Nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux, via son application d’épargne simple et sécurisée. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?
Bonjour Simon. Une question que de nombreux clients chez Cashbee nous posent est « Est-ce que c’est le bon moment pour investir ? » ou « Quand est-ce un bon moment pour investir ? ». Je pensais que nous pouvions nous pencher sur ces questions qui préoccupent de nombreux épargnants et essayer d’y répondre en quelques minutes aujourd’hui. Qu’en pensez-vous ?
Très bien, allons-y. Alors… est-ce qu’aujourd’hui c’est le bon moment pour investir ?
La réponse très courte est « Oui », sous certaines conditions, mais j’aimerais d’abord essayer d’expliquer pourquoi la question est si souvent posée, surtout dans les dernières semaines. Dans le passé récent, énormément d’indicateurs pourraient faire craindre une forte correction à venir sur les marchés boursiers, qui viennent d’atteindre des niveaux records. Il y a, sur le plan macro-économique la tension commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui pourraient peser sur le niveau des échanges entre ces deux grandes nations. Il y a aussi le Brexit, qui, s’il devait se faire de façon dure, pèserait sans doute sur l’économie Brittanique mais aussi sur la croissance en Europe, déjà très faible. Et puis il y a tout simplement le fait que les marchés actions ont connu une période de hausse plus ou moins constante depuisSelon la théorie des cycles économiques, une correction serait donc toute naturelle. Nous sommes donc en droit de se poser la question.
Oui, on pourrait même défendre le point de vue qu’aujourd’hui est le pire des moments pour investir, et qu’il vaut mieux attendre le prochain krach pour acheter à un niveau plus bas non ?
C’est un point de vue assez répandue. Mais cette position à des inconvénients majeurs. Premièrement, si on peut dire avec confiance qu’il y aura bien une correction de marché un jour, personne ne sait exactement quand elle aura lieu. Et en attendant qu’elle se produise, votre argent, non-investi, perds de la valeur, car il ne gagne rien sur votre compte en banque, alors que l’inflation ronge son pouvoir d’achat. Deuxièmement, l’horizon d’investissement prend toute son importance. Si vous aviez décidé d’investir en bourse en Septembre de l’année dernière quand l’indice du CAC40 atteignait les 5500 points et de vendre à la fin de l’année, alors que l’indice était tombé à 4600 points vous auriez effectivement perdu plus de 16%. Mais si cet investisseur, qui aurait pourtant investit « au plus haut », avait gardé son placement jusqu’à aujourd’hui, alors il serait dans le vert, avec un bénéfice théorique de 4% puisque le CAC40 a maintenant atteint les 5750 points. Dit autrement, lorsqu’on sait que l’on n’a pas besoin de son épargne dans les quelques années à venir, alors les mouvements, parfois violents, mais de courte durée, ne devraient pas inquiéter l’investisseur à long terme. Dit autrement, bon nombre d’épargnants se laissent influencer par les titres parfois alarmistes de la presse ou le journal de 20 heures, lors que les marchés baissent, cèdent alors à la panique, et vendent à perte. Dans ces instances, il faut se rappeler que les investissements avaient été faits pour le long terme et que les mouvements de marché à court terme ne changent rien à votre objectif. L’investissement à long terme constitue donc une de ces fameuses conditions auxquelles vous faisiez référence en introduction.
Exactement. Aujourd’hui est bon jour pour investir sur les marchés, mais à quelques conditions. La première est en effet de ne pas avoir besoin de l’argent investi à un horizon court, disons dans les 3 ans à venir. Pour ces durées-là il vaut mieux placer son épargne en fonds monétaires ou sur un compte rémunéré (via Cashbee). La seconde qu’il ne faut pas non plus qu’il s’agisse de votre premier euro d’épargne, puisque la première somme d’argent que l’on met de côté à vocation à être utilisée en cas de coup dur. Cet argent doit donc être disponible en permanence et ne pas être placé sur des supports à risque. Dernier point, il nous semble important de diversifier ses placements, mais ce sujet
mérite une chronique à lui tout seul. Revenons peut-être sur le bon timing pour investir sur les marchés.
D’accord. Je crois que vous avez répondu à la question, pour vous le meilleur moment d’investir est aujourd’hui, puisqu’on ne sait pas de quoi le futur est fait. Mais ne pourrait-on pas se fier à des experts pour déterminer le bon timing de ses placements ?
C’est une fausse bonne idée. Une équipe de chercheurs de Dow Jones a évalué la performance des 2862 gestionnaires de fonds qui avaient affiché les meilleures performances en 2010. Sur ces 2862 fonds seuls 2 ont généré une surperformance en 2011. En d’autres termes, les experts, souvent très bien rémunérés, ne savent pas mieux ce que le marché va faire et comment les prix vont évoluer. Car personne ne sait ! Donc pour avoir l’espérance de performance la plus grande, autant investir aujourd’hui, car votre argent sera mis au travail tout de suite. Mais peut-être pas la totalité de son épargne d’un coup. Car puisque personne ne connaît le meilleur moment pour acheter ou vendre, une bonne approche consiste à mettre de côté et investir régulièrement, par exemple EUR 100 par mois. Evidemment, parfois vous investirez à un « mauvais moment », mais il y aura forcément des très bons points d’entrée également.
Pour illustrer ce point, imaginons que vous aviez investi en bourse juste avant la crise de 1929. Sans rajouter à vos placements, il vous aurait fallu plus de 25 ans pour récupérer votre investissement initial. Mais si vous aviez continué d’investir en bourse en début d’année tous les ans après cela, vous auriez récupéré votre mise en moins de 7 ans, et généré beaucoup de bénéfices dans les années suivantes.