Aux portes de l'UE

L'UE face à la nouvelle doctrine nucléaire russe

Pixabay L'UE face à la nouvelle doctrine nucléaire russe
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Chaque semaine, Lyudmyla Tautiyeva nous propose un aperçu de ce qu'il se passe aux frontières de l'Union européenne, traitant de sujets divers tels que la gouvernance, l’entreprenariat, ou encore l'innovation.

La semaine dernière, Vladimir Poutine a approuvé une nouvelle stratégie nucléaire pour la Russie. Cette décision marque un tournant important dans la guerre en Ukraine et pourrait aussi avoir de grandes conséquences pour la sécurité en Europe. Qu’est-ce qui a changé avec cette nouvelle stratégie, et qu’est-ce que cela signifie pour l’avenir de l’Europe ?

Les modifications de la doctrine nucléaire russe ont été approuvées mardi dernier. Elles portent sur l’élargissement des conditions d’utilisation de l’arme nucléaire. Le principal changement consiste en une autorisation à utiliser l’arme nucléaire, contre un état non-nucléaire soutenu par un état nucléaire, en cas d’agression contre la Russie. Plus encore, l’attaque d’un État, au sein d’une coalition militaire, sera considérée comme une agression contre la Russie de la part de toute la coalition.

Autrement dit, si, par exemple, l’Ukraine attaque la Russie avec des missiles fournis par les États-Unis ou par l’Allemagne, cela pourrait faire l’objet d’une réponse nucléaire par la Russie, et être perçu comme une attaque de l’OTAN.

L’Ukraine a déjà attaqué le territoire russe en utilisant des armes fournies par ses alliés occidentaux, mais la Russie n’a pas répondu par une attaque nucléaire, heureusement. Pourquoi ?

Suite à l’autorisation des États-Unis pour utiliser leurs missiles pour frapper le territoire russe, l’Ukraine a frappé l’arsenal dans la région de Briansk en Russie, dimanche 17 novembre, avec des missiles américains longue portée ATACMS. C’était avant l’adoption de cette nouvelle doctrine en Russie.

Quelques jours plus tard, l’Ukraine a attaqué l’aérodrome de la région de Koursk en Russie avec des ATACMS américains, sans qu’une réponse nucléaire russe ait suivi. La Russie reste prudente pour l’instant, malgré cette escalade verbale.

Plus encore, la France et l’Angleterre ont également donnée leur autorisation à l’Ukraine pour frapper le sol russe avec leurs missiles. Ces autorisations ont été catalysées par l’engagement direct des troupes nord-coréennes sur le front en Russie.

Pourquoi la Russie décide-t-elle de changer sa stratégie nucléaire maintenant ?

La Russie considérait ce changement depuis un certain temps, selon certains experts, afin de dissuader l’Occident dans son aide pour l’Ukraine. Cette décision a alors été précipitée par l’autorisation d’utilisation des missiles américains.

Depuis février 2022, Poutine a régulièrement brandi cette menace dans l’espoir d’empêcher la provision de matériel militaire à l’Ukraine. Les États-Unis considèrent pour l’instant qu’il n’y a pas de réel risque d’une frappe nucléaire russe.

Comment l’Union européenne réagi t’elle a ce changement de stratégie ?

Dans une déclaration commune publiée mercredi dernier, les ministres des affaires étrangères de la France, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l’Italie, de l’Espagne, de la Pologne et de l’Union européenne, ont accusé Moscou de porter atteinte à la sécurité européenne, y compris de par ses actions irresponsables en terme de décisions nucléaires, et ont par ailleurs condamné la Russie pour sa guerre en Ukraine, qui a franchi les 1000 jours la semaine dernière.

Les ministres ont souligné l’importance de rester unis et de travailler avec l’OTAN pour assurer une meilleure sécurité européenne, prévoyant une augmentation des dépenses de sécurité et de défense à plus de 2% du PIB des États-membres. Autrement dit, l’Europe se prépare à renforcer sa politique de défense et de sécurité commune et à se donner les moyens de se défendre contre des attaques à son égard, et cette défense commence en Ukraine.

Une interview réalisée par Laurence Aubron.