Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire

Clara ZETKIN

© Teamcolibri.org Clara ZETKIN
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Avec sa chronique Les femmes ou les "oublis" de l'Histoire, Juliette Raynaud explore "les silences de l'Histoire" (Michelle Perrot) et nous invite à (re)découvrir notre matrimoine oublié, une histoire après l'autre...

Vous connaissez Clara Zetkin ? Journaliste, autrice, enseignante, femme politique, elle voulut fédérer les travailleuses du monde entier. Lors d’un congrès de femmes socialistes à Copenhague en 1910, elle proposa d’instaurer une journée internationale des femmes.

Clara naît en 1857 dans l’empire allemand, à à Wiederau, en Saxe, un village tourné vers l'industrie textile où travaillent beaucoup d'ouvrières. Sa mère s'inscrit dans un mouvement féministe bourgeois. Son père est instituteur et souhaite que sa fille fasse des études mais les femmes ne sont pas admises à l’université. Il l’inscrit dans un institut d’éducation de jeunes filles et la destine au métier d’institutrice. Sa professeure de littérature, Auguste Schmidt, a fondé la première association féministe d’Allemagne, l’ADF.

À 18 ans, elle rencontre Ossip Zetkin, un révolutionnaire russe en exil. Ses idées résonnent avec sa propre révolte contre l’injustice sociale nourrie par la misère des ouvrières de son village. Elle obtient son diplôme et s’éloigne de sa famille et du féminisme bourgeois qu’elle juge trop individualiste.

Proche du parti socialiste ouvrier d’Allemagne (le SAP) interdit par le chancelier impérial Bismark, elle s’exile à Zurich puis s’installe à Paris avec son compagnon. Elle y fréquente les milieux socialistes et devient amie avec Laura Lafargue, la fille de Karl Marx, et son époux, Paul.

En 1889, le congrès fondateur de la Deuxième Internationale Ouvrière se tient à Paris. Clara y est attendue pour faire un rapport sur la condition des travailleuses allemandes. Elle décide finalement de parler du principe même du travail des femmes et de leur rôle dans la lutte des classes.

Dans ce discours remarqué, Clara insiste sur l'importance de l'indépendance économique des femmes.

« De même que le travailleur est sous le joug du capitaliste, la femme est sous le joug de l'homme et elle le restera aussi longtemps qu'elle ne sera pas indépendante économiquement. »

En 1892, elle fonde le journal L'Egalité. Cet outil d’éducation populaire des femmes ouvrières participera à structurer le mouvement socialiste féminin et sera édité jusqu’en 1917.

À cette époque, les femmes n’ont pas le droit d’adhérer à un parti politique. Clara crée une structure parallèle au parti social-démocrate allemand (SPD, ancien SAP). Rosa Luxembourg adhère à ce parti clandestin.

A force de persévérance et malgré la police, les militantes réussissent à organiser la première conférence des femmes socialistes en 1900.

Elle aura lieu avant chaque congrès officiel du parti.

Peu à peu, les lois qui interdisent la politique aux femmes s’assouplissent et la section féminine du parti y est officiellement rattachée en 1906. L’année suivante, Clara organise à Stuttgart la première Internationale des femmes socialistes : 59 représentantes de 15 pays différents se rencontrent pour la première fois. La conférence est un succès. Clara devient la présidente de l’internationale et son journal son organe officiel.

En 1910, lors de la deuxième Internationale des femmes socialistes à Copenhague, Clara propose d’instaurer une journée internationale des femmes.

" (..) les femmes socialistes de tous les pays organiseront tous les ans une Journée des femmes, dont l'objectif premier est l'obtention du droit de vote."

Clara Zetkin veut fédérer les travailleuses du monde entier. L'idée est approuvée à la majorité. Aucune date n'est retenue…

Les Nations Unies ont officialisé le 8 mars comme la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes en 1977.

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