Dans cette chronique, Nathalie Richard, coach et facilitatrice en transition intérieure et gardienne d’un écolieu dans le Finistère tente de démystifier un sujet aussi mal compris qu’oublié : la spiritualité.
Quelle place pour la spiritualité aujourd’hui ?
Centrale, vitale je dirais. En réalité, une place de 1er plan. Je concluais la semaine dernière sur le constat que notre société était très déspiritualisée et que nous en avons grand besoin aujourd’hui pour nous reconnecter au sens de la vie. Alors, j’imagine aisément que certaines et certains pourraient se dire : voilà une affirmation facile ! J’en conviens. J’avoue qu’elle mérite explicitation et d’ailleurs le scepticisme est plus que le bienvenu en la matière. Il est grand temps de rentrer dans le vif du sujet et de partager en quoi la spiritualité pointe vers une prise de conscience urgente pour l’humanité.
Alors de quelle prise de conscience s’agit-il précisément ?
Et bien, partons par exemple des élections outre atlantique de la semaine dernière qui nous montre que le populisme s’installe irrésistiblement au pouvoir dans les dites démocraties nous faisant redouter le renouvellement de scénarios bien sombres de notre histoire récente. L’Europe n’est bien sûr pas épargnée, il semblerait que les États Unis aient simplement un temps d’avance nous montrant ainsi une dystopie politique qui nous attend nous aussi comme l’explique la journaliste du média en ligne Blast Paloma Moritz.Mais plutôt que de se désoler des candidats élus et de perdre notre temps à commenter mi sidéré.e.s, mi fasciné.e.s leur tristes sorties, il me parait plus sage de se retourner vers ce qui les permet, les nourrit, les maintient en vie. Force est de constater qu’il s’agit de nous à fortiori. Il me parait gravement urgent de porter un regard honnête sur l’état actuel de notre humanité. Une humanité qui permet à cette folie de devenir notre nouvelle normalité.
Et de quel regard s’agit-il Nathalie ?
Et bien, je citerai pour cela Eckart Tollé, l’écrivain et conférencier canadien d’origine allemande auteur du best-seller Le pouvoir du moment présent que je vous recommande chaudement. Eckart Tollé nous invite, nous implore même, à constater et accepter que l’état actuel de l’humanité est fondé sur une identification erronée à l’égo et au mental. Un état qui – selon lui - frôle la folie dangereuse. Au vu des faits, des effondrements et de notre incapacité à y répondre pour le moment malgré le fait que l’on sait et ce depuis des dizaines d’années, il me parait rationnel d’envisager cette éventualité. Je vais donc me permettre de répéter cette hypothèse qui me parait absolument clé et que je souhaitais de tout cœur avec vous partager :L’état actuel de l’humanité - disons-le clairement, entrain de se suicider - est fondé sur une identification erronée à l’égo et au mental.
Mais qu’est-ce que cela signifie précisément ?
Cela signifie que nous avons complètement oublié une moitié de notre humanité, une moitié même de la réalité. Ça parait dingue dit comme ça non ? Creusons. Eckart Tollé nous explique que la réalité à 2 volets : ce que l’on peut appeler les choses et l’espace, on peut aussi dire les choses et le rien. Mais arrêtons-nous là-dessus un instant et posons-nous 2 simples questions :-Qu’est ce qui permet aux choses d’exister ? L’espace, n’est-ce pas ?-Qu’est ce qui permet au son d’être ? Le silence, non ? Pour mener une vie saine et équilibrée, il faudrait danser entre ces 2 aspects de la réalité : la forme et l’espace.Il faudrait danser entre la forme et l’espace : une jolie formulation non ?
Et ce n’est pas ce que nous faisons ?
Non. La plupart d’entre nous – et je m’y inclus bien volontiers - sommes tellement absorbés par la dimension de la forme, c’est-à-dire nos perceptions sensorielles, nos pensées, nos émotions et bien sûr l’ensemble des choses de e monde, que nous laissons de côté l’autre moitié de la vie. Autrement dit notre identification totale à la forme nous garde prisonnier de celle-ci. Nous sommes « accro au monde ». Peut-être le ressentez-vous parfois branché.e.s au flux d’information continu des chaines d’infos comme de votre propre cerveau. Cela a une grave conséquence : celle de nous faire perdre contact avec notre espace intérieur seul capable de sagesse, de sens et de discernement. Qu’on se le dise : cette perte est ce dont ‘les Trump’ de ce monde se gargarisent. Mais j’ai confiance car rien n’arrête une idée dont le temps est venu. Le temps d’opérer nos retournements pour nous rendre compte, ré-clamer et ré-apprivoiser notre pouvoir du dedans.
Le reclaim, c’est maintenant.
Un entretien mené par Laurence Aubron.