AntiClash - La revue de presse européenne

Les élections européennes dans la presse - Anticlash #9

© European Union 2024 - Source : EP Les élections européennes dans la presse - Anticlash #9
© European Union 2024 - Source : EP

9Bienvenue sur euradio ! Voici la revue de presse européenne d’AntiClash, le podcast qui explore les sujets polémiques par le dialogue. Dans cette chronique présentée par Laurent Lanfranchi et Rafael Tyszblat, nous vous proposons une revue partielle de la presse européenne, avec notre analyse.

A l’heure de l’enregistrement de cette chronique, le portail de l’Union Européenne pour les résultats et Politico ont annoncé un nouveau Parlement clairement à droite avec un poids conséquent pour les partis anti-européens qui ont, avec les non-affiliés, effectué une percée au détriment des partis Verts, Socialistes et les libéraux. 

https://www.politico.eu/europe-poll-of-polls/european-parliament-election/

https://results.elections.europa.eu/ 

Le niveau de participation était une des grandes questions de ce scrutin. Les résultats varient de pays à pays mais de nombreux articles s’étaient posé la question de savoir comment mobiliser les électeurs. 

Mlada Fronta Dnes déplorait le record d’abstention habituel en République Tchèque en se demandant si un principe de vote obligatoire, sans aller jusqu’à la sanction imposée par la Belgique ou l’Italie, mais en incitant fiscalement les citoyens à aller voter, ne serait pas une bonne idée. 

https://www.idnes.cz 

Mlada Fronta Dnes, 27/05/2024

Pour Jutarnji en Hongrie, l’urgence était de donner plus de poids aux jeunes en abaissant l’âge du droit de vote, mais aussi de susciter l’intérêt des jeunes en donnant des réponses à leurs problèmes et en simplifiant la bureaucratie. 

https://www.jutarnji.hr/vijesti/svijet/u-eu-se-dogada-nesto-sto-nismo-vidjeli-od-2-svjetskog-rata-a-reakcija-je-nevjerojatna-pa-pogledajte-2019-godinu-15446066 

Jutarnji, 04/03/2024

Die Presse en Autriche encourageait à aller voter en expliquant que « l'offre des partis pour les élections européennes de cette année en Autriche ne pourrait pas être plus diversifiée. Les options vont d’une « UE light » [...] à une Europe unie. Les critiques de la migration ainsi que les militants du climat sont servis. »

https://www.diepresse.com/18531763/fuer-jeden-was-dabei-diese-eu-wahl-ist-besser-als-ihr-ruf 

04/06/2024

Les électeurs du nouveau Parlement qui imprimera les grandes lignes politiques de l’Union pour les cinq prochaines années ont voté différemment selon les pays, ce que la presse européenne avait pu révéler tout au long de cette campagne. 

Neatkarīgā en Lettonie expliquait pendant la campagne que « l'aspect sécuritaire et le positionnement vis-à-vis de la guerre russe en Ukraine » est le sujet de loin le plus important. https://nra.lv/neatkariga/komentari/bens-latkovskis/459125-eiroparlamenta-velesanas-paradis-cik-mums-noderigo-un-cik-isto-idiotu.htm

Neatkarīgā, 04/06/2024

Times of Malta expliquait qu’un petit pays comme Malte a surtout besoin que les eurodéputés fassent valoir les intérêts nationaux au niveau européen.  

https://timesofmalta.com/article/the-voice-electorate.1093266 

Times of Malta, 02/06/2024

Dans la presse espagnole, parmi les plus européiste, El Diario expliquait avant les élections que « l'Espagne, avec tous ses problèmes, est aujourd'hui l'un des pays les plus prospères du monde [et le doit] en grande partie à l'Union européenne. »

https://www.eldiario.es/escolar/europeo_132_11419294.html 

El Diario, 03/06/2024

Mais ailleurs, les différentes crises migratoires, les faits divers mettant en cause des étrangers ou immigrés ont pu jouer un rôle dans cette montée de l’extrême droite, notamment en France. Dans Politico, un analyste du cabinet de sondage Odoxa, expliquait que « Les Français sont nettement plus préoccupés par la sécurité à l'intérieur de leurs frontières que par la sécurité mondiale » et que ces élections ont peut-être été perçues par les électeurs «comme un vote de mi-mandat. »

https://www.politico.eu/article/france-emmanuel-macron-eu-election-campaign-terror-threat-violence-crime-far-right-voters/ 

Politico, 22/05/2024

Depuis des mois, la montée des partis formant les groupes d'extrême-droite ID (Identité et démocratie) et CRE (Conservateurs et réformistes européens) était effectivement annoncée.

Pour Kurier en Autriche comme pour Berlingske au Danemark, il ne fallait pas que les partis modérés diabolisent les partis d’extrême droite mais au contraire s’emparent de leurs thèmes. Berlingske estimant que « la réaction automatique des partis établis est malheureusement arrogante, inutile et complètement vidée de toute énergie », que les « les électeurs insatisfaits ont réellement toutes les raisons d'être insatisfaits » et que « les partis modérés feraient bien de les écouter pour éviter que les partis d'extrême droite leur offre les mauvaises solutions. » Au Portugal, Expresso considérait lui ce sont les modérés qui finissent par s’extrémiser en reprenant leurs thèmes. https://kurier.at/meinung/leitartikel/leitartikel-rechtspopulisten-fpoe-rechts-bargeld-wolf-migration-afd-hetze-klimakleber-windrad-kickl/402906069 

Kurier, 30/05/2024

https://www.berlingske.dk/ledere/berlingske-mener-moderate-kraefter-boer-bruge-den-europaeiske 

Berlingske, 01/06/2024

https://expresso.pt/opiniao/2024-05-22-europa-o-extremo-que-se-modera-a-moderacao-que-se-extrema-7c67e76d

Expresso, 22/05/2024

De Volkskrant aux Pays-Bas rappelle néanmoins que le risque d’un front uni de l’extrême droite au Parlement est peu probable étant donné les « intérêts contradictoires » de ces mouvements nationaux. 

https://www.volkskrant.nl/europese-verkiezingen/een-radicaal-rechtse-superpartij-zou-de-een-na-grootste-eu-fractie-zijn-maar-samenwerken-is-lastigb217b60c/ 

31/05/2024

Nombre de commentateurs se sont focalisés sur les dangers de l’abstention ou de la montée de l’extrême droite mais il n’est pas sûr que cet alarmisme ait été le plus utile pour encourager les électeurs à aller voter. Les appels à la mobilisation autour de l’Europe ne devraient pas seulement se faire tous les 5 ans lors des élections Européennes. Ce devrait être un appel constant, fondé sur des explications plus claires des enjeux européens dans la vie de tous les jours et un accès plus direct aux institutions. La condamnation pure et simple du vote d’extrême droite n’aidera pas la démocratie et les partis défaits lors de ces élections devront sans doute s’impliquer encore davantage dans la vie parlementaire européenne et offrir des alternatives crédibles et inspirantes. 

On reproche souvent au projet européen d’être un projet orienté mais ce sont aussi des institutions qui doivent pouvoir survivre à toutes les majorités, y compris lorsque celles-ci ont une composante anti-UE comme c’est le cas dans le Parlement qui se composera cette semaine. Ces institutions auront une première épreuve avec des élections législatives anticipées en France comme conséquence directe de cette poussée de la droite eurosceptique. Mais au-delà du cas français, l’Europe doit plus que jamais réconcilier ses composantes et mobiliser les citoyens autour d’un projet commun.