Nouvelle chronique sur euradio ! Fréquence Europe, une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
Cette semaine, Olivier Singer s'intéresse à la biodiversité en Europe.
Récemment, l’Union européenne a publié un rapport sur l’Etat de la nature en Europe, mais quelles actions l’UE réalise-t-elle pour préserver la biodiversité ?
L’Union européenne a mis en place une série d’instruments juridiques qui fixent des normes communes en faveur de la conservation de la nature en Europe. Deux instruments sont au cœur de cette politique européenne pour enrayer la disparition de la biodiversité.
D’abord, la directive “Oiseaux” première réglementation européenne, adoptée en 1979 modifié en 2009 qui vise à protéger toutes les espèces d’oiseaux vivant naturellement à l’état sauvage sur le territoire européen.
Cette législation a été complétée, 13 ans plus tard, par l’adoption de la directive “Habitats” introduisant des mesures de protection analogues en étendant sa portée à d’autres espèces végétales ou animales rares, menacées ainsi que leur habitat tels que les landes, tourbières et prairies côtières… Elles exigent ainsi des mesures de conservation pour plus de 2 000 espèces et habitats dans l’UE.
D’autre part chaque État membre de l’UE est tenu d‘identifier des sites importants pour la conservation de certaines espèces rares et en danger ainsi que des types d’habitats présents sur son territoire, en vue de leur inclusion dans Natura 2000 le réseau européen de sites protégés.
Et concrètement, c’est quoi Natura 2000 ?
Il s'agit donc d'un réseau européen qui répertorie des zones de l'UE contenant une faune et une flore dotées d'une grande valeur patrimoniale. Les sites répertoriés sont soumis à des règles précises afin de permettre la conservation d'espèces et d'habitats particulièrement menacés.
Le réseau Natura 2000 regroupe aujourd’hui 18 % de la surface terrestre du territoire de l'UE et 10 % de sa surface marine. Il compte un peu moins de 28000 sites.
En France, ce réseau couvre près de 13% %du territoire terrestre qui se compose de 29 % de prairies et de landes, de 20 % de zones agricoles et de 43 % de forêts.
Cette politique européenne porte-t-elle ses fruits ?
Pour le déterminer, tous les six ans, les États membres de l'UE sont tenus de rendent compte de l'état de conservation des espèces et des habitats protégés sur leur territoire.
Les données ainsi récoltées concernent 463 espèces d'oiseaux sauvages, 233 types d'habitats « représentatifs et menacés », allant des prairies sous-marines aux alpages, ainsi que près de 1400 autres plantes et animaux.
En octobre dernier, la Commission européenne a publié sur cette base sa dernière évaluation de l'état de la nature dans l'Union européenne pour la période 2013-2018. Et il en ressort que l'érosion de la biodiversité n'a pas été enrayée ces dernières années et que la situation demeure très préoccupante.
Ainsi moins de la moitié (47 %) des 463 espèces d’oiseaux de l’UE présentent un bon état de conservation, alors que pour 39% leur état de conservation est considéré comme mauvais ou médiocre.
Pour les habitats, seuls 15 % présentent un bon état de conservation. Les prairies, les dunes, les tourbières, les marais et les marécages présentent de fortes tendances à la détérioration.
Le rapport souligne cependant certains phénomènes positifs sur les sites naturels couverts par le réseau Natura 2000 qui sont mieux conservés que les autres habitats.
Quelles sont les principales causes de l'érosion de la biodiversité ?
Les pressions liées à l’agriculture sont les principales causes de la disparition des espèces et des habitats. Viennent ensuite l'étalement urbain et l'exploitation forestière non durable. La pollution de l'air, de l'eau et du sol a également une incidence sur les habitats, tout comme la surexploitation continue des animaux en raison de braconnage et des pratiques de chasse et de pêche non durables.
Que prévoit l’Union européenne pour remédier à cette situation ?
La nouvelle stratégie en faveur de la biodiversité de l’UE à l’horizon 2030, adoptée au mois de mai 2020 prévoit la protection juridique d’au moins 30% de la superficie terrestre et maritime de l’UE, dont 10% devront être strictement protégés. Elle s’engage aussi à faire en sorte que, d’ici à 2030, les habitats et les espèces énumérées dans les directives sur la nature ne montrent plus aucune dégradation, et qu'au moins 30% de ceux jugés en état insuffisant et médiocre affichent une forte tendance positive.
Toujours est-il que les Etats membres se doivent de respecter et appliquer les règles imposées par les directives oiseaux et habitats pour enrayer la perte de biodiversité. Récemment encore la Pologne a été enjoint d'exécuter un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne pour non-respect des règles européennes sur la protection de la nature dans la forêt de Białowieża.
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Image : Jeyaratnam Caniceus