Cette semaine, avec Marc Tempelman nous parlons de l’intérêt pour les épargnants de diversifier leurs placements.
Tout à fait. Je souhaitais revenir avec vous sur le vieil adage qui dit qu’il ne faut jamais mettre ses œufs dans le même panier. En matière d’investissement, cela peut faire sens instinctivement, mais peut-on le démontrer ? Et si oui, que faire de cette information !
Très bien, allons-y pour la démonstration d’abord. Faut-il que je sorte ma calculette ?
Pas tout suite, car de nombreux économistes et analystes financiers ont déployé beaucoup d’efforts pour vulgariser les concepts mathématiques qui démontrent l’attrait de la diversification. Il y a une étude notamment, publiée régulièrement par Bank of America, qui me semble très pertinente en la matière.
Je crois que je l’ai déjà vu quelque part. C’est une analyse qui compare les rendements des différents types de placements, et cela d’une année sur l’autre, n’est-ce pas ?
Absolument. Pour utiliser des termes un peu techniques, les analystes de la banque américaine calculent la performance de chaque classe d’actifs, pour une année donnée. Ils classent ensuite ces classes d’actifs – comme par exemple les actions américaines, les obligations étatiques, l’or, les matières premières ou encore l’immobilier - de haut en bas, de la plus performante à la moins rentable. Cela crée visuellement de jolies colonnes, qui sont alors juxtaposées pour vous permettre de comparer les années entre elles.
Très bien, je comprends la méthode. On se retrouve donc avec un tableau qui classe par année les types d’investissement, allant des meilleurs placements en haut, vers les pires, en bas de la pile. Et que nous apprend ce tableau ?
La constatation immédiate que nous pouvons faire en observant ce tableau est que les classements changent radicalement d’une année sur l’autre. Dit autrement, les classes d’actifs qui ont le mieux performé une année donnée, se retrouvent fréquemment en milieu ou même en bas de tableau l’année d’après.
En 2008 par exemple, l’année de la crise financière, il était idéal d’être investi en US Treasuries, les bons du Trésor américain. Pendant que les marchés actions s’écroulaient, ce placement vous aurait rapporté 14%. Mais en 2009, c’était le pire élève de la classe, et alors que les indices boursiers repartaient à la hausse, les bons du Trésor US vous auraient fait perdre 3,7% en 2009.
L’année dernière, un placement en matière premières était la pire des idées, puisque cette classe d’actif a affiché un rendement négatif de moins15%. En revanche, j’espère pour vous que vous avez eu la bonne idée d’investir dans le cuivre, le fer et le zinc depuis le début de l’année, car les matières premières sont en hausse de 20% à date.
Ce qui plaide donc en faveur de la diversification. Comme on ne sait pas d’avance quelle classe d’actif va performer dans le futur, autant placer sur de nombreux types d’investissement différents, c’est bien ça ?
Oui, mais avec quelques nuances. Premièrement, si l’argent déposé sur un compte bancaire ne figure presque jamais dans le haut du tableau, il n’affiche pas de rendements négatifs non plus. L’argent qui dort sur un livret bancaire ou sur un livret A possède au moins un grand avantage, qui est que le montant mis de côté sur ces supports n’est pas à risque. Donc il est toujours bon d’avoir un peu de liquidités, certes très peu rentables, mais sûres et disponibles en cas de coup dur.
Oui, la fameuse épargne de précaution. Mais pour le reste, c’est-à-dire pour notre épargne longue, il s’agit bien de diversifier. Question pratique, comment faire ?
C’est la question à 300 milliards d’euros, qui est la somme que les Français laissent dormir sur leurs comptes courants, à 0% de rendement. Souvent faute de temps, mais aussi par manque de confiance et de connaissances en finance. Car je suis d’accord avec vous, on peut comprendre le concept et les avantages de la diversification rapidement, mais encore faut-il savoir où et comment se procurer des bons du Trésor américains, de l’or, ou encore des placements immobiliers.
La réponse à votre question est donc double. Soit vous êtes très à l’aise en finance, et vous disposez de suffisamment de temps pour vous en occuper vous-même. Vous pourrez alors composer votre portefeuille de placements diversifiés et en ajuster au fil du temps la composition, en fonction des évolutions de marché et de votre profil de risque.
Soit vous êtes moins confortable face à l’épargne et vous ne souhaitez pas y consacrer une partie de vos weekends. Sachez que des solutions existent pour diversifier votre épargne longue néanmoins. Vous pouvez par exemple vous faire conseiller par des spécialistes. Ou encore vous tourner vers la gestion pilotée en assurance vie. Dans ce second cas, vous définissez avec votre assureur les grandes lignes de vos placements ainsi que votre profil de risque. Il s’occupera alors de gérer votre portefeuille au quotidien.
Laurence Aubron - Marc Tempelman
Chaque semaine, nous accueillons Marc Tempelman, un des co-fondateurs de la FinTech Cashbee, qui aide les Européens à épargner plus et mieux. Nous discutons avec lui de finance.
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Image par ziodanilo de Pixabay