Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Depuis le début de l’année, les marchés ont été chahutés. Nous en avons déjà parlé lors de nos échanges précédents. Le secteur des valeurs technologiques a particulièrement souffert. Je pensais qu’il pouvait être intéressant d’expliquer pourquoi.
Oui, mais avant de nous donner ces explications, pourriez-vous d’abord justifier votre postulat de départ et illustrer cet écart entre valeurs technologiques et le reste du marché ?
Bien sûr. Une première idée serait d’observer l’évolution de l’indice NASDAQ et de le comparer à celle du S&P500 ou encore l’indice français, le CAC40. En effet, la plupart des sociétés technologiques ont choisi d’être côté au NASDAQ, là où les indices S&P500 et le CAC40 sont bien plus diversifiés et représentatifs de l’économie plus largement.
Et on voit alors que depuis le début de l’année, le NASDAQ a perdu presque 12%, alors que le S&P500 a baissé de 7%, et que le CAC40 résiste plutôt bien dans la tempête, en baisse de seulement 2,6% depuis le premier janvier.
Si on regarde de plus près, on peut constater que ce sont notamment les sociétés technologiques en très forte croissance, mais pas encore profitables qui ont souffert. La banque d’affaires Goldman Sachs a constitué un indice qui tracke la performance boursière spécifiquement de ce type d’entreprises. Et cet indice des sociétés tech non-profitables a perdu plus de 45% depuis novembre dernier, après s’être fortement apprécié durant les trimestres précédents.
D’accord, mais j’aimerais alors connaître ces sociétés technologiques qui - malgré leurs pertes - ont été soutenues avec autant d'enthousiasme par les investisseurs jusqu’à récemment.
Oui le concept peut surprendre, mais vous en connaissez sûrement certains, comme par exemple la société de streaming Spotify, l’application Uber, la plateforme sportive Peloton, le site Pinterest ou encore l’outil de communication Slack. Des entreprises qui, chacune dans leur domaine, cherchent à révolutionner les pratiques traditionnelles et qui ont délibérément mis de côté la recherche de profits afin de viser la croissance avant tout.
Très bien. Penchons-nous alors sur les raisons qui ont spécifiquement pesé sur les sociétés technologiques cotées en bourse. J’imagine qu’une des explications se trouve dans la nature peut-être plus risquée de leurs activités ?
Oui tout à fait. Cela fait sans doute partie des explications. Les entreprises comme Uber ou WeWork sont plus jeunes et leurs modèles d’affaires restent encore à être validés. Lorsque le contexte de marché est généralement positif et optimiste, ce type d’entreprise, à forte croissance et innovants, attirent les investisseurs, désireux de parier sur les champions de demain. Mais quand l’environnement économique devient plus compliqué à lire et que des risques macro-économiques se présentent à l’horizon, ce sont les placements les plus spéculatifs dont les investisseurs se séparent en premier.
Et ces valeurs technologiques, au même titre que les crypto-monnaies, en font partie.
Je sens un “mais”. Il y a-t-il d’autres raisons qui ont fait que les cours de bourse de ces boîtes technologiques ont dévissé ?
Oui, la hausse des taux. En effet, si vous investissez dans une société qui réalise des pertes aujourd’hui, mais dont vous pensez qu’elle générera d’importants bénéfices dans le futur, vous devez analyser deux éléments. Premièrement, vous devez vous faire une idée des bénéfices futurs de l’entreprise.
Et deuxièmement, leur assigner une valeur aujourd’hui. Dit simplement, il vous faut estimer combien valent aujourd’hui, 100 millions d’euros de bénéfices qui seront réalisés dans 5 ou 10 ans. Et pour faire ce calcul, la théorie financière veut que vous appliquez un taux d’actualisation. Plus le taux d’actualisation est élevé, plus il réduit la valeur accordée aujourd’hui aux bénéfices futurs. Or les taux d’intérêt, notamment en Dollars, se sont mis à grimper depuis quelques mois, en anticipation de hausse des taux directeurs par les banques centrales. Et cela pèse directement sur les valeurs de la tech.
Marc Tempelman au micro de Laurence Aubron
Chaque semaine, nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons avec lui de finance.
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