L'éco de Marc Tempelman

Le greenwashing fait mal - L'éco de Marc Tempelman

Le greenwashing fait mal - L'éco de Marc Tempelman

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Je vous propose de parler de greenwashing. Littéralement, ce terme anglais se traduit par “le lavage en vert”. Il désigne la pratique relativement courante de grands dirigeants d’entreprises de se déclarer en faveur de lutte contre le réchauffement climatique, sans réellement changer leurs pratiques. Une sorte de maquillage afin d'embellir la réputation de leur société, de façon cynique. 

Sujet intéressant en effet. Qu’est-ce qui vous a conduit à nous en parler aujourd’hui ? 

J’aborde le sujet aujourd’hui parce que la semaine dernière, une affaire de greenwashing a éclaté au sein de DWS, une gigantesque société de gestion de fonds. A tel point qu’elle a provoqué la démission de son PDG. 

Comment cette affaire a-t-elle éclaté ? 

Cela a commencé par les accusations d’une ancienne employée de la société de gestion, une certaine Désiree Fixler qui accuse son ancien employeur de très largement exagérer sa position 

pro-environnementale. En occurrence, dans son rapport annuel de 2020, DWS déclare que plus de la moitié de ses actifs sous gestion étaient investis selon des critères respectant les principes ESG, c’est-à-dire Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance. 

Et ce n’était pas le cas ? 

À priori, pas vraiment. L’enquête doit encore le prouver, mais mardi dernier, une cinquantaine de policiers allemands ont fait des descentes dans les locaux de DWS et de son actionnaire principal, la Deutsche Bank, pour collecter des données et saisir des ordinateurs. Le tout, à la demande de la Bafin, le régulateur bancaire allemand.

Quelques heures plus tard, le PDG de DWS, Asoka Wohrmann, a démissionné. 

La société de gestion a-t-elle admis avoir exagéré ses investissements éco-responsables ? 

Non, mais de façon révélatrice, alors qu’elle avait indiqué gérer 459 milliards d’euros d’investissements qui intégrait les principes ESG en 2020, son rapport annuel pour l’année suivante ne fait référence qu’à 115 milliards d’euros de placements labellisés ESG. Une baisse de 75% par rapport à l’année précédente ! 

Quelles sont les conséquences de cette affaire ? 

Très directement, le cours de bourse de DWS perds plus de 6% en une journée, et celui de Deutsche Bank plus de 1%. C’est un signal très clair envoyé aux dirigeants des grandes entreprises qu’il peut être très coûteux de prétendre être “vert” sans vraiment adopter des méthodes éco-responsables. 

Surtout que les autorités américaines ont également ouvert une enquête, car le sujet du greenwashing les préoccupe de plus en plus. Nous savons tous que les pénalités imposées par la fameuse Securities and Exchange Commission peuvent s’avérer très sévères. 

Comment ces régulateurs peuvent-ils lutter contre le greenwashing ? 

La SEC prépare actuellement des standards de marché plus clairs et uniformes, afin de définir ce qui tombe sous la qualification d’un placement ESG. Et elle punira toute société de gestion qui abusera des termes “investissement socialement responsable” ou “placement durable”. 

Elle sera particulièrement vigilante sur la façon dont les produits d’investissement labellisés ESG sont vendus et comment les gestionnaires expriment leurs votes aux assemblées générales des sociétés dans lesquelles ils ont investi.

Toutes les chroniques philo d'Alain Anquetil sont disponibles ici

Marc Tempelman au micro de Laurence Aubron