Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
Les marchés boursiers sont en chute libre depuis l’escalade de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Les investisseurs s’inquiètent. Pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe ?
Bien sûr. La situation actuelle est le résultat d’une série de tensions économiques et géopolitiques. Les droits de douane réciproques imposés par les États-Unis et maintenant aussi la Chine ont créé une incertitude majeure. Cela entraîne des craintes de ralentissement économique mondial, de hausse de l’inflation et de réduction des échanges commerciaux. Ces facteurs ont provoqué une vague de ventes massives, particulièrement sur les actions des entreprises exposées à ces mesures, comme Apple ou Amazon mais aussi les grandes banques, qui ont toutes perdu environ 10 % en quelques jours.
Peut-on parler d’une crise boursière ? Et que signifie cette situation pour les investisseurs ?
Oui, on peut parler d’une crise boursière, ou d’un marché "bear", c’est-à-dire orienté à la baisse. Ces crises sont inhérentes aux cycles financiers et peuvent provoquer des réactions émotionnelles dangereuses, comme vendre dans la panique. Cela transforme des pertes potentielles en pertes réelles. Il est crucial pour les investisseurs de rester calmes et rationnels.
Quels conseils donneriez-vous aux investisseurs pour gérer cette situation ?
Tout d’abord, ne cédez pas à la panique. Il est important de prendre du recul et d’évaluer vos investissements en fonction de leurs fondamentaux. Par exemple, demandez-vous si les entreprises dans lesquelles vous avez investi ont vu leur potentiel de croissance réellement affecté. Ensuite, évitez de suivre aveuglément les informations alarmistes diffusées par les médias ; elles peuvent amplifier votre stress.
Est-il judicieux de réorienter son portefeuille vers des actifs défensifs ?
Oui, mais avec prudence. Les actifs défensifs comme l’épargne bancaire réglementée (Livret A, LDDS), les fonds euros dans l’assurance-vie ou même l’or peuvent offrir une stabilité en période de crise. Par exemple, certains fonds euros ont généré jusqu’à 4 % en 2024. Cependant, avant tout ajustement, il faut analyser rationnellement si votre stratégie initiale reste adaptée au contexte actuel.
La diversification reste-t-elle une stratégie clé dans ce type de situation ?
Absolument. Diversifier vos investissements entre différentes classes d’actifs — actions, obligations, immobilier, or — permet d’amortir les chocs sur une seule catégorie. La diversification géographique est également essentielle pour limiter l’impact des crises localisées. Enfin, il est utile de diversifier par secteur : alors que les géants de la tech souffrent actuellement, des secteurs comme la santé ou les biens de consommation restent relativement stables.
Et concernant les versements réguliers ? Faut-il continuer malgré la volatilité ?
Oui, c’est même conseillé ! La stratégie du Dollar Cost Averaging (DCA), qui consiste à investir une somme fixe régulièrement, permet de profiter des baisses du marché pour acheter à moindre coût. Warren Buffett lui-même considère ces périodes comme des "soldes" pour acquérir des actions solides à prix réduit. Si vous avez déjà mis en place des versements automatiques, continuez-les sans hésitation.
En conclusion, quel message souhaitez-vous adresser aux investisseurs ?
Restez calmes et disciplinés. Ne prenez pas de décisions dictées par l’émotion. Diversifiez votre portefeuille et maintenez vos contributions régulières pour tirer parti des opportunités offertes par le marché à long terme. Une crise boursière peut être transformée en opportunité si elle est gérée avec rationalité et stratégie.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.