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Les gigafactories, l’attraction du moment pour les entreprises et les investisseurs - Smart for climate #39

Les gigafactories, l’attraction du moment pour les entreprises et les investisseurs  - Smart for climate #39

Cela se voit désormais partout : les voitures électriques font l’objet d’un engouement impressionnant chez les constructeurs automobiles. En conséquence des projets de construction de gigafactory fleurissent un peu partout en Europe.

D’abord qu’est-ce qu’une gigafactory ?

Effectivement on voit partout des publicités pour les nouvelles gammes de voitures électriques chez tous les constructeurs automobiles, pour cela évidemment le développement de la production de batteries devient vital. Le concept de gigafactory est apparu en 2014 lorsque l’entreprise Tesla s’est mise à construire elle-même ses batteries de voiture dans des usines pour faire des économies d’échelle. Giga recouvre deux aspects : les gigawatts produits, référence aux batteries, et la taille gigantesque de l’usine. Aujourd’hui plusieurs constructeurs automobiles ont décidé de se mettre dans les roues de Tesla et de suivre un modèle similaire.

Alors justement qu’est-ce qui pousse les constructeurs automobiles à se lancer dans la course aux gigafactories ?

Je vois deux raisons : d’une part, la régulation européenne impose déjà et va continuer d’imposer des normes de plus en plus strictes sur la pollution des nouveaux véhicules en vente. La vente de nouveaux véhicules à moteur thermique sera interdite en 2035.Ce mouvement impose des investissements massifs et rapides. D’autre part les performances financières de l’entreprise Tesla, une pionnière dans ce domaine, sont extrêmement impressionnantes. Elles ne peuvent que pousser les constructeurs automobiles à suivre le même modèle, c’est-à-dire à devenir non seulement fabricants de véhicules mais aussi de batteries. 

Alors qui investit dans les gigafactories ? Y a-t-il des projets en Europe ? 

L’Europe est un territoire sur lequel les projets de construction de gigafactories sont nombreux. Ces projets coûteux se font généralement à plusieurs. Volkswagen s’est alliée au constructeur de batteries suédois Northvolt pour développer des gigafactories en Allemagne et en Suède. Ils fourniront Volkswagen bien sûr, mais aussi Volvo et BMW. Récemment les constructeurs automobiles Stellantis, Mercedes l’énergéticien TotalEnergies ont cocréé une entreprise de gigafactories pour concurrencer Volkswagen. Ces projets de développement de gigafactories participent à l’engouement sur les marchés dans un contexte de transition écologique : depuis le Dieselgate de 2015, l’action Volkswagen a ainsi augmenté de quasiment 90% !

Pourquoi décider de produire ses propres batteries au lieu d’avoir des sous-traitants ? Les gigafactories coûtent des centaines de millions d’euros…

L’objectif principal est de faire des économies d’échelles, c’est-à-dire que le constructeur automobile peut produire un volume important de batteries ce qui réduit le coût de production de chaque batterie. C’est d’autant plus le cas en Europe où les constructeurs créent ensemble leurs gigafactories pour atteindre une taille critique. Même si les investissements initiaux sont importants, de l’ordre de quelques centaines de millions d’euros effectivement, la production de batteries dans une usine plus proche des usines d’assemblage de voitures, et dont on peut contrôler la conception, permet de diminuer le coût de manière significative. 

L’Europe est-elle la figure de proue du secteur ? 

Non parce que pour l’instant l’Asie domine largement le marché, la Chine, le Japon et la Corée produisant 90% des batteries dans le monde. En Europe des tensions au niveau de l’approvisionnement en semi-conducteurs sont à prévoir jusqu’en 2023, ce sont des pièces essentielles à la construction des batteries. Mais tous ces projets de gigafactory vont permettre une plus grande autonomie européenne dans la construction des véhicules, ce qui permettra de créer de l’emploi et de dynamiser l’industrie dans les années à venir.

Laurence Aubron - Jeanne Gohier

Jeanne Gohier est analyste sur la finance du climat chez Fideas Capital, qui propose aux Européens d’investir « Smart for Climate », c’est-à-dire de prendre en compte les enjeux du réchauffement climatique dans leurs placements.

Tous les éditos "Smart for Climate" de Jeanne Gohier sont à retrouver juste ici

Image Planet Labs, Inc