D'un regard à l'autre - La jeunesse et l'Union européenne

Ne pas se sentir européen…pour de bonnes raisons !

Ne pas se sentir européen…pour de bonnes raisons !

Alexiane Terrochaire - - Barbançon est responsable d’un dispositif de mentorat à distance, ou digital, pour l’Afev. Elle vous propose une nouvelle chronique, née de la collaboration entre euradio et l’Afev, l’Association de la Fondation Etudiante pour la Ville. Elle s’intitule “D’un regard à l’autre - la jeunesse et l’Union européenne” et vous avez pu entendre quelques extraits de la voix des engagés, dans la bande-annonce.


Aujourd’hui, nous allons poursuivre la discussion avec Alexiane Terrochaire - - Barbançon concernant le sentiment européen. Dans la chronique précédente, nous avons discuté de plusieurs facteurs permettant à un·e citoyen·ne de se sentir européen·ne, tandis que d’autres contrarient le développement de ce sentiment européen…

Tout à fait ! Aujourd’hui, j’ai décidé de chercher pourquoi certain·nes citoyen·nes affirment ne pas se sentir européen·ne…et j’en comprends les raisons, qui sont justifiées à mes yeux.

Quelles sont-elles ?

L’éloignement géographique et symbolique de l’Union européenne, et l’absence ou le peu de discussions en matière d’union européenne dans son cercle proche.

Comment en êtes-vous arrivée à l’identification de ces facteurs ?

De manière inattendue en fait. D’abord, les cinq engagé·es ont pris pour acquis que de toute façon, en France, on entend au moins une fois parler de l’Union européenne à l’école, ou dans ses études, ou chez soi, ou dans les médias. Ils·elles mentionnent néanmoins que c’est parfois trop brièvement. En revanche, ce qui m’a le plus frappé, c’est que tous·tes les engagé·es ont aussi mentionné qu’il faut être volontaire pour creuser la question de l’Union européenne, c’est-à-dire faire des recherches pour soi, ou demander autour de soi.

Vous soulignez donc qu’il existe une différence entre entendre parler de l’Union européenne, et ensuite, creuser la question, s’informer sur l’Union européenne, ce qui constitue une étape supplémentaire, pour avancer sur le chemin du sentiment européen ?

Tout à fait bien résumé ! Ce n’est pas automatique de s’intéresser à l’Union européenne. En réalité, il faut faire la démarche d’aller s’informer soi-même. Néanmoins, lorsque nous sommes éloignés de l’Union européenne, du siège à Strasbourg, ou d’une maison de l’Europe, bien souvent située dans les grandes villes, ou lorsque nous ne pouvons pas directement nous rendre dans un pays européen pour découvrir une nouvelle culture ; et bien, on peut vite renoncer, ou oublier, ou ne pas en voir l’intérêt. Nina mentionne la possibilité de voyager facilement, sans contrôle aux frontières, et de payer en euros : tout le monde n'a pas cette opportunité de constater de ses propres yeux de tels avantages de l’Union européenne.

De plus, vous mentionnez aussi qu’un frein est le manque de discussions dans son cercle proche ?

Oui, si le·la jeune mentionne l’Union auprès de son cercle d’amis, de famille ou à l’école, et que personne ne lui répond, ou qu’on lui répond par une image négative de l’Union européenne, “c’est compliqué”, “c’est loin”, ou “ça ne m’intéresse pas”, c’est couper court à la réflexion du·de la jeune. Ou alors, dans la situation inverse, si l’Union européenne est quelque chose de connu et expérimentée dans le cercle familial, à l’instar d’Alva, dont la famille est européenne, et vit à Bruxelles, le sentiment européen sera clairement plus facilement stimulé.

Pour résumer, les inégalités territoriales ou de moyens menant à un accès difficile à l’Union européenne, et des différences d’intérêt pour l’Union européenne entre les cercles proches peuvent inhiber le développement du sentiment européen, et créer de l’indifférence chez les jeunes.

Cependant, l’avenir de l’UE ne tient pas qu’à cette indifférence : il existe quelques pistes pour stimuler le sentiment européen, comme le rôle des institutions scolaires, et un réseau d’ambassadeurs européens. Nous allons explorer cela la semaine prochaine.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.