Cette semaine dans Fréquence Europe, Olivier Singer fête l'anniversaire de la monnaie européenne. 20 ans de l'euro, quels sont les pays qui l'utilisent, et pourquoi ?
Il y a 20 ans, le 1er janvier 2002, 12 pays de l’UE renonçaient à leurs monnaies nationales pour passer à l’euro.
Effectivement, cette année l’euro fête ses 20 ans. Même si c’est en 1999 que le taux de conversion des francs en euro, a été fixé, 1€ valant 6,55957 francs, c’est bien, en 2002, il y a 20 ans que les pièces et billets d’euros ont remplacé les francs dans nos portefeuilles.
Qu’est ce qui a conduit à la création de l’Euro ?
En fait, tout est parti d’un constat assez simple, si l’on voulait créer un véritable espace de libre circulation et mettre en place un marché commun entre les Etats européens, cela devait logiquement déboucher à un moment vers une monnaie commune.L’idée de l’euro viendra du 1er ministre luxembourgeois, Pierre Werner, qui en 1970 déjà proposa dans un rapport qui porte son nom les étapes d'une transition vers l'adoption d'une monnaie européenne gérée par un système unique de banques centrales.
Mais ce projet sera repoussé en raison de plusieurs crises monétaires dans les années 70. C'est finalement en 1988, Jacques Delors, alors président de la Commission européenne qui relancera ce projet. Ainsi, en 1992 avec l’adoption du traité de Maastricht, l’Union économique et monétaire est lancée et elle aboutira à l’introduction en 1999 de l’Euro comme monnaie de compte puis sous forme scriptural en 2002.
Quels sont les pays qui utilisent aujourd’hui l’euro ?
Au départ en 2002, 12 pays l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, l'Espagne, la Finlande, la France, la Grèce, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et le Portugal échangèrent leurs billets et pièces nationaux contre des billets et pièces en euros. La Slovénie rejoint la zone euro en 2007, suivie de Chypre et de Malte (2008), de la Slovaquie (2009), de l'Estonie (2011), de la Lettonie (2014) et enfin de la Lituanie (2015).
Actuellement, la Croatie accomplit ses démarches préparatoires en vue de rejoindre la zone euro, ce qu'elle prévoit de faire le 1er janvier 2023, à condition de remplir toutes les conditions des critères de convergence, notamment la maitrise de l’inflation et le respect d’un certain niveau de déficit et de dettes publics.
Pourquoi certains pays n’utilisent pas l’euro ?
À ce jour, 8 Etats membres de l’UE ne sont pas membres de la zone euro : le Danemark, la Suède, la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Croatie, la Roumanie et la Bulgarie. Leurs raisons sont cependant différentes. Le Danemark utilise ainsi toujours la couronne comme monnaie nationale. En 1992, les Danois rejetaient par referendum le traité de Maastricht d’une courte majorité et de ce fait leur participation à la zone euro.
C’est un peu différent pour la Suède qui a adhéré en 1995, soit après l’adoption du traité de Maastricht et devrait donc intégrer la zone euro. Mais pour l’éviter, elle s’efforce de ne pas remplir les conditions économiques prévues par le traité de Maastricht.
Les 6 autres ont accepté l’euro en adhérant à l’Union européenne, ils ont donc vocation à rejoindre la zone euro dès lors qu’ils respecteront ces fameux critères de convergence institués par le Traité de Maastricht.
Enfin, le Kosovo et le Monténégro qui ne sont pas membre de l’Union européenne ont décidé en 2002 unilatéralement d’adopter l’euro. Avant 2002, les Kosovars et les Monténégrins utilisaient de la même manière le deutsche mark.
Ainsi 20 ans après sa création c’est plus de 340 millions d’Européens venant de 19 pays différents qui utilisent l’euro. 27,6 milliards de billets sont en circulation et l’euro est actuellement la deuxième monnaie la plus utilisée au monde derrière le dollar américain.
Pourtant ces 20 premières années de l’euro n’ont pas été des plus tranquilles ?
Tout à fait, d’abord les consommateurs européens reprochent aujourd’hui encore à l’euro d’avoir augmenté les prix des produits. Pourtant les statistiques disent le contraire, en effet, entre 2002 et 2020, les prix ont augmenté de 26 %, soit une hausse moyenne de 1,4 % par an. En tant que consommateurs, nous avons tendance à comparer les prix actuels en euros avec les prix des biens et services en anciennes devises qui restent fixent et auxquels il faudrait au minimum ajouter ces 26% d’inflation.
Ensuite, seulement 10 ans après sa création, l’euro a été touché de plein fouet par la crise financière mondiale dont la Grèce était l’épicentre en Europe. Pour sortir de cette crise, la Grèce a du faire face à une cure d’austérité forcée et il aura fallu solidifier l’architecture de la zone euro en renforçant la surveillance des banques et en instaurant des outils pour contrer la spéculation.
Avec la crise pandémique que nous connaissons actuellement, la Banque Centrale européenne en intervenant sans compter a permis d’éviter la panique en permettant aux Etats de continuer à se financer à des taux quasiment nuls. Et surtout l’UE a assoupli ses règles budgétaires et les Etats se sont mis d’accord pour la première fois sur un grand plan de relance basé notamment sur un emprunt commun.
Il demeure que tout n’est pas réglé, la BCE doit aujourd’hui agir pour maîtriser l’inflation afin que celle-ci ne dépasse pas les 2% annuel.
Mais malgré toutes ces difficultés et tous les défis futurs à relever, l’Euro est apprécié positivement par 78% des Européens, ce qui explique aussi peut-être la raison pour laquelle la sortie de l’euro n’est plus un élément de la plupart des programmes des candidats à la présidentielle en France.
Fréquence Europe est une chronique européenne réalisée par Radio Judaïca et le Centre Europe Direct de Strasbourg.
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