L'éco de Marc Tempelman

Le coronavirus et les marchés, l'édito de Marc Tempelman

Le coronavirus et les marchés, l'édito de Marc Tempelman

Bonjour Simon. Je pensais qu’il pouvait être pertinent de discuter du Coronavirus et d’expliquer comment ce nouveau virus impacte les marchés. Le déclenchement et la propagation de cette maladie, et les mesures draconiennes prises par les autorités chinoises ont bien sûr capté l’attention du monde entier, et – d’un point de vue économique – ont commencé à faire sentir leurs effets sur les marchés boursiers.

Très bien. Pourtant les marchés se portaient plutôt bien depuis le début de l’année, non ?

Absolument Simon. De nombreux économistes et analystes financiers pointent du doigt les valorisations élevés des marchés en général, c’est-à-dire que de nombreux experts estiment que les actions et les obligations s’échangent à des niveaux de prix historiquement élevés. Néanmoins, malgré la tension géopolitique qui a suivi le récent assassinat du général Iranien par les Etats-Unis, la volatilité restait très basse. C’est-à-dire que d’un jour à l’autre, les prix des actifs ne changeaient que très peu. L’indice S&P 500 par exemple n’avait ni monté ni baissé de plus d’un pourcent par jour depuis plus de 3 mois.

D’accord, et l’apparition de ce Coronavirus est venu tout chambouler ?

Il est encore trop tôt pour l’affirmer, mais en tout cas, ce virus constitue sans aucun doute un facteur qui pourrait impacter la tranquillité apparente des marchés et être le déclencheur d’un mouvement de correction des prix. 

Pourquoi une maladie, certes virulente mais qui affecte notamment la Chine pourrait-elle avoir un tel impact sur les marchés actions à travers le monde ?

Pour répondre à votre question, plusieurs facteurs sont à prendre en compte. Premièrement, oui, le foyer du virus est très clairement en Chine, dans la mégapole de Wuhan. La mise en place de mesures de quarantaine drastiques pèsera sans doute sur la consommation et donc sur l’économie locale. On peut aisément comprendre que des restrictions de déplacement justement durant la période des célébrations du nouvel an Chinois impacteront fortement l’industrie des transports, par exemple. 

Et il se trouve que la Chine est un des moteurs de l’économie mondiale. La fermeture de sites touristiques comme la Muraille de Chine ou Disneyland à Hong Kong, la fermeture de cinémas ou encore de tous les restaurants McDonald dans de nombreuses grandes villes du pays vont tous peser sur la consommation de biens et l’industrie du tourisme et donc sur l’économie Chinoise dans son ensemble.

Par ailleurs la maladie s’est propagée au-delà des frontières Chinoises, avec des cas avérés aux US, en France, au Canada, en Australie at au Japon. Taiwan a d’ailleurs décidé de refuser l’entrée sur son territoire de tous les visiteurs en provenance de la Chine.

Donc il est compréhensible que certains investisseurs se mettent à anticiper un ralentissement économique potentiel et concluent que le moment pourrait être venu d’alléger leurs portefeuilles. 

Et enfin, c’est justement lorsque les marchés ont connu une période de calme et de volatilité historiquement basse, que le moindre déraillement peut se traduire par des conséquences plus drastiques. Car de nombreux investisseurs institutionnels étaient positionnés pour que cette situation de calme relatif perdure. Aux premiers signes d’une correction des marchés, ces mêmes investisseurs pourraient changer d’avis, déboucler leurs positions « à la hausse » et ainsi rajouter de l’huile sur le feu et amplifier la baisse des cours. 

Doit-on conclure que nous sommes à la veille d’un krach boursier ?

C’est évidemment la question que certains se posent. Je ne peux pas y répondre, mais je préconise de ne pas céder trop vite à la panique, car même si les images à la télévision sont impressionantes, il faut garder quelques chiffres en tête. Selon le gouvernement Chinois, à la fin du weekend quelques 2000 cas d’infection avaient été enregistrés, résultant en 56 décès. Bien que cela soit évidemment extrêmement malheureux pour les personnes concernées, il y a environ 10 000 personnes qui meurent de la grippe tous les ans en France. En outre, la Chine a connu un cas similaire dans son passé récent quand avec l’épidémie du SARS en 2003. Détectée en février, cette épidémie fut stoppée en juillet de la même année.