« Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité des Etats membres. Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Thomas Vieuille, Bonjour et bienvenue !
Bonjour, merci de me recevoir !
Alors Thomas, dites-moi : Quoi de neuf en Europe ?
Le début de semaine a été marqué par un temps fort culinaire en France, avec la révélation des chefs étoilés du guide Michelin. Véritable institution dans le paysage français et même bien au-delà, la cérémonie accompagnant la nouvelle fut très suivie par le milieu de la gastronomie
Des temps forts particulier ?
Eh bien on sent une volonté de rajeunir les nommés dans la sélection de restaurants proposé. Ainsi beaucoup de jeunes chefs font leur entrée dans le guide, avec, comme clou du spectacle, Fabien Ferré, 35 ans, qui devient le plus jeune chef français à obtenir trois étoiles. Il est également le troisième chef de l’histoire à les obtenir en une seule fois, sans avoir eu à se contenter de moins auparavant.
D’autres moments remarqués ?
Oui, une séquence vidéo mettant les femmes de la restauration à l’honneur qui a fait grincer quelques dents. En effet, cette année seule six femmes ont obtenu une nouvelle étoile, très souvent en binôme avec un homme, et la rareté de ces dernières commence à se faire ressentir de manière importante dans le guide. Le président de la cérémonie a dit « déplorer » cet état de fait, sans pour autant avancer d’initiative pour le faire changer, refusant quota ou autres avantages au motif que seul le mérite est récompensé par le guide.
Si cela vient avec tout le mystère qui entoure le passage des examinateurs dans les restaurants, de manière anonyme et non annoncé, et si ce genre de propos fait partie de l’image de marque du guide, ce dernier a, plus pragmatiquement ici particulièrement bien représenté la profession de chef. Le milieu est extrêmement masculin et il est très dure pour les femmes de s’y faire une place.
D’autres nouvelles en dehors de la gastronomie ?
Carles Puigdemont se relance dans la course à la tête de la présidence de la région catalane. Le politicien s’était fait connaître en 2017 pour avoir organisé un référendum sur l’indépendance de la région espagnole, et ce alors que son référendum avait été déclaré illégale par Madrid. Poursuivi depuis dans son pays pour tentative de sécession et réfugié en Belgique, où il est devenu Eurodéputé, Carles Puigdemont ne semble pas avoir abandonné ses idéaux.
Il a donc annoncé un programme ?
En tout cas il a lancé sa campagne. C’est dans les Pyrénées Orientales, en France, qu’il a prononcé un discours rappelant ses idées de « terminer le processus d’indépendance ». Le lieu n’est pas choisi au hasard. Cette région française étant surnommé « catalogne du nord » par les nationalistes.
L’homme à des atouts dans sa manche. En effet, lors des dernières législatives espagnoles, il a réussi à négocier son soutien au parti socialiste contre une loi d’amnistie, qui devrait être voté fin mai et qui lui permettra de retourner en Espagne. Au-delà de ce simple état de fait, l’alliance passé oblige les socialistes à ménager cet allié encombrant. Attaquer ses discours indépendantistes serait désavouer une loi d’amnistie qu’ils ont validé, et donc n’est pas imaginable. Là où Puigdemont peut se permettre d’invectiver les socialistes, ces derniers se voient contraints de répondre par des mots doux.
Et a-t-il des chances de l’emporter ?
En tout cas il est concentré dessus et a déjà annoncé ne pas se représenter pour son mandat d’eurodéputé, ce qui aurait pu être une issue en cas de défaite. Il est actuellement troisième dans les sondages, derrières les socialistes et les sociaux-démocrates. Les élections sont fin mai, il est donc encore un peu tôt pour être certain. Une chose est sûre : les indépendantistes catalans pèsent comme rarement sur Madrid et quoi qu’il advienne du scrutin, ils seront une force politique présente et entendue.
Une dernière nouvelle pour finir ?
Le Sénat français c’est prononcé en fin de semaine contre l’accord de libre échange entre l’Union Européenne et le Canada. Cet accord, mis en place provisoirement depuis 2017, était devenue le symbole des luttes agricoles en Europe, jugé injuste par les producteurs européens. C’est un revers pour le gouvernement, et le début d’une lutte ouverte de l’opposition pour la fin de ce traité. L’affaire est pour le moment renvoyée devant l’Assemblée nationale, mais le groupe communiste a déjà annoncé son intention de faire monter le débat jusqu’au parlement de Strasbourg. Si l’accord venait à être définitivement rejeté, le revers serait gros pour la ligne de conduite de Bruxelles qui depuis sa création a encouragé et signer massivement ce type d’accord de libre-échange avec des régions partenaire.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.