Aujourd'hui en Europe est un format quotidien regroupant les actualités européennes du jour, réalisé par la rédaction euradio à Bruxelles.
Au programme :
- Le sommet du Conseil européen, et la décision des dirigeants des 27 d’entamer les négociations d’adhésion avec l’Ukraine
- Le sommet réunissant les 27 et leurs homologues des Balkans
- L'accord sur la réforme du marché européen de l'électricité
Bonjour Ariane, démarrons ce journal en évoquant le sommet du Conseil européen, et la décision des dirigeants des 27 d’entamer les négociations d’adhésion avec l’Ukraine.
Le pessimisme régnait pourtant encore quelques heures avant cette annonce. Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui menaçait d’utiliser son véto depuis des semaines, déclarait encore en arrivant au sommet qu’il ne voyait pas un accord se conclure lors des deux jours de réunion. Et pourtant, quelques heures plus tard, et après de rudes négociations, le Président du Conseil Charles Michel a annoncé sur le réseau social X que l’ouverture des négociations d’adhésion de l’Ukraine avait été approuvée par les 27.
Une annonce qui a évidemment ravi Kiev et Chisinau, la Moldavie ayant également vu les négociations pour son adhésion être validées par les 27. Volodymyr Zelensky, en déplacement en Allemagne, s’est immédiatement félicité je cite d’“une victoire pour l’Ukraine, une victoire qui motive, inspire, et rend plus fort”.
Qu’est-ce qui explique ce revirement de Viktor Orban ?
C’est encore difficile à dire mais la pression sur Viktor Orban était visiblement trop forte. Les 26 voulaient à tout prix éviter que ce sommet se termine par un désaccord. Un désaccord qui aurait immanquablement résonné comme une victoire pour Poutine.
Le déblocage de 10 milliards de fonds européens gelés pour la Hongrie a également très probablement pesé dans la balance. Ce qui surprend c’est la rapidité des négociations. Plusieurs dirigeants s’attendaient à voir les discussions s’étaler pendant le week-end, ou même “jusqu’à Noël” comme déclarait la Première ministre estonienne Kaja Kallas.
D’ailleurs le Premier ministre hongrois n’a pas formellement approuvé l’accord.
Non, Viktor Orban s’est contenté d’une abstention à la mise en scène assez inédite. Il a tout simplement quitté la pièce au moment du vote de l’ouverture des négociations d’adhésion. Une théâtralisation qui permet au dirigeant hongrois de rester fidèle à sa ligne de conduite des derniers mois. Il a d’ailleurs rapidement rappelé sur X que “la Hongrie n’a pas participé à cette” je cite “mauvaise décision”.
En revanche le Premier ministre hongrois s’est montré intransigeant sur la question des 50 milliards d’euros d’aide que l’Union comptait attribuer à l’Ukraine.
Oui, Viktor Orban a refusé de valider le déblocage d’un fond de 50 milliards d’euros que l’UE compte attribuer à Kiev, pour soutenir le pays sur les 4 prochaines années. Pour rappel, cette aide impliquerait 17 milliards d’euros compris dans le budget annuel de l’UE sous forme de dons, et 33 milliards qui s’ajouteraient en dehors du budget communautaire et qui devront à termes être remboursés par Kiev. Ce sont officiellement ces 17 milliards qui posent problème pour l’homme fort de Budapest.
Juste avant ce sommet s’était tenu une autre réunion importante, un sommet réunissant les 27 et leurs homologues des Balkans.
Oui, au sein de cette région du sud-est de l’Europe, plusieurs pays frappent à la porte de l’Union européenne depuis des années et sont toujours en attente de la relance des élargissements. Pour adhérer, les Balkans occidentaux ont besoin que les Etats membres se mettent d’accord à l’unanimité. Certains de ces pays voient d’un mauvais oeil la Moldavie et l’Ukraine bénéficier d’une procédure accélérée alors qu’eux restent dans l’antichambre.
Le sommet du mercredi 13 décembre avait pour objectif de faire le point sur les candidatures en cours.
Pour rappel, six pays des Balkans sont candidats ou aspirent à l'être. Parmi les candidats officiels on compte la Macédoine du nord depuis 2005, le Monténégro et la Serbie depuis 2012 et l’Albanie depuis 2014.
La Bosnie-Herzégovine a quand à elle fait un pas en avant ces derniers jours, avec l’annonce par Charles Michel, le 14 décembre, de l’ouverture des négociations d’adhésions de Sarajevo, “dès que le pays aura atteint le degré nécessaire de respect des critères d’adhésion de l’UE”. Un nouveau point sur la situation est d’ailleurs prévu en mars.
L’Europe craint qu’à force d’attendre, certains se tournent vers la Russie ou la Chine.
Oui, dans le contexte de la guerre en Ukraine en février 2022, plusieurs Etats membres de l’UE ont ainsi insisté pour relancer les élargissements des Balkans. l’Autriche et la Hongrie se sont révélées particulièrement actives sur le dossier, soutenant leur intégration rapide à l’UE. Les dirigeants européens ont d’ailleurs une nouvelle fois réaffirmé leur “attachement total et sans équivoque à la perspective de l'adhésion des Balkans occidentaux à l'Union européenne”, et appellent à accélérer le processus.
Concluons ce tour de l’actualité en évoquant l’accord sur la réforme du marché européen de l'électricité, conclu le jeudi 14 décembre par le Parlement européen et les 27 Etats membres.
Oui, cet accord intervient après dix heures de négociations acharnées et des mois de débats, durant lesquels la France et l'Allemagne se sont affrontées sur la question du financement du prolongement de la durée de vie des centrales nucléaires. L’Allemagne, qui pâtit déjà de la concurrence française sur le nucléaire, craignait notamment un texte qui soit trop à l’avantage de Paris.
Cette réforme, proposée par la Commission européenne en mars, vise à stabiliser les prix de l'électricité pendant les périodes de crise tout en favorisant le développement de moyens de production d'électricité à faible émission de carbone.
Pour stabiliser ces prix, le texte prévoit la mise en place de Contrats pour la Différence. Des contrats qui établissent des prix fixes pour la vente d’électricité qui seraient déterminés par les États membres. Ils prévoient également que tout surplus de profit soit redistribué aux entreprises ainsi qu’aux consommateurs. Une décision perçue comme une victoire pour la France qui appuyait particulièrement cet aspect du texte.
Les soutiens financiers aux centrales à charbon émettant beaucoup de CO2 ont quant à eux été prolongés jusqu'en 2028.
Oui, ce point de négociation a été crucial pour des pays comme la Pologne, mais a suscité de vives critiques. Le groupe vert au parlement reproche notamment à l’Europe d’être “peu crédible” avec un texte qui d’un côté soutient la transition énergétique, mais qui de l’autre pousse au développement des énergies fossiles.
Un journal d’Ariane Dana et Joris Schamberger.