Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près » où nous suivons, chaque semaine, l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Cette semaine, penchons-nous sur le travail du Parlement européen. Les 705 eurodéputés se réunissaient en session plénière du lundi 4 au jeudi 7 octobre. Ils y ont adopté de nouvelles résolutions, notamment une nouvelle législation annonçant la création d’une politique de cyberdéfense commune.
Exactement, une politique commune de cybersécurité, c’est ce que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait défendu lors de son discours sur l'Etat de l'Union le 15 septembre dernier. Une idée à laquelle la grande majorité des eurodéputés se sont ralliés en adoptant un rapport à ce sujet jeudi par 591 voix pour et 65 contre. Dans ce rapport, les députés européens demandent, entre autres, la création d'une unité conjointe de cybersécurité afin de pallier à l'insuffisance actuelle de partage des informations entre les 27, et plus largement la mauvaise coopération entre les différents services européens de cybersécurité.
Selon l’eurodéputé estonien Urmas Paet, cette politique commune de cyberdéfense devrait s’opérer en coopération étroite avec l’OTAN, notamment lorsqu’il s’agit de sanctionner les nombreuses attaques informatiques lancées par des pays comme la Chine, la Russie ou la Corée du Nord.
Oui, de plus, aujourd’hui les nouvelles technologies du numérique étant généralement développées et produites en dehors de l’Union européenne, les eurodéputés souhaitent que l’UE investisse davantage vers une indépendance technologique. En guise d’illustration, les eurodéputés ont fait un parallèle avec les récentes révélations sur le logiciel espion Pegasus, commercialisé par une société israélienne, et qui a permis à ses acheteurs, notamment des régimes autoritaires, d’espionner un grand nombre de responsables politiques européens ou de journalistes. Ce scandale a montré à quel point les Européens sont vulnérables sur le plan de la cyberdéfense.
Mais d'un autre côté, les eurodéputés ont débattu d’une autre résolution appelant plutôt à davantage contrôler l'usage des nouvelles technologies numériques et de l'intelligence artificielle.
Oui c’est vrai, mais si le rapport adopté jeudi visait à renforcer la défense européenne contre des influences étrangères, cette nouvelle résolution cherche plutôt à empêcher que des outils d’intelligence artificielle ne soient utilisés pour pratiquer une répression systématique au sein de l’UE.
Les débats autour de ce texte ont été plus vifs, et le texte a été approuvé par 377 voix contre 218.
Le député socialiste et démocrate bulgare Petar Vitanov a par exemple fait remarquer qu’en cas de reconnaissance faciale généralisée, il deviendrait difficile pour les citoyens d’aller manifester tout en restant anonymes. Jeroen Lenaers, du Parti populaire européen, a exprimé au contraire, sa crainte que la police se voit interdire de telles technologies alors que les criminels en utiliseront. Au final, les eurodéputés ont établi que ces dispositifs d'intelligence artificielle ne pourront pas non plus encourager de surveillance de masse ou de système de notation sociale, comme il en existe en Chine.
Continuons ce journal en évoquant une autre résolution adoptée à une très large majorité mercredi 6 octobre par les eurodéputés, et portant sur la région de l’Arctique. Devant les tensions croissantes dans la zone, les députés appellent à une coopération internationale renforcée.
Oui Thomas, les membres du Parlement se sont notamment penchés sur la responsabilité environnementale partagée par tous les pays présents en Arctique. Les effets du réchauffement climatiques étant particulièrement visibles dans cette région, les députés demandent que tous les pays concernés respectent l’Accord de Paris sur le climat de 2015, notamment en sauvegardant les espèces naturelles en danger, et par conséquent pour protéger les cultures des peuples autochtones.
Les eurodéputés en ont profité pour alerter sur le renforcement de la présence militaire de la Russie et de la Chine dans la zone.
Oui, selon eux les capacités militaires russes en Arctiques dépassent largement le cadre d’une “défense légitime”, et menacent la stabilité et la paix en Arctique. Ils ont aussi dénoncé l'initiative de la Chine “une ceinture, une route”, qui consiste à ouvrir une route maritime majeure à travers l’Arctique. Devant cette compétition géopolitique qui s’accentue dans la région, la rapporteure polonaise pour cette résolution Anna Fotyga a finalement rappelé aux Européens qu’ils “ne sont pas seuls” et qu’ils devraient davantage travailler avec les Etats-Unis, le Canada, la Norvège et l’Islande, pour maintenir la paix en Arctique.
Terminons cette édition en revenant sur une résolution portant sur l’action européenne vis-à-vis des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, l’UE compte environ 87 millions de personnes handicapées, et à travers ce texte adopté mercredi dernier, les députés souhaitent mieux protéger leurs droits. Quels changements cette nouvelle législation apporte-t-elle ?
Les eurodéputés appellent l’UE à s’accorder sur la définition d'un statut commun du handicap, l’objectif étant ensuite de se rapprocher d’une égalité de traitement des personnes handicapées sur tout le territoire de l’Union. Car pour l’instant, même si la reconnaissance mutuelle d'un tel statut entre les Etats membres est un droit fondamental, l’eurodéputé socialiste et démocrate Alex Agius Saliba a rappelé que “les personnes handicapées sont toujours confrontées à de nombreux obstacles et discriminations”. Il défend également une amélioration de l’employabilité de ces personnes, par exemple en améliorant l'accessibilité des lieux publics, ou en encourageant la promotion de la langue des signes.
La Commission européenne, de son côté, prévoit de mettre au point une carte européenne du handicap d’ici à 2023. De quoi s’agit-il exactement ?
En effet, la Commission s’y est engagée dans sa Stratégie 2021-2030 en faveur des droits des personnes handicapées. Alors que depuis le début de la pandémie de Covid-19, ces personnes ont particulièrement souffert d’isolement ou de négligences, cette carte leur donnerait un statut unique, reconnu par l’UE. Mais malgré cette reconnaissance de plus en plus effective, le chemin est encore long en ce qui concerne les conditions de vie des personnes en situation de handicap en Europe. L’eurodéputée des Verts Katrin Langesiepen a par exemple dénoncé le manque d’accessibilité au sein même du Parlement européen.
Thomas Kox - Romain L'Hostis
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