Bienvenue dans cette édition de « L’Europe au plus près », le journal de la rédaction d'euradio qui fait le point, chaque vendredi, sur l’actualité des différentes institutions de l’Union européenne.
Programme du jour :
- La récente décision de la Cour suprême britannique, qui vient d’annuler un accord migratoire très controversé entre le Royaume-Uni et le Rwanda
- La prochaine inclusion de l’écocide dans le droit européen
- La persistante disparité salariale entre hommes et femmes au sein de l'Union européenne
Bonjour Ariane. Ouvrons ce journal en évoquant la décision récente de la Cour suprême britannique, qui vient d’annuler un accord migratoire très controversé entre le Royaume-Uni et le Rwanda.
Oui, le 15 novembre, Robert John Reed, président de la Cour suprême, a rendu cette décision, qui pourrait avoir des implications significatives tant au niveau national que pour les futures négociations de l'UE sur l'asile et la migration. L'accord annulé impliquait le versement de fonds par le Royaume-Uni au Rwanda en échange de l'accueil de demandeurs d'asile. Conclu en 2022 entre le Premier ministre de l'époque, Boris Johnson, et le gouvernement rwandais de Paul Kagame, cet accord n’a donné lieu à aucune expulsion en raison de contestations juridiques successives.
Rendue à l’unanimité par les juges de la Cour suprême, cette décision annule purement et simplement cet accord et exprime des inquiétudes liées au traitement potentiellement injuste des demandeurs d'asile au Rwanda, une inquiétude appuyée par les constatations du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
Outre ses implications au Royaume-Uni, cette décision est susceptible d’avoir des répercussions au sein de l’Union européenne.
En effet, la semaine dernière, l'Autriche a également signé un accord avec le Royaume-Uni avec l'intention de délocaliser certaines procédures d'asile au Rwanda. Une démarche qui pourrait être imitée par d'autres États membres tels que l'Allemagne et l'Italie. Toutefois, la Commission européenne a déclaré que de telles délocalisations ne seraient pas conformes à la législation européenne actuelle en matière d'asile.
En écho à cette décision, le Danemark, qui avait initialement envisagé de transférer ses demandeurs d'asile hors d'Europe, possiblement au Rwanda, a été interpellé par le Conseil de l'Europe.
En effet, le 16 novembre, le Conseil de l'Europe a publié un rapport critique sur la politique migratoire danoise, appelant à sa révision urgente. Ce rapport exprime des doutes sur la compatibilité des projets d'externalisation avec les normes internationales des droits humains. Il met également en garde contre le durcissement de la politique migratoire danoise et appelle à une approche commune avec l'UE pour gérer les transferts des demandeurs d'asile.
Toujours en lien avec la question migratoire mais sur un registre très différent, la Commission européenne a proposé, ce mercredi 15 novembre, une initiative innovante pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre en Europe.
Oui, surnommée le "Tinder de la migration économique", cette plateforme vise à mettre en relation les employeurs européens et les demandeurs d'emploi de pays hors de l'UE. Cette approche cherche à favoriser la migration régulière et à répondre au besoin croissant de travailleurs en Europe. La Commission espère ainsi décourager la migration irrégulière tout en renforçant la coopération avec les pays tiers.
Continuons ce tour de l’actualité en évoquant la prochaine inclusion de l’écocide dans le droit européen.
En effet, ce jeudi 16 novembre, le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil européen se sont réunis en trilogue pour finaliser l’adoption d’un texte déjà adopté à l'unanimité le 29 mars dernier par les eurodéputés.
Portée par l'eurodéputée écologiste Marie Toussaint, cette initiative est qualifiée de "révolutionnaire".
Le texte propose de définir l'écocide comme "des actes ou une omission illicite ou délibérée commis en connaissance de la forte probabilité que ces actes ou cette omission causent à l’environnement des dommages graves et étendus ou durables". Marie Toussaint cite des exemples concrets tels que "un épandage massif de pesticides, des marées noires, des destructions d'écosystème, des feux de forêts", des actes passibles de peines allant jusqu'à huit ans d'emprisonnement, voire davantage en cas de récidive.
Cette décision intervient après une série de manifestations et de plaidoyers en faveur de l'inscription du crime environnemental dans la loi européenne.
Oui, en octobre 2022, des indigènes brésiliens avaient manifesté à Bruxelles devant le Conseil européen, appelant à la reconnaissance de l'écocide comme un crime. L'impact de cette mesure pourrait être significatif, compte tenu du constat alarmant de l'augmentation de la criminalité environnementale dans le monde. Selon Interpol et le Programme des Nations unies pour l'environnement, la criminalité environnementale est classée comme la quatrième activité criminelle mondiale, suivant le trafic de stupéfiants, la traite des êtres humains et la contrefaçon, et elle connaît une augmentation de 5 à 7% par an.
Terminons ce journal en évoquant la persistante disparité salariale entre hommes et femmes au sein de l'Union européenne.
Oui, ce mardi 14 novembre, la Commission européenne a divulgué des chiffres préoccupants, révélant que les femmes gagnent en moyenne 13% de moins que leurs homologues masculins.
Les statistiques indiquent que, pour chaque euro perçu par un homme, une femme ne touche que 0,87 euro.
Cette iniquité salariale ne se limite pas à une question économique mais a également des conséquences profondes sur la vie des femmes, impactant leur qualité de vie et leurs perspectives d'avenir. Bien que le principe "À travail égal, rémunération égale" demeure un fondement de l'Union européenne, des déséquilibres structurels persistent.
Confrontées à cette réalité préoccupante, Věra Jourová, vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence, et Helena Dalli, commissaire à l'Égalité, soulignent l'importance symbolique du 15 novembre, Journée européenne de l'égalité salariale.
Elles appellent également à intensifier les efforts pour éliminer ces disparités salariales profondément ancrées. En effet, malgré les engagements pris dans une directive adoptée en 2023, plusieurs pays européens tardent à incorporer ces mesures dans leur législation. En outre, la Commission européenne souligne le besoin crucial de transparence salariale et appelle le Parlement européen et le Conseil à adopter rapidement la proposition de directive sur la transparence des rémunérations.
Un journal d'Ariane Dana et Paul Thorineau.