Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Je vous propose de parler de volatilité. Depuis quelques semaines, notamment suite aux défauts de quelques banques régionales américaines, ce terme est énormément utilisé pour décrire l’état des marchés financiers. Mais ça veut dire quoi lorsqu'on dit que le contexte financier est volatil ?
Excellente thématique. J’imagine que la volatilité est un terme technique qui reflète l’ampleur des mouvements à la hausse et à la baisse d’un actif donné.
Oui tout à fait. La volatilité mesure comment la valeur d’un placement donné varie (ou pas) par rapport à une référence, ou à sa propre moyenne. Elle peut se référer à un investissement particulier, comme une action spécifique, ou à un marché dans sa totalité, comme par exemple le marché des actions françaises.
La volatilité est-elle une bonne ou une mauvaise chose ?
La volatilité jouit d’une connotation plutôt négative. En effet, plus le prix d’un placement fait des montagnes russes, plus l’investisseur·euse voit des chiffres tantôt très dans le vert, tantôt très dans le rouge. Et quand on entend parler de volatilité dans la presse ou à la télévision, c’est typiquement parce que beaucoup de monde voit rouge. C’est notamment le cas lors de grandes périodes d’incertitudes. Dans ces moments-là, les investisseur·euses agissent souvent plus brutalement que d’habitude. Ce fut le cas récemment quand la méfiance vis-à-vis du système bancaire s’est accrue. Beaucoup d’investisseur·euse s ont décidé de réduire leurs expositions aux titres bancaires en même temps, causant les cours de bourse des grandes banques de dégringoler.
Mais les cours de bourse peuvent aussi grimper très vite ?
Oui, tout à fait. La volatilité a aussi des vertus. Quand le cours de bourse d’une action monte fortement, typiquement à l’annonce de bonnes nouvelles. Et même quand les prix des actions baissent, cela crée une opportunité d’achat pour ceux qui croient à leur rebond.
La volatilité n’est donc pas intrinsèquement mauvaise, tout dépend de votre profil d’investisseur, et de la solidité de vos nerfs.
Comment mesure-t-on la volatilité ?
Les marchés financiers sont remplis de statistiques et de données historiques, notamment sur les prix, qui sont retenus de mois en mois, de jour en jour, même de minute en minute. On peut donc aisément retracer l’évolution du prix d’une action donnée et la comparer dans le temps à celle du marché dans son ensemble. Par exemple, on peut comparer l’évolution du cours de bourse de Michelin ou de l’Oréal, à l’évolution de l’indice phare de la bourse de Paris, le CAC40. La différence est appelée l’écart-type, une mesure habituelle de la volatilité.
Quel est le niveau “normal” de volatilité ?
Historiquement, l'écart-type sur la bourse américaine est de 15,6 % en moyenne. Mais le marché peut évoluer pendant de longues périodes à un niveau de volatilité moindre, avant de connaître des pics abrupts.
Que déduire d’une volatilité qui monte ?
La volatilité est souvent décrite comme un indicateur de la peur. En effet, lorsque les incertitudes sont grandissantes, comme par exemple quand un virus inconnu se propage à travers le monde, la nervosité ambiante peut se transformer en panique.
Une volatilité en hausse est donc souvent associée au risque d’une grosse correction de marché. Et historiquement la corrélation est bien positive entre les deux phénomènes.
Faut-il pour autant acheter ou vendre des actions en fonction de la volatilité ? Il nous semble que non. Il est important de reconnaître que
les marchés actions évoluent, à la hausse comme à la baisse, parfois avec accoups. Mais il est très difficile, voire impossible, de “timer” le marché. La volatilité est un facteur avec lequel il faut apprendre à vivre, quand on investit sur les marchés financiers. En se rappelant qu’il s’agit de placements à long terme !
Entretien réalisé par Laurence Aubron.