Profitez de la chronique "Quoi de neuf en Europe ?" chaque semaine sur euradio. Retour sur l’actualité européenne avec Perspective Europe, l’association du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux.
Dans cet épisode, une discussion sur les nouveautés de la semaine avec Amélie Billet.
Qu’est-ce qui a marqué cette fin du mois d’octobre en Europe ?
Plusieurs faits sont à retenir cette semaine. Tout d’abord, c’est la nomination de Giorgia Meloni le 21 octobre à la tête du gouvernement italien. Pour la connaître un peu mieux, elle est issue de l’extrême droite fasciste, qui s’inscrit dans l’héritage du parti national fasciste de Mussolini. En 2012, elle co-fonde le parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), qui est devenu, en septembre, le leader de la coalition des partis de droite.
Elle est ainsi la première femme à occuper le poste de président du Conseil des ministres. Qu’est-ce qui l’attend dans les semaines à venir ?
Actuellement, elle cherche à renforcer la crédibilité de ses positions. On l’a connue eurosceptique, proche des idées de Viktor Orban en termes de politique extérieure, grande amie de Vladimir Poutine selon Berlusconi. Mais changement de direction, peut-on lire dans Le Monde.
Meloni se déclare désormais atlantiste, soutient l’Ukraine et tente de rassurer les marchés, l’OTAN et l’Union européenne. Les défis à venir ne manquent pas, en interne comme à l’extérieur.
Cette nomination précède de quelques jours celle de son homologue britannique. C’est - parait-il - la saison des passations de pouvoir !
Tout à fait ! Rishi Sunak est devenu le 25 octobre Premier Ministre du Royaume-Uni. Il succède alors à Liz Truss, dont le mandat de 44 jours a été remarqué pour sa courte durée. Boris Johnson a renoncé à l’élection et Sunak est le seul à avoir reçu les parrainages nécessaires.
Il a donc été élu à la tête de son parti, les Tories (parti conservateur), puis nommé Premier ministre par Charles III. Mais alors, qui est Rishi Sunak ?
Pour faire court, il est d’origine indienne et devient la première personne non blanche et le plus jeune Premier ministre britannique. Il est marié à l’héritière de la cinquième fortune indienne et est le plus riche député de la Chambre des communes après avoir fait fortune dans la finance. Il a également été membre du gouvernement de Boris Johnson, et a fait partie de ceux qui ont entraîné sa chute en démissionnant cet été. Il s’était déjà présenté à la tête du parti mais avait été battu à ce moment-là par Liz Truss.
Affaire à suivre. Plus à l’est, quelles nouvelles de la guerre en Ukraine ?
Amélie : Eh bien, c’est une accusation qui a fait parler cette semaine. La Russie a adressé en début de semaine une lettre à l’organisation des Nations-Unis dans laquelle elle accuse l’Ukraine de se préparer à utiliser une « bombe sale ». Autrement dit, une arme chimique qui disperse de la matière radioactive lors de son explosion.
Quelles sont les preuves de la Russie pour avancer de tels propos ?
il n’y en a pas vraiment ! Les documents fournis par la Russie mentionnent seulement une liste de lieux où l’Ukraine pourrait se fournir en matériaux, notamment dans ses mines d’uranium. Même dans ce cas, les matières issues de ces mines ne permettraient pas la mise au point d’une arme chimique. Perspective Europe Sciences Po Bordeaux
Quelles ont été les réactions face à ces accusations ?
La communauté internationale est restée perplexe. Plusieurs diplomates craignent que la Russie utilise des accusations si peu crédibles pour brouiller les pistes sur sa propre stratégie.
Terminons cette discussion dans un autre pays : l’Espagne. Une nouvelle loi est entrée cette semaine en vigueur.
Effectivement, c’est la loi dite « des petits-enfants » (Ley de Nietos) : elle ouvre la nationalité espagnole aux descendants de citoyens exilés sous Franco. Cette loi complète la fameuse loi de 2007 sur la mémoire et fait partie d’un ensemble de dispositions prises récemment, destinées à réparer les torts de la période franquiste.
Quelle est l’ampleur de cette mesure ?
Elle a une portée importante ! Près de 700 000 personnes seraient concernées. En effet, pendant la dictature, environ 2 millions de personnes ont fui l’Espagne en direction de la France et de l’Amérique du Sud. Les consulats espagnols d’Amérique du Sud, notamment d’Argentine, sont pris d’assaut depuis la semaine dernière.
Concrètement, que va permettre cette procédure, qui aura cours jusqu’en octobre 2024 ?
Les descendants pourront acquérir la nationalité espagnole en l’espace d’un an, contre trois lors du processus traditionnel. Pour ce faire, ils devront attester de leurs liens de parenté et des persécutions politiques ayant poussé leurs aïeuls à fuir.
Chronique réalisée par Laurence Aubron.