Chaque vendredi, l'équipe d'euradio à Bruxelles décrypte l'actualité et le travail d'une institution européenne.
Au programme :
- Les récentes mesures prises par l'Union européenne en vue de durcir des restrictions pour les produits agricoles en provenance d’Ukraine
- Les lignes directrices de la Commission européenne visant à prévenir les risques numériques pour les élections européennes
- La nouvelle ambition de l’UE : encourager la création de diplômes européens
Ouvrons ce journal en évoquant les récentes mesures prises par l'Union européenne en vue de durcir des restrictions pour les produits agricoles en provenance d’Ukraine.
Oui, le mercredi 27 mars, les ambassadeurs des Vingt-Sept ont adopté une version légèrement modifiée de l'accord conclu le 20 mars dernier pour prolonger d'un an l'exemption douanière accordée à l'Ukraine. Ils ont donc convenu de renforcer les règles régissant certaines importations agricoles ukrainiennes, sans toutefois plafonner les importations de blé.
Les discussions ont été marquées par des divergences entre les États membres.
Depuis 2022, cette exemption douanière vise à soutenir l’économie de l'Ukraine qui fait face à une contraction massive depuis l'invasion russe. Elle se trouve toutefois vivement critiquée par les agriculteurs européens, qui estiment que cette mesure crée une concurrence déloyale et nuit aux prix locaux. Certains Etats membres, comme la France et la Pologne, ont plaidé en faveur de mesures plus strictes pour protéger leurs marchés internes. D'autres ont défendu la nécessité de préserver les revenus commerciaux de Kiev.
Que prévoit le nouvel accord ?
Il permet à la Commission européenne de prendre rapidement des "mesures correctives" en cas de perturbations majeures sur le marché. Les importations de divers produits agricoles, y compris la volaille, les œufs, le sucre, le maïs, le miel et l'avoine, seront plafonnées aux niveaux importés au cours des années 2022-2023.
Le mécanisme de plafonnement ne couvre toutefois toujours pas le blé tendre et l'orge, une exclusion qui a été vivement critiquée.
Oui, certains craignent en effet que cela n'aggrave les tensions sur les marchés céréaliers, en particulier face à la stratégie russe visant à entraver les exportations ukrainiennes. La prochaine étape sera pour le Parlement européen d’approuver cette décision lors d'un vote en avril, avant l'expiration de l'exemption douanière actuelle le 5 juin.
Poursuivons ce tour de l’actualité en évoquant la publication, par la Commission européenne, de lignes directrices, afin de prévenir les risques numériques susceptibles de perturber les élections européennes.
Oui, avec les élections européennes qui se profilent pour le mois de juin, ainsi que des élections présidentielles et législatives prévues dans dix pays de l'Union européenne cette année, la Commission a publié le mardi 26 mars des lignes directrices en lien avec le règlement sur les services numériques, le DSA. Ces directives visent notamment à prévenir les risques numériques qui pourraient influencer les scrutins.
Pourquoi de telles directives ?
Car les réseaux sociaux, devenus des acteurs incontournables de la sphère politique, peuvent potentiellement manipuler les élections via des contenus générés par l'IA, tels que les deepfakes, ou en propageant de la désinformation. Pour contrer ces menaces, la Commission adresse des recommandations spécifiques aux grandes plateformes et moteurs de recherche désignés. Ces mesures s'accompagnent d'une adaptation au contexte de chaque élection, et à chaque région.
Et la Commission européenne entend bien les faire respecter.
Oui, les plateformes qui ne les suivront pas devront prouver une efficacité équivalente dans la prévention des risques numériques. Un test de résistance est même prévu pour évaluer leur conformité à la fin du mois d'avril. Si des manquements sont constatés, des sanctions pourront être envisagées. L'objectif est clair : garantir l'intégrité des processus électoraux tout en préservant la liberté d'expression en ligne.
En quoi consiste ces directives ?
La Commission recommande aux grandes plateformes et moteurs de recherche de mettre en place des équipes internes dédiées, dotées de ressources suffisantes pour agir efficacement. Par ailleurs, les publicités politiques devront être clairement identifiées, anticipant ainsi le futur règlement de l'UE sur la transparence en matière de publicité politique, notamment en ligne.
Concernant les deepfakes, la Commission recommande une évaluation et un traitement des risques associés à l'utilisation de l'IA générative.
Meta et TikTok ont déjà annoncé qu'ils exigeraient le marquage des contenus générés par l'IA, en particulier dans le contexte des élections européennes. En outre, la Commission encourage la collaboration avec les autorités européennes et nationales, ainsi qu'avec des experts indépendants et des organisations de la société civile pour prévenir la désinformation et l'ingérence étrangère.
Terminons ce journal en évoquant la nouvelle ambition de l’UE : encourager la création de diplômes européens.
Oui, récemment dévoilée par la Commission européenne, cette initiative viserait à simplifier la vie des étudiants et des employeurs dans toute l'Union européenne. Actuellement, obtenir la reconnaissance d'un diplôme dans un autre pays de l'UE peut s’apparenter à un marathon administratif. Les délais s'étirent parfois sur plusieurs années, décourageant les candidats à l'expatriation.
Concrètement, de quoi parle-t-on ?
Ces diplômes nécessiteraient la coopération entre au moins deux universités de deux États membres différents. Il s'agirait de diplômes conjoints, décidés volontairement par les établissements d'enseignement supérieur, couvrant tous les niveaux d'études, de la licence au doctorat. Ce n'est pas une idée sortie de nulle part. Déjà, de nombreuses universités européennes collaborent dans le cadre de programmes tels qu'Erasmus ou des projets de recherche. Mais “il reste encore trop de barrières et de paperasse”, déplore le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas.
Cette proposition répond à une demande croissante des étudiants, des universités et des employeurs.
Plus de 140 établissements d'enseignement supérieur ont participé à des projets pilotes soutenant cette idée. Pour Iliana Ivanova l’objectif est clair : rendre l'enseignement supérieur européen plus compétitif, plus connecté, et positionner l'Europe en tête de la course mondiale aux talents.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.