L'éco de Marc Tempelman

Les épargnants allemands : l'édito de Marc Tempelman

Les épargnants allemands : l'édito de Marc Tempelman

Bonjour Simon. Sur les ondes d’Euradio, quoi de plus naturel de parler un peu des habitudes d’épargne de nos voisins Allemands et de les comparer en quelques minutes au comportement des Français en la matière ?

Excellente idée. Alors, ils épargent comme nous les Allemands ?

Dans les grandes lignes, absolument. Les Allemands sont – comme nous – en moyenne très conservateurs quand il s’agit de placer leur épargne. La preuve en est qu’ils ont l’année dernière, comme nous, rajouté beaucoup d’argent sur leurs comptes courants. Pour l’illustrer en quelques chiffres, les dépôts sur les comptes courants ont augmenté de 8,5% pour les amener à un volume total de 1,8 trilliard d’euros.

Pour rappel, les Français disposent de 400 milliard d’euros sur leurs comptes courants, auxquels nous pouvons rajouté 200 milliards de plus qui se trouvent sur des comptes d’épargne classiques. Quel que soit la façon dont on analyse les chiffres, la masse d’argent qui dort sur les comptes courants en Allemagne dépasse très largement celle en France.

Et dans cette comparaison, il y a d’autres similitudes ?

Oui tout à fait. Comme nous, les Allemands épargnent beaucoup en proportion des leurs revenus. Selon l’organisme Eurostat, ils sont même les champions de l’épargne en Europe avec un taux d’épargne qui dépasse les 18%, ce qui est à peu près le double de la moyenne européene et quelques points de plus que le taux de 14% des Français, qui se situent pourtant dans le haut du tableau.

Comme nous, les épargnants Allemands n’aiment pas prendre de risques et investissent donc très peu en bourse. Une étude de la banque allemande DZ Bank a démontré que seul 7% de l’épargne allemande est investi en actions, avec un maigre 11% supplémentaire qui est placé dans des fonds d’investissement.

Et comme nous, dans ma mesure où la plupart des comptes à terme ne paient que des intérêts très faibles, ils laissent dormir des sommes de plus en plus importantes sur leurs comptes courants.

Et n’y-a-t-il pas de différences à souligner, entre l’épargnant Allemand et l’épargnant Français ?

Il y aurait plutôt des différences notables à souligner dans les alternatives de placement d’un pays à l’autre. En France, les ménages bénéficient de l’existence de deux produits ultra-sécurisés et avantageux fiscalement que sont le Livret A et le fonds assurance vie en Euros. Dans les deux cas, l’épargnant sait que son capital est garanti et qu’il recevra un rendement positif, qui est tombe à 0,50% pour le Livret A et aux alentours de 1,20% pour le contrat assurance vie en Euros. Nos voisins outre-Rhin ne disposent pas de ces alternatives.

Ils font donc dormir leur argent sur des comptes courants non-rémunérés, c’est-à-dire sur lesquels ils ne perçoivent aucun intérêt, ou même, et de plus en plus fréquemment, sur lesquels la banque leur applique un taux d’intérêt négatif. C’est-à-dire qu’une partie des dépôts allemands sont facturés.

Aie. Deux questions me viennent alors à l’esprit. Comment en est-on arrivé là et est-ce que cela pourrait arriver en France prochainement ?

Le phénomène des taux négatifs est la conséquence de la politique monétaire mené par la Banque Central Européenne, ayant pour but de stimuler la croissance économique en Europe. Et cette politique n’a pas que des conséquences négatives, mais il est vrai qu’elle a poussé certaines banques allemandes à transférer le taux négatif qui leur est appliqué, à certains de leurs clients, notamment à ceux qui laissent dormir des sommes importantes de dépôts sur leurs comptes courants, et dont la banque ne sait que faire.

Même si certaines banques privées réfléchissent à la mise en place de systèmes de facturation des dépôts des clients, nous ne pensons pas que le dépôt moyen dont vous disposez sur un compte dans une grande banque de détail soit à risque de se faire ponctionner de sitôt. Cette pratique aurait un impact psychologique important et ferait sans doute débat dans l’opinion publique, ce que les grandes banques ne recherchent pas.

Il n’en reste pas moins que le nombre de solutions d’épargne sûres, liquides et qui rémunèrent encore un peu se réduit progressivement, et c’est sans doute un facteur qui contribue à l’afflux d’épargnants prudents que nous recevons chez Cashbee depuis le début de l’année.