Chaque semaine sur euradio, retrouvez Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee, qui traite les sujets et les actualités de la finance.
De quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour. Cela fait maintenant presque 10 mois que nous sommes dans un marché baissier. Les spécialistes appellent cela un marché bear, l’ours étant un prédateur qui attaque en donnant des coups de griffe de haut en bas. Il serait évidemment très utile de pouvoir identifier le creux de la vague et de pouvoir prédire le moment où cette tendance baissière s’inversera.
Oui, en théorie évidemment, mais personne ne peut prédire l’avenir. Donc pourquoi cela vous semble pertinent de parler de ce sujet ?
Vous avez raison. Évidemment on ne peut pas identifier avec précision le moment où la baisse des marchés s’arrêtera, pour s’orienter à nouveau à la hausse. Mais l’étude des fortes corrections de marché du passé pourraient nous permettre de se forger une opinion sur la durée de celle que nous vivons depuis le début de l’année.
Très bien, faisons cet exercice. Que nous apprennent les crises financières du passé ? Commençons peut-être par la durée et l’ampleur de ces baisses de marché historiques.
Prenons l’indice phare des marchés actions aux États-Unis, le S&P 500. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, cet indice a connu 18 corrections majeures, c’est-à-dire des baisses de plus de 15% par rapport au dernier pic. En moyenne, les phases de baisse ont duré 12 mois, pour se solder par une baisse de 30,6% par rapport au dernier sommet. Sur cette base, nous pourrions nous dire que nous nous rapprochons de la fin. Car cela fait maintenant 10 mois que le S&P 500 est orienté à la baisse, affichant une chute de 29,2%.
Je sens un mais. Il y-a-t-il d’autres indicateurs qui contredisent cette première estimation ?
Il y a au moins deux “mais”. Premièrement, en observant les crises du passé, nous constatons que les valorisations des entreprises cotées étaient tombées à un multiple de 12,7 fois les bénéfices. Or aujourd’hui ce multiple est encore de 16,4 fois les bénéfices. Par ailleurs, lors des corrections précédentes, les bénéfices par action se sont réduits de près de 15%. Aujourd’hui cet indicateur est inchangé. Les entreprises continuent de délivrer des profits stables par rapport au passé.
Deuxièmement, on parle de moyennes pour l’ensemble des critères. Or, il est dangereux de se fier aux moyennes, quand on observe que les écarts par rapport à celles-ci ont pu être importants.
Pourriez-vous nous donner un exemple ?
Oui. Les phases de baisse de marché ont duré 12 mois en moyenne. Mais vous vous souvenez peut-être de l’effondrement brutal des marchés au mois de mars 2020, provoqué par le risque de pandémie mondiale. Les prix des actions se sont envolés en avril, sous l’effet des plans de soutien massifs annoncés par les gouvernements américains et européens. La crise n’aura duré qu’un mois.
Donc il est impossible de prédire la fin du marché baissier dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui ?
Oui, mais cela ne rend pas notre analyse complètement futile. D’abord elle nous permet de nous rappeler que les marchés baissiers ont une fin, et finissent par rebondir. L’ours du marché bear finit toujours par se faire remplacer par le taureau du marché bull.
Et comme il est impossible d’identifier le creux de la vague, l’étude du passé permet aussi de se préparer au mieux pour le retournement. Si l’on croit au rebond à venir, les mois qui le précèdent constituent statistiquement des points d’entrée attractifs. Pour éviter de passer à côté de la hausse future, une tactique pertinente peut être d’investir une certaine somme fixe de façon régulière. Par exemple en procédant à des versements mensuels automatisés.
Chronique réalisée par Laurence Aubron.