On ne changera bien évidemment pas tout en quelques mois. Même ceux qui le souhaiteraient ne peuvent pas espérer que cette Conférence sur l’avenir de l’Europe à laquelle on parvient enfin ne débouche immédiatement sur une Europe de la Défense ou, moins encore des Etats-Unis d’Europe. En scindant les objectifs entre projets à long terme et réformes immédiates nous pourrions toutefois faire prendre à l’Union d’essentiels et irréversibles tournants.
Un premier exemple. Quel qu’en soit le besoin, nous ne passerons pas rapidement de l’unanimité à la majorité qualifiées dans tous les domaines. Ce ne sera notamment et malheureusement pas possible en politique étrangère mais rien n’empêcherait plus aujourd’hui d’abandonner l’unanimité en matières fiscale et sociale pour arriver à une harmonisation dans ces domaines et pouvoir mettre fin aux pratiques de dumping créant d’intolérables distorsions de concurrence, d’injustices sociales et de pertes de rentrées dans les caisses communes.
Deuxième exemple. Si forte soit-elle, aucune volonté politique ne permettrait la création immédiate d’une armée commune aux 27 Etats membres mais, s’il faut aller vers une Défense commune, n’y aurait-il pour autant pas de pas que nous puissions faire sans plus attendre ? Il y en a même plusieurs puisque rien ne nous interdit de développer des opérations communes au Sahel ou en Mer de Chine méridionale ; de ne plus nous contenter de financer mais de monter ensemble des missions humanitaires avec déploiement d’hôpitaux de campagne, acheminement de vivres et sécurisation des zones de secours sous drapeau européen ; que tout nous oblige, surtout, à développer ensemble les armes du futur qu’aucun de nos pays n’aurait les moyens de développer seuls.
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