L'Europe au plus près

L'Europe au plus près - Vendredi 9 février

©Ukrainian Presidency L'Europe au plus près - Vendredi 9 février
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Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.

Au programme :

- L’adoption par le parlement ukrainien d’une loi controversée qui vise à renforcer les rangs de l'armée
- L'approbation par le Parlement européen le mercredi 7 février d’un texte en faveur des nouvelles techniques génomiques
- La Grèce, dont le parlement européen dénonce certaines dérives anti-démocratiques

Ouvrons ce journal en évoquant l’adoption par le parlement ukrainien d’une loi controversée qui vise à renforcer les rangs de l'armée alors que le conflit avec la Russie dure maintenant depuis presque deux ans. 

Oui, le mercredi 7 février, la rada, le Parlement ukrainien a voté en première lecture en faveur d'un projet de loi visant à simplifier les procédures d'enrôlement militaire, suscitant des débats houleux au sein de la société ukrainienne. Ce vote n'est toutefois que la première étape d'un processus qui pourrait prendre plusieurs semaines, le temps notamment d’étudier les différentes propositions d'amendement. Suivra un nouveau vote en seconde lecture. 

Le débat sur la mobilisation en Ukraine fait rage depuis plusieurs semaines, mettant en lumière les difficultés auxquelles l'armée ukrainienne est confrontée pour recruter de nouveaux volontaires. 

Oui, les pertes subies au cours du conflit avec la Russie, dont l'ampleur est gardée secrète, ont créé une pression accrue sur le gouvernement pour trouver des solutions afin de donner les moyens à l’armée de continuer à faire face aux assauts russes. En décembre, le président Volodymyr Zelensky avait fait part de la proposition de l'armée d'enrôler jusqu'à 500 000 personnes supplémentaires. Le projet de loi actuel, initialement prévu pour être examiné en janvier, avait été renvoyé pour réécriture après des désaccords parmi les députés.

Le texte adopté mercredi vise à simplifier les procédures d'enrôlement tout en introduisant des sanctions pour les réfractaires. 

Le nouveau projet de loi prévoit des sanctions même si celles-ci devront être approuvées par un tribunal, marquant ainsi une tentative d'assurer la légitimité et de protéger les droits des citoyens. Certains critiques estiment cependant que le projet de loi ne résout pas le problème de la démobilisation des soldats présents sur le front depuis une longue période.

Le vote de cette loi intervient alors que le président ukrainien vient de remplacer le chef de l’armée ukrainienne après des mois de rumeurs sur le sujet.

Oui la perspective de changements à la tête de l’armée ukrainienne était évoquée depuis des semaines pour donner un nouvel élan aux opérations ukrainiennes qui marquent le pas ces derniers mois.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a nommé le chef de son armée de terre, le général Oleksandre Syrsky en remplacement de Valery Zaloujny dont la popularité est pourtant énorme au sein de la population ukrainienne, dépassant de près de 20 points celle du président.

Poursuivons ce tour de l’actualité en évoquant l'approbation par le Parlement européen le mercredi 7 février d’un texte en faveur des nouvelles techniques génomiques, considérés par certains comme de “nouveaux OGM” 

Oui, toutefois, le Parlement européen s’est en même temps prononcé en faveur d'un encadrement plus rigoureux des nouvelles techniques génomiques que ne le proposait initialement la Commission européenne. Ces techniques simplifient et accélèrent la sélection de nouvelles variétés de plantes en introduisant plus rapidement des améliorations génétiques préalablement identifiées à partir de l'étude de l'ADN des plantes.

La proposition initiale de la Commission européenne, publiée en juillet 2023, visait à ouvrir la voie à de nouvelles techniques génomiques pour certaines cultures

Certains dénonçaient cependant une décision précipitée en l'absence d'évaluation des risques sanitaires et environnementaux, de traçabilité, d'étiquetage et de dispositions particulières sur la question des brevets attribués à ces nouvelles plantes.

Le Parlement européen a opté pour une approche plus prudente. Les parlementaires ont en effet exprimé leur volonté que ces nouvelles plantes génétiquement modifiées soient soumises à des conditions strictes, notamment en termes de traçabilité et d'étiquetage.

Les ONG de protection de l'environnement restent cependant majoritairement opposées au texte adopté par le Parlement européen. 

Oui, elles critiquent notamment le manque de protection de la santé des citoyens et de l'environnement, considérant que les agriculteurs européens pourraient devenir encore plus dépendants d'un petit nombre de semenciers, mettant ainsi en péril l'avenir de l'agriculture européenne. 

Terminons ce journal en prenant la direction de la Grèce, dont le parlement européen dénonce certaines dérives anti-démocratiques. 

Oui, le 7 février, le Parlement européen a adopté une résolution sans précédent exprimant sa profonde inquiétude, je cite, quant aux menaces sérieuses qui planent sur la démocratie, l'État de droit, et les droits fondamentaux en Grèce. Alors que la Hongrie et la Pologne avaient déjà fait face à de telles accusations en 2023, c'est une première pour la Grèce. La résolution, bien que de portée seulement symbolique, constitue un avertissement fort envers le gouvernement du Premier ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis. 

Le déclencheur de cette résolution est le scandale d'espionnage qui a éclaté à l'été 2022 en Grèce, révélant des opérations illégales à grande échelle contre des journalistes, des opposants politiques, et des entrepreneurs. 

Ces activités étaient orchestrées par les services secrets directement sous l'autorité du Premier ministre. Cette affaire s’ajoute à la détérioration manifeste de la liberté de la presse dans le pays ces dernières années. En effet, depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement Mitsotakis en 2019, la Grèce a chuté de la 70e à la 107e place au classement Reporters sans frontières, la dernière position parmi les 27 pays de l'UE. Les eurodéputés ont également exprimé leurs préoccupations quant à l'utilisation excessive de la force par les services de police contre des groupes minoritaires et des manifestants pacifiques, ainsi que les mauvais traitements infligés aux migrants tentant d'atteindre les côtes grecques. 

Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.