Échos d'Europe

La santé, un moteur sous-estimé de l’économie européenne

Pixabay La santé, un moteur sous-estimé de l’économie européenne
Pixabay

Michel Derdevet, président du think tank Confrontations Europe revient dans cette chronique hebdomadaire sur les dernières publications de son organisation, notamment de sa revue semestrielle. Énergie, numérique, finances, gouvernance européenne, géopolitique, social, les sujets d'analyse sont traités par des experts européens de tout le continent dont le travail est présenté par Michel Derdevet.

Michel Derdevet, président de Confrontations Europe, présente l’article intitulé : “La santé, un moteur sous-estimé de l’économie européenne”, signé par David Elvira-Martinez, PhD, Global Corporate Public Policy Head chez Sanofi. Dans sa contribution, l’auteur dévoile les perspectives stratégiques de l’industrie de la santé.

Quel est le potentiel de l’industrie de la santé d’après le rapport Draghi ?

Dans le rapport Draghi, un accent est mis sur la santé, qui est un secteur où l’UE aurait un fort potentiel, comme dans la recherche et le développement (R&D). L’Europe est en effet un leader mondial dans la recherche et la production de vaccins. Elle héberge notamment 22% des essais cliniques mondiaux et les plus grandes installations de recherche.

Puis, la productivité de l’industrie pharmaceutique est supérieure à la moyenne des industries européennes. Le secteur pharmaceutique est une des richesses européennes économiques avec 311 milliards d’euros au PIB de l’UE en 2022. Avec des traitements innovants, ce secteur permet d’ailleurs d’augmenter la productivité économique européenne générale et surtout de réduire la pression exercée sur les systèmes de santé.

Comment les innovations dans le secteur de la santé peuvent-elles permettre à l’Europe de surmonter ses défis démographiques ?

L’UE assiste actuellement à une hausse du vieillissement de la population, comme du personnel de santé. Des innovations thérapeutiques pourraient à l’avenir traiter certaines maladies liées au vieillissement et améliorer la qualité des soins tout en réduisant les coûts et en maintenant une main d’œuvre productive. L’IA est déjà mise en place dans la santé et contribue à la découverte de nouveaux traitements innovants.

A l’avenir, le partage de données de santé pourrait davantage permettre le développement de l’utilisation de l’IA dans l’industrie pharmaceutique européenne. Ces nouvelles perspectives de l’IA dans l’industrie de la santé, pourront aider l’UE à rester compétitive face à la Chine ou aux Etats-Unis.

Comment les investissements en soins préventifs peuvent-ils redynamiser la compétitivité européenne ?

Les investissements dans l’industrie de la santé constituent un vrai moteur de la croissance pour l’Europe. Ils permettent d’améliorer considérablement la qualité des soins, contribuant donc à la santé générale de la population. L’investissement futur dans les soins préventifs pourrait d’ailleurs renforcer la qualité de vie et l’espérance de vie de la population tout en permettant des coûts moindres. Chaque euro investi dans la prévention rapporte 14 euros dans les pays avec un revenu élevé, allant même jusqu’à 19 euros pour les vaccins chez les adultes.

Toutes ces économies réalisées peuvent être réinvesties dans l’amélioration et le développement des systèmes de santé. Ils contribueront donc à créer de l’emploi, relançant la productivité européenne. De futurs investissements dans le domaine préventif pourront donc favoriser des économies et de nouveaux emplois en Europe.

A l’avenir, comment l’Europe pourra-t-elle créer son propre modèle pharmaceutique et s’imposer face à la Chine et les Etats-Unis ?

Le rapport Draghi met en garde contre les écarts de compétitivité qui se creusent entre l’Europe, la Chine et les Etats-Unis dans le secteur pharmaceutique. Ces écarts s’expliquent entre autres par le manque d’investissement en R&D de l’Europe, où un écart de 25 milliards d’euros a vu le jour en 2022 avec les Etats-Unis.

Pour y remédier, l’UE devra cibler ses faiblesses dans l’industrie de la santé, comme le manque de cadre juridique stable et régulier des investissements à long terme dans la recherche. Elle devra parvenir à inverser la tendance actuelle, dans laquelle les dépenses sont davantage perçues comme des coûts que des investissements.

Dans le futur, les investissements dans les systèmes de santé devront tenir compte d’une meilleure approche en termes de soins préventifs, qui contribuent à la résilience économique et sociale de l’Europe. L'UE devra désormais se concentrer sur les investissements en R&D et la production pharmaceutique innovante, qui permettront de relancer la compétitivité, la souveraineté et la sécurité sanitaire européennes. Pour cela, elle devra encore élaborer un cadre juridique dans ce secteur, comme avec la “General Pharmaceutical Legislation” qui est en cours.

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.