Le Journal des 27

Le Journal Des 27 - Mardi 28 Juin

Le Journal Des 27 - Mardi 28 Juin

Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans cette édition du journal des 27, l’émission qui suit le travail de la présidence française du conseil de l’UE. Depuis le 1er janvier 2022 et jusqu’à la fin du mois de juin, c’est la France qui est ainsi chargée de coordonner le travail des 27 au sein du Conseil de l’Union européenne, institution qui réunit les ministres des différents États-membres.


Commençons ce journal en nous intéressant aux dernières conclusions du Conseil des affaires générales. Au programme des ministres, la préparation du conseil européen qui s’est tenu les 23 et 24 juin dernier. 

Oui, les ministres du Conseil se sont réunis afin d’accorder leur position lors du sommet. Ils ont notamment discuté des candidatures d'adhésion de l’Ukraine et de la Moldavie, soutenues par la Commission européenne. Un avis favorable, qui pourrait relancer la dynamique de l’élargissement du bloc communautaire à l’est et rebattre les cartes pour les pays des Balkans qui espèrent un jour entrer dans l’Union.

En effet, certains États des Balkans orientaux espèrent entrer dans l’UE depuis des années.

Oui à ce sujet, les ministres européens réunis au sein du Conseil des affaires générales ont également pu aborder la réunion entre les dirigeants de l’UE et des Balkans occidentaux le 23 juin dernier. Une rencontre qui devait rappeler le soutien des Etats membres à l'intégration des Balkans dans l’UE, mais qui s’est soldé par un échec cuisant. « Nous n'avons rien obtenu », a sèchement résumé le président serbe Aleksandar Vucic, au cours d'une conférence de presse. Pour le Premier ministre albanais, les membres de l'UE « restent assis et offrent un spectacle effrayant d'impuissance ». Il a également conseillé aux Ukrainiens de ne « pas se faire d'illusions » sur le statut de candidat qui leur a été accordé, car le processus pour l'adhésion « sera très long ».

La Serbie, l’Albanie et la Macédoine du Nord avaient d’ailleurs menacé les dirigeants de l’UE de boycotter cette rencontre. Pour quelles raisons ?

Les chefs de gouvernement serbes, albanais et macédonien avaient  initialement annoncé leur intention de décliner l’invitation du Conseil, en signe de solidarité à la Macédoine du Nord, qui voit son processus d’adhésion bloqué par la Bulgarie depuis plusieurs mois déjà. Le  droit de veto accordé à chacun des Etats membres et dont fait  usage la Bulgarie, est vu comme injuste par une partie des Etats des Balkans qui espèrent un jour accéder à l’Union européenne. 


Autre point fort du sommet européen de la semaine dernière : les premiers débats des dirigeants de l’Union  autour de la “communauté politique européenne”. 

Cette idée présentée par Emmanuel Macron lors d’une allocution à Strasbourg le 9 mai dernier, aurait pour objectif de resserrer les liens des nations démocratiques européennes et de renforcer leur coopération politique, sécuritaire et énergétique. Le président français est parvenu à faire inscrire ce projet dans les conclusions du sommet de la semaine dernière juste à temps avant de devoir passer la main de la présidence tournante de l’UE à la République Tchèque. 

Comment cette annonce a-t-elle été accueillie par les différents pays européens  ?

Eh bien les positions des Etats membres et des autres pays européens sont partagées. En effet, pour certains États des Balkans, cette proposition de la France est vue comme un lot de consolation peu attirant. En Ukraine également, l’idée du président français est reçue avec méfiance. 

Le président français à néanmoins tenté de se montrer rassurant.

Tout à fait le sommet de la semaine dernière a été l’occasion pour Emmanuel Macron de présenter plus en détail cette nouvelle communauté européenne. Première mise au point, transmise aux Etats membres en amont du sommet : « La communauté politique européenne ne serait pas une alternative à l’adhésion à l’Union européenne et ne se substituerait pas au processus d’élargissement ». Un projet qui semble attirer certains pays comme la Suisse, qui se montre intéressée par la formation d’une communauté politique européenne.


Intéressons nous maintenant aux réunions dirigées par la présidence française de l’UE. Mercredi dernier, les ministres chargés des questions migratoires se sont réunis pour discuter de la réforme de la politique européenne en matière d’asile. Une priorité annoncée par Emmanuel Macron dès le mois de janvier. 

Effectivement, le Conseil justice et affaires intérieures présidé par le ministre de l'intérieur français Gérald Darmanin, a adopté le 22 juin dernier la première étape de cette réforme de notre système d’asile. Une victoire pour la présidence française qui craignait ne pas avoir le temps de faire avancer ce dossier avant la fin de son mandat.  L’objectif affiché de la réforme : mieux lutter contre les mouvements dits "irréguliers" de migrants au sein de l’Union européenne, en mettant en place, par exemple, une procédure de filtrage aux frontières extérieures de l’Union européenne. 

Autre projet en cours d’élaboration au sein du Conseil justice et affaires extérieures : la création d’un mécanisme volontaire de solidarité entre États membres. 

Oui, à l’origine, la Hongrie, la Pologne ou encore la République Tchèque se sont opposés à l’idée d’un  mécanisme de solidarité obligatoire, destiné à soulager les États en première ligne des flux migratoires. Après de nombreuses discussions, le communiqué de mercredi fait seulement mention d’un mécanisme “volontaire” de solidarité qui consistera en une relocalisation de migrants, ou en une contribution financière. 

Beaucoup d’ONG et de militants des droits humains, reprochent le caractère “anti-immigration” de cette réforme. 

Oui, à commencer par Oxfam qui estime que la Commission européenne “cède devant les gouvernements anti-immigration” de l’Union européenne. En effet, l’intention affichée des États membres d’augmenter les  contrôles aux frontières extérieures de l’UE fait craindre aux ONG davantage de cas de  refoulements de migrants. Des agissements qui sont  déjà largement recensés en Grèce ou à Chypre. 

Les ONG dénoncent également une instrumentalisation du principe de solidarité européenne. 

Effectivement, au micro de France Inter il y a quelques mois, le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, en appelait à la solidarité européenne face au 'défi migratoire’, une insulte au principe de solidarité selon certaines ONG et le réseau Euromed qui regrette une approche "uniquement sécuritaire" du Pacte Asile et Migration européen.

Laura Léger - Violette de Croÿ