Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Ce n’est pas très original de constater que les riches deviennent de plus en plus riches. Mais comment font-ils dans un contexte où l’inflation impacte le pouvoir d’achat de tous, y compris, et je dirais même, surtout, celui des riches.
Vous dîtes plusieurs choses. Tout d’abord, vous soulignez que les riches sont plus impactés par l’inflation que la moyenne de la population.
Oui. L’inflation est réapparue brutalement en 2021 et elle a atteint des sommets autour des 10% en 2021 avant de retomber aux alentours de 3% à l’heure actuelle. Mais certains produits, secteurs et services ont vu leurs prix flamber bien plus que cette inflation moyenne. Ainsi, le coût des chambres d’hôtels, des billets d’avion, des taxis et des sorties au restaurant a grimpé beaucoup plus. Or il s’agit là de dépenses que les foyers les plus aisés font beaucoup plus fréquemment. On peut donc avancer que les plus fortunées ont été impactées de façon disproportionnée par la hausse des prix des dernières années.
Autrement dit, les riches auraient dû devenir moins riches en termes de pouvoir d’achat, comparés aux foyers moyens. Pourtant vous dîtes également qu’ils sont devenus plus riches qu’avant.
Oui. Selon le magazine Forbes, qui traque les milliardaires et leurs patrimoines, la richesse de la tranche la plus aisée de la population a atteint 14,2 trilliards de Dollars en avril 2024. Ce qui représente une hausse de 14% par rapport aux 12,2 trilliards de Dollars dont ces mêmes riches disposaient l’année dernière. Cette augmentation est donc largement supérieure au taux de l’inflation.
Le coût de la vie d’un riche a plus fortement augmenté que le coût de la vie moyenne. Et pourtant ils ont réussi à devenir encore plus riches. Comment peut-on expliquer cette apparente contradiction ?
La première réponse possible serait d’imaginer que les milliardaires aient radicalement réduit leurs dépenses. En remplaçant le caviar par des cacahuètes et leurs Lamborghinis par une trottinette, par exemple. Mais les faits nous obligent à chercher une autre solution. Car Rolls-Royce et Ferrari ont publié des résultats records, croulant sous les commandes. Les hôtels de luxe affichent des taux de remplissage élevés, malgré des prix par nuit qui flambent. Le temps d’attente pour un sac Kelly de chez Hermès ou pour une Rolex se compte plusieurs années.
La seule autre possibilité est alors que leurs investissements aient beaucoup rapporté.
Exact. Et en effet, leurs investissements ont généré des rendements supérieurs à l’inflation. Il faut reconnaître que les ultra-riches disposent de deux atouts majeurs dans le domaine de l’épargne et de l’investissement.
D’abord, ils sont aidés par des spécialistes, typiquement des banquiers privés ou des conseillers en gestion de patrimoine, qui attirent leur attention sur des opportunités de placement. Ils ont un accès privilégié à l’information. Et en plus, ils disposent du capital nécessaire pour pouvoir faire certains investissements qui nécessitent des sommes importantes au départ.
Cela veut dire que l’épargnant moyen ne pourra jamais bénéficier de la même palette de placements possibles ?
En quelque sorte. Mais ce n’est pas pour cela que tout est perdu d’avance. Pour battre l’inflation durant ces dernières il aurait suffit d’investir dans les marchés actions pour une partie de votre épargne. Ce qui peut se faire à partir de quelques centaines d’euros. Encore faut-il vouloir prendre ce risque. Ce qui est plus facile à faire quand on gagne en confiance en finance et quand on accède à l’information financière. Et c’est là où des plateformes digitales peuvent jouer important pour vulgariser les concepts financiers de base et donner accès à des investissements en quelques clics.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
