Chaque semaine, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne sur euradio.
« Quoi de neuf en Europe ? », c’est le nom que porte la chronique hebdomadaire réalisée par l’association Perspective Europe. Les étudiants du master Affaires Européennes de Sciences Po Bordeaux se sont donnés pour mission de décoder pour vous, chers auditeurs, l’actualité des Etats membres de l’Union européenne. Alors quels ont été les moments forts de la semaine qui vient de s’écouler ? On en discute tout de suite avec Victor Muller. Bonjour et bienvenue !
Bonjour Laurence, merci de me recevoir !
Alors Victor, dites-moi : quoi de neuf en Europe ?
Le processus d’adhésion de la Suède à l’OTAN semble avoir pris un tournant positif cette semaine. Si Recep Tayyip Erdogan avait annoncé en juillet dernier vouloir lever le véto de la Turquie à l’entrée de la monarchie scandinave au sein de l’Alliance atlantique, c’est au parlement turc que revient la décision finale. Ayant conservé la majorité au sein de ce dernier lors des dernières élections, le président a donc enfin officiellement soumis lundi dernier, le 23 octobre, un projet de loi visant à approuver la demande d’adhésion. Le dossier étant à l’étude, on attend désormais l’avis des parlementaires turcs, qui ont le dernier mot sur ce dossier.
Mais quelles étaient les raisons de ce blocage ?
Lorsque la Finlande et la Suède déposèrent en mai 2022 leur candidature conjointe pour rejoindre l’OTAN, Ankara accepta de ratifier rapidement la candidature finlandaise. Cependant, la Turquie accusait la Suède d’abriter des individus associés à la tentative de coup d’Etat en 2016 et d’être trop indulgents envers les militants kurdes réfugiés sur le territoire suédois, qu’elle considère comme des terroristes. Cette dernière voulait également utiliser ce différend pour faire pression sur les Vingt-Sept et peser dans les négociations concernant son adhésion à l’Union européenne.
Comment peut-on expliquer ce revirement de situation dans ce cas ?
Dans le contexte du conflit israélo-palestinien ravivé ces dernières semaines, la Turquie cherche à jouer un rôle de médiateur et à prendre de l’importance dans la géopolitique de la région. On peut donc être amené à penser qu’elle ait plutôt intérêt à ne pas froisser les Etats-Unis et à maintenir des relations sans tension avec ces derniers, qui sont le grand allié d’Israël et un acteur majeur de l’OTAN.
Peut-on donc s’attendre à une adhésion formelle de la Suède sous peu ?
Même avec un vote rapide et positif du parlement turc, la Suède ne fera toujours pas partie de l’Alliance atlantique pour autant, la Hongrie continuant de bloquer le processus d’adhésion.
D’autant plus que ce n’est pas le seul sujet d’actualité européenne qui place la Hongrie au cœur des négociations…
Tout à fait Laurence, la Hongrie se trouve également être particulièrement impliquée dans les discussions concernant la potentielle future adhésion de l’Ukraine à l’Union Européenne.
Pouvez-vous nous en dire plus à ce propos ?
Alors que l’Ukraine s’apprête à remplir les critères d’adhésion à l’UE grâce à la récente adoption d’une loi visant à renforcer la lutte contre le blanchiment d’argent, la Commission européenne a annoncé cette semaine qu’elle évaluera le 8 novembre prochain les progrès réalisés par le pays. Cela devrait permettre de franchir une étape supplémentaire dans la procédure d’adhésion, dont l’importance est capitale pour Kiev.
Quel est le rôle de la Hongrie dans ces négociations ?
On s’attend à ce que l’Ukraine reçoive une recommandation favorable à la poursuite du processus mais cette dernière devrait être assortie de conditions supplémentaires relatives à la lutte contre la corruption et au respect des droits humains, une condition portée par la Hongrie qui risque de peser dans les négociations.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.
