Toutes les deux semaines sur euradio, retrouvez la chronique Fréquence Europe de Radio Judaïca et l’Europe Direct Strasbourg, présentée par Olivier Singer.
Olivier Singer, en quoi consiste le Greenwashing ?
Le greenwashing aussi appelé l’écoblanchiment ou même encore le verdissage est un terme qui est apparu à la fin des années 70. Il est aujourd’hui fréquemment utilisé dans les médias, mais aussi sur les réseaux sociaux ou par les influenceurs.
Pour l’ADEME, l’Agence de la transition écologique, le greenwashing consiste pour une entreprise à orienter ses actions de marketing et sa communication auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse pour notamment améliorer son image ou celle du produit. C’est notamment l’utilisation d’arguments « verts » dans les publicités afin de présenter un produit comme plus durable qu'il ne l’est réellement.
Cette pratique est à la fois trompeuse pour les clients, mais aussi déloyale pour les entreprises qui s’efforcent véritablement d’améliorer leurs performances environnementales.
Olivier, avez-vous des exemples de greenwashing ?
On trouve du greenwashing dans quasiment tous les secteurs : la mode, les cosmétiques, les produits de nettoyage, l'agro-alimentaire, l'automobile voire les banques…
Le greenwashing peut consister en l’utilisation de la couleur verte pour faire croire au caractère "naturel" du produit. Il y a aussi l'utilisation de photos de paysage, de nature, de forêt, de plantes, etc. Le greenwashing peut aussi se caractériser par l’utilisation d’un champs lexical vague, trompeur comme « parfum avec des extraits naturel, fraicheur naturelle, écologique… » qui peut laisser croire que le produit est sain et respectueux de la nature sans en apporter la preuve. L’entreprise peut également minimiser ses impact négatifs sur l’environnement en mettant en avant ses produits les plus respectueux de l’environnement tout en ignorant les impacts environnementaux de ses activités. On a beaucoup reproché ce type de greenwashing à Total par exemple ou à Danone pour la neutralité carbone des bouteilles en plastique de la marque Evian.
En 2020, la Commission européenne avait analysé 150 allégations de type « emballage composé de plastique recyclé », ou « émissions de carbone neutre », « empreinte climatique réduite » qui figuraient sur des emballages ou des publicités. Et selon cette étude, plus de 53% de ces allégations étaient vagues, trompeuses et 40% d’entre-elles n’avaient même aucun fondement.
Dès lors qu’a prévu l’Union européenne pour lutter contre le greenwashing ?
D’ici les élections européennes prévues en juin prochain, plusieurs textes seront adoptés pour lutter contre le greenwashing et les allégations environnementales trompeuses.
La directive approuvée le 18 janvier à une très large majorité du Parlement européen souhaite donner les moyens aux consommateurs d’agir en faveur de la transition écologique. Pour cela, ce texte prévoit notamment d’interdire certaines allégations vagues et trompeuses.
Ainsi, seront interdit toutes publicités ou affirmations génériques trompeuses telles que « respectueuse de l’environnement », « naturel », « biodégradable », « écologique », « neutre en carbone... » si elles ne sont pas corroborées sur des bases factuelles et scientifiques. Cette directive entend également améliorer l’information sur la durabilité et la réparabilité des objets. Il sera notamment interdit d’affirmer qu’un bien est réparable si ce n’est pas le cas ou de promettre une durée de vie du produit non prouvée ou sur estimée comme par exemple 5000 cycles de lavages pour une machine à laver. Il sera également défendu d’inciter à remplacer un produit plutôt que nécessaire. Par exemple les paramètre d’une imprimante ne devront pas inciter les consommateurs à remplacer les cartouches d’encre tant qu’elles ne sont pas totalement vides. D’autres textes devraient aboutir prochainement notamment l’un qui vise à encadrer la très grande variété des labels verts, pseudo écologiques, l’UE en a déjà dénombré plus de 230 différents. Elle entend renforcer les contrôles et conforter la confiance dans les labels existant comme l’ecolabel européen.
Reste maintenant à savoir si cette nouvelle législation suffira à redonner confiance aux consommateurs et l’assurance que les produits vendus comme écologiques le sont véritablement.