L'éco de Marc Tempelman

La parité paie

Jason Goodman / Unsplash La parité paie
Jason Goodman / Unsplash

Nous accueillons Marc Tempelman, le cofondateur de l’application d’épargne gratuite Cashbee. Nous discutons toutes les semaines de finance. Bonjour Marc, de quoi allons-nous parler aujourd’hui ?

Bonjour. Aujourd’hui j’aimerais aborder avec vous le sujet de la parité au sein des entreprises, à la lumière d’une étude récente, publiée par le géant de la gestion d’actifs Blackrock.

Très bien. Avant de parler des conclusions de cette étude, comment a-t-elle été conduite ?

Les équipes de Blackrock ont étudié la performance financière de 1250 grandes entreprises dans le monde qui publient des statistiques sur la composition de leur personnel de façon régulière et relativement comparable. Et cela, sur une période allant de 2013 à 2022. Les conclusions sont sans appel.

Est-ce que les sociétés qui se rapprochent de la parité entre les sexes surperforment les autres ?

Oui, et très nettement d’ailleurs. Les 1250 entreprises ont été distribuées en quintiles. Et les 20% les plus paritaires ont, en moyenne, délivré un retour sur actif de 7,7% par an. Pour les entreprises dont les équipes sont proportionnellement les plus masculines, ce retour tombe à 5,6% et pour les sociétés dont le personnel est surtout féminin, ce pourcentage est de seulement 6,1%.

Autrement dit, il existe une corrélation positive claire entre l’équilibre entre hommes et femmes au sein d’une entreprise et sa performance financière.

Et cette conclusion se maintient lorsqu’on applique l’analyse au niveau d’un pays individuel ou par secteur industriel.

Enfin, cette corrélation augmente lorsque la parité est notamment significative parmi les équipes génératrices de revenus, les équipes d’ingénieurs et les postes bénéficiant des plus hauts salaires.

Est-ce que cette analyse a permis de mettre d’autres liens entre équité sociale et performance financière ?

Absolument. Ainsi le rapport met en évidence que les sociétés qui permettent aux femmes de prendre des congés maternité plus longs délivrent une performance financière meilleure que celles où les congés maternité sont plus courts.

Il semblerait qu’un congé maternité long fasse partie des mesures qui favorisent la constitution d’une culture d’entreprise positive. L’employeur envoie ainsi un signal fort qu’il valorise ses employés, qui ne sont pas considérés uniquement comme la force de travail de la société.

J’imagine que ce type d’études fait partie des efforts plus larges que de nombreux investisseurs font dans les domaines ESG, c’est-à-dire les critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance ?

Oui totalement, et le timing du rapport ne pouvait pas mieux tomber. Car Blackrock et de nombreux autres gestionnaires de fonds ont récemment été critiqués pour donner trop d’importance à ces critères extra-financiers.

Certains épargnants leur reprochaient de s’être trop écarté de la mission première d’un gestionnaire de fonds, qui est de maximiser le rendement financier. Les plus conservateurs parmi ces critiques sont allés jusqu’à proposer des lois pour interdire aux gérants d’utiliser l’ESG dans leurs processus d’investissement.

Je comprends votre observation. Ce rapport sur la parité souligne tout simplement que l’équilibre entre hommes et femmes au sein d’une entreprise est statistiquement favorable pour ses actionnaires.

Exactement. Ce type d’analyse permet donc aux gestionnaires de soutenir que leur obligation fiduciaire les conduit logiquement de prendre la représentation des genres en considération, avant d’investir dans telle ou telle entreprise.

Entretien réalisé par Laurence Aubron.