Chaque mardi sur euradio, le Think tank Sport et Citoyenneté propose un regard sur l’impact social du sport en Europe : handicap, gouvernance, égalité des genres, sédentarité, inclusion sociale… c’est aussi du sport !
Nous retrouvons aujourd’hui Eva Jacomet de Sport et Citoyenneté, pour une nouvelle chronique sur la thématique Sport et Handicap. Eva, vous vous attardez aujourd’hui sur le handisport de haut niveau, pourquoi est-ce important pour renforcer l’accès des personnes en situation de handicap au sport de le rendre plus visible ?
Près de 15% de la population mondiale, soit environ un milliard de personnes sont à l’heure actuelle en situation de handicap. Pour ces personnes, l’accès au sport, ça doit être un droit fondamental.
Promouvoir une pratique sportive plus inclusive pour les personnes en situation de handicap, ça demande évidemment d’agir sur l’offre de pratique, sur l’encadrement comme on a pu l’évoquer les semaines passées mais ça passe également par une meilleure visibilité et médiatisation du handisport. C’est l’idée que nous avons déjà mise en avant sur d’autres thématiques, que ce qui n’est pas visible n’existe pas, donc si une personne en situation de handicap ne voit pas de parasportifs de haut-niveau, il est difficile pour elle de penser qu’elle peut pratiquer ou performer dans une discipline sportive.
La visibilité des sportifs en situation de handicap et la médiatisation des compétitions c’est donc un vrai levier pour atteindre l’égalité des droits et lutter contre les discriminations.
Concrètement donner plus de visibilité et mieux médiatiser le handisport, comment on fait ?
Accorder davantage de visibilité aux athlètes, c’est en premier lieu mieux communiquer sur les différentes formes de handicaps, ne pas tout uniformiser derrière le handicap physique, la pratique du sport de haut-niveau c’est également celle des personnes en situation de handicap mental ou psychique.
C’est également produire une mise en image des sportifs de haut niveau en situation de handicap et valoriser leurs performances. Cela a par exemple été bien fait lors la dernière édition des Jeux Paralympiques à Tokyo. Le défi est désormais d’ancrer ces habitudes dans la durée et de poursuivre les efforts engagés.
Les grands évènements sportifs comme les Jeux à venir de Paris 2024 ont un rôle à jouer également ?
Bien sûr, on parle de plus en plus souvent d’héritage des grandes compétitions sportives, on doit aussi se poser la question, souvent oubliée, de l’héritage des compétitions parasportives.
Prenons l’exemple des Jeux Olympiques et Paralympiques, si les JO sont souvent présentés comme accélérateurs de changement, la même attention devrait être portée aux Jeux Paralympiques.
D’ailleurs, les prochains Jeux de Paris 2024 se veulent résolument inclusifs. Mais la perspective de Paris 2024, doit permettre d’avancer sur cette question en concevant, comme pour les Jeux Olympiques, une forte responsabilité sociétale et un héritage propre pour la compétition. Paris 2024 ça doit être un réel tremplin pour le développement du parasport : améliorer la visibilité, la médiatisation et la participation sportive des personnes en situation de handicap doivent s’affirmer comme des ambitions fortes de cet héritage.
Et est-ce qu’il n’y a pas une réflexion plus profonde à mener sur le format des grandes compétitions sportives ?
Si, sans aucun doute, Paris 2024 en organisant sur les mêmes sites de compétition et derrière un seul logo les Jeux Olympiques et Paralympiques franchit un premier cap mais les deux compétitions sportives restent distinctes. Il pourrait être intéressant de penser à l’avenir des Jeux unitaires ou les épreuves paralympiques seraient programmées en même temps que les épreuves olympiques.
A titre d’exemple, c’est ce que va proposer la Coupe du Monde de Rugby à 13 qui aura lieu en France en 2025, puisque pour la première auront lieu sur un même laps de temps en octobre et novembre 2025, les compétitions hommes, femmes, sportifs en fauteuil et jeunes.
Eva Jacomet au micro de Laurence Aubron