Dans cette chronique, Nathalie Richard, coach et facilitatrice en transition intérieure et gardienne d’un écolieu dans le Finistère, tente de démystifier un sujet aussi mal compris qu’oublié : la spiritualité.
Cette semaine Nathalie vous nous parlez d’un grand sous-estimé des révolutions.
En effet, je vais vous parler d’un de mes ingrédients préférés pour faire la révolution !
Pas celle qui crame tout, mais celle qui construit un à côté qui prendra le relais quand l’ancien aura fini de s’auto consumer.
Car aussi grave que parait notre situation, nous pouvons peut-être nous consoler en réalisant que si ses traits sont devenus si violents et grossiers, c’est qu’il ne lui reste plus beaucoup d’armes pour perdurer.
Mais revenons à cet ingrédient clé.
Cet ingrédient, il détermine la qualité de nos interactions,
Cet ingrédient, il manque cruellement aujourd’hui tant nous croulons sous les distractions.
Cet ingrédient c’est tout simplement, l’attention.
L’attention, que voulez-vous dire par là Nathalie ?
Et bien prenons l’exemple du conférencier et cosmographe Maxime Blondeau qui relayait dernièrement sur Linked In la campagne Sorry Children qui mobilise des personnalités en leur demandant d'imaginer "la Pire Excuse" vis à vis des générations futures.
La sienne comme le montre la photo de cette chronique c’était : "J'avais la tête ailleurs".
Pour lui, c’est la véritable excuse dans cette époque où nous sommes sursollicités, surchargés.
Et où en même temps notre conscience parait détournée de ce qui compte vraiment.
Je le rejoins complètement.
Nous vivons une crise de l’attention.
Et pour nous les matérialistes, occidentaux obnubilés de la matière, cela peut sembler secondaire.
Et c’est bien là le problème !
Et alors quel est-il ? on a envie de savoir.
Le problème, c’est qu’on oublie un truc fondamental.
J’en parlais la semaine dernière en introduisant la théorie U.
Ce problème c’est notre point aveugle, nous oublions que la qualité de ce que nous vivons dépend de la conscience à partir de laquelle nous agissons.
Autrement dit : la forme suit la conscience. L’invisible précède le visible.
C’est-à-dire que la qualité de notre attention conditionne tout ce que nous faisons.
Pour mieux l’illustrer, prenons l’image de la descente en vélo sur une route de montagne.
Celles et ceux qui l’ont déjà fait savent qu’ils se dirigeront là où leur regard se posera.
C’est pareil en voiture et dans tout ce qui nous met en mouvement d’ailleurs.
Si je regarde trop le virage au lieu de regarder la route, j’irai droit vers le précipice.
Si au contraire, je me concentre sur là où je souhaite aller, c’est-à-dire – à priori - poursuivre ma descente sur la route c’est là que j’irai !
Là où je pose mon regard va mon énergie et mon mouvement suit.
Oui, ça parait évident mais en quoi est-ce si important de comprendre ça ?
Et bien ce qui est valable à titre individuel, par exemple dans la pratique d’un sport, quand on est en mouvement l’est aussi naturellement pour l’évolution des systèmes auxquels nous appartenons.
Et ça, c’est complètement sous-estimé.
Combien de repas en famille, entre amis pollués par de multiples distractions ?
Combien de balades en forêt, sur la plage ou dans mon quartier dans ma tête et donc absente à ce que mon chemin croisait ?
Combien de discussions où au lieu de pleinement écouter, je prépare ma réponse plutôt que de m’ouvrir à ce que l’autre cherche à exprimer ?
Combien de réunions de travail barbantes, trop longues ou gâchées par manque d’attention des participants et de présence de qualité ?
D’ailleurs, quand je travaillais à New-York, en salle de marché, en réunion, j’avais fini par demander aux traders de poser leur téléphone dans un petit panier.
La mise à disposition grandissante de distractions pour les populations, les enfants et ados en particulier n’est pas une simple nième caractéristique de notre société.
Il est temps de réaliser à quel point c’est un crime contre l’humanité.
Les gars de la Silicon Valley empêchent d’ailleurs leurs enfants d’y accéder avant une certaine maturité.
Que peut-on faire alors pour y remédier ?
Et bien c’est tout simple et pourtant cela demande à être pratiqué au quotidien avec détermination :
Apprendre, ré apprendre à prêter attention.
Prêter une pleine et entière attention à ce que nous vivons, à ce que nous croisons, à ce que nous écoutons, à ce que nous goûtons.
Cesser de toute urgence le mode automatique, sortir de notre tête, de nos pré occupations pour revenir ici et maintenant, en relation.
Car la façon dont je prête attention détermine la façon dont les choses émergeront.
Par exemple, la qualité de mon écoute contribue à la façon dont se déroule la conversation.
La façon de prêter attention, aussi infime que ce geste puisse paraître, agit sur notre expérience des relations et du monde.
Changer notre façon de prêter attention est donc une révolution.
Compétence à intégrer fissa dans toutes les écoles et carnets de bord de la grande Transition !
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.