« Quoi
de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la
chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective
Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po
Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers
auditeur·rices, l’actualité institutionnelle européenne. Alors quels
ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ?
On en discute tout de suite avec Thomas Vieuille.
Alors Thomas, dites-moi : Quoi de neuf en Europe ?
On ne cesse de se préparer aux élections européennes, et ce jusque dans les plus hautes instances de l’Union Européenne. Et le moins que l’on puisse dire c’est que la partie n’est pas gagné pour les actuels champions. Il y a un mois déjà Charles Michel, actuel président du conseil européen, avait dû renoncer à concourir, après que la perspective de sa démission eu défrayé la chronique. Cette semaine c’est Ursula Van der Leyen qui s’emmêle les pinceaux. En effet l’actuelle présidente de la commission dispose d’un bilan solide...qui plaît surtout à ses opposants. Tête de liste pour le CDU, le parti chrétien-démocrate allemand, elle est saluée à gauche pour “avoir tenu ses promesses” en matière d’écologie, notamment par le parti des verts, notamment grâce la lancée du “Green Deal” Européen.
Et la candidate a-t-elle une stratégie pour inverser la tendance ?
En tout cas elle a pleinement conscience de la situation. La commissaire durant son mandat n’a cessé de multiplier les voyages officiels en Allemagne, et a gardé un pied dans la politique nationale, elle n’est donc pas prise au dépourvu. Cependant la politique européenne par son subtil jeu de compromis, la fait aujourd’hui l’héritière d’un bilan qu’elle va devoir contester dans le cadre de sa campagne. Elle a toutefois amorcé quelques changements là où elle le pouvait, notamment dans sa communication. Son discours sur l’Etat de l’Union en janvier dernier était ainsi surtout porté sur la compétitivité et le travail, des valeurs chères à son parti. Une rude bataille contre son propre leg qui est donc amené à s’intensifier à l’approche des élections.
Mais les élections européennes ne sont pas les seuls à attirer les regards.
En effet, outre atlantique se sont les élections américaines qui font l’actualité, et qui provoquent des séismes jusque sur le vieux continent. En effet, au cours d’un discours de campagne, Donald J. Trump a eu des propos très dur envers les membres de l’OTAN “mauvais payeurs”, déclarant qu’il encouragerait la Russie à les envahir, et que donc il n’appliquerait pas la clause de solidarité du traité.
Que place l’ancien président des Etats-Unis derrière l’expression “mauvais payeur” ?
Le candidat fait ici un raccourci, car tous les Etats paient sans questions leurs contributions directes à l’organisation. Mais il se place toutefois dans la lignée d’une demande américaine exprimé depuis de nombreuses années déjà. Il s’agit d’exiger de tous les Etats-Membres de l’OTAN qu’ils consacrent au moins 2% de leurs PIB à la défense, ce qui n’est pas le cas actuellement.
Et quel est l’effet de ces propos sur les Etats-Européens ?
La posture de Trump inquiète, et montre une certaine connivence entre le personnage et les intérêts russes, mais au-delà de ça les européens ont déjà amorcé, notamment depuis la guerre en Ukraine, une augmentation de leurs budgets militaires. Cette intervention ne va pas freiner cette avancée, d’autant que face à un allié américain qui serait perçu comme peu fiable en cas de victoire de Trump, les européen·nes pourraient utiliser ce renforcement de leurs capacités d’action pour peser plus lourdement dans l’alliance, et contrebalancer tant que faire se peut, les manquements dû à la politique américaine.
Toutefois, comme à chaque soubresaut de l’alliance atlantique, des voix se sont élevés pour la création d’une véritable défense européenne. Si la sortie de Trump ne fera pas faire le pas décisif, la commission a toutefois annoncer sa volonté de présenter un plan ambitieux sur le sujet, ce qu’elle fera d’ici trois semaines.
Et mis à part ce plan, y’a-t-il eu d’autre annonce d’envergures de la part de la commission cette semaine ?
Et bien sur un tout autre sujet, la commission a officialisé l’arrivée prochaine d’une carte européenne reconnaissant à son porteur le statut de personne en situation de handicap dans toute l’Union Européenne. Une grande avancé, très concrète pour 87 millions de personnes qui vont désormais pouvoir voir leurs droits garantis dans le cas d’un séjour ou d’une installation dans un autre Etat de l’UE. Une mesure qui toutefois prendra du temps, puisque la commission a annoncé laisser un peu moins de quatre ans aux Etats pour appliquer la directive, le temps d’harmoniser les droits nationaux.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.