C’est comme le Boléro. L’air, d’abord, s’entend à peine puis, à force de revenir, accroche l’oreille avant de l’emplir et de bientôt l’assourdir. On n’en est encore qu’à la moitié du morceau, lorsque l’air devient insidieusement entêtant, mais cette petite musique montante à la gloire des dictatures et de leur supposée supériorité sur la démocratie…
Coupez le son !
Nom de dieu coupez le son car comment peut-on dire que, comparée à celle des démocraties, la croissance chinoise prouverait « l’efficacité » du régime de M. Xi ? Comment peut-on oublier qu’on disait aussi que les trains arrivaient à l’heure sous Hitler ? Comment oublier qu’un taux de croissance ne s’apprécie pas qu’en pourcentage abstrait mais, avant tout, par rapport au point de départ et que la faible croissance d’une économie prospère reste ainsi préférable à la forte croissance d’une économie qui l’est infiniment moins ? Comment oublier que « l’efficacité » ne veut rien dire en elle-même car les Chinois se passeraient volontiers de celle de leur régime en matière de répression politique, de travail forcé, de camps de concentration ou d’inexistence de protection sociale, de droit du travail et de droit de grève ?
Coupez le son car on commence à réentendre, air connu, que les peuples n’auraient pas tous la même conception de la liberté et que les Chinois seraient ainsi heureux de bénéficier d’un pouvoir autrement plus fort que ceux des démocraties.
Ah bon ?
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