième fois que la Chine et les représentants des institutions européennes se rencontraient dans le cadre de ce forum pour le climat. L’objectif des réunions du 18 juin était essentiellement de préparer la COP 29 qui se tiendra en novembre à Bakou en Azerbaïdjan, alors que les relations commerciales entre l’UE et la Chine sont de plus en plus tendues.
Pékin a d’ailleurs exprimé son mécontentement vis-à-vis des nouveaux droits de douane européens sur les voitures électriques en provenance de Chine.
La Chine dénonce ce qu’elle considère comme un “deux poids, deux mesures”, vis-à-vis de ces véhicules électriques, qu’elle considère comme essentiels à la transition verte. Le compte rendu officiel du forum indique d’ailleurs que je cite “dans certains domaines, l’UE et la Chine ne sont pas d’accord”. Les deux se sont en revanche rejoints sur la nécessité de mettre en place un nouvel objectif de financement climatique à partir de 2025, ce qui est un des grands enjeux de la COP 29. En revanche, la Chine refuse encore et toujours de s’inclure dans les financeurs de ce fonds. Pour rappel, Pékin, pourtant deuxième économie mondiale, est considéré comme une économie en développement et est donc pour le moment exemptée de financer la lutte contre le réchauffement climatique comme stipulé dans l’accord de Paris de 2015.
Un journal de Paul Thorineau et Alizée Lambin