Toutes les deux semaines sur euradio, retrouvez la chronique Fréquence Europe de Radio Judaïca et l’Europe Direct Strasbourg, présentée par Olivier Singer.
Cette année le programme Erasmus fête ses 35 ans, l’occasion de faire le point sur ce programme emblématique de l’Union européenne avec vous.
Oui, on peut dire qu’Erasmus est aujourd’hui le programme emblématique de l’UE devant la politique agricole commune, voire même l’Euro.
Pourtant, ce n’est pas sans difficulté que ce programme a vu le jour. En 1987, certains États étaient très réticents par cette initiative qui pour eux ne relevait pas de la compétence européenne, l’éducation étant un domaine réservé aux États.
Ce programme tire son nom du célèbre moine humaniste néerlandais Erasme qui voyagea pendant de longues années à travers l'Europe pour s'enrichir des différentes cultures. L’objectif d’Erasmus était de rendre possible la poursuite des études dans un autre pays, alors que le système éducatif et les programmes sont très différents d’un État à un autre.
Ainsi Erasmus repose sur certains principes comme la reconnaissance des périodes d’études et des diplômes réalisés à l’étranger, l’octroi d’aides de bourses et d’aides financières, mais aussi la simplification des démarches administratives (ex. maintien des bourses nationales, inscription dans l’université d’origine).
A sa création en 1987, le programme comptait seulement 11 pays participants (Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni) et c’est près de 3000 étudiant·es qui ont essuyé les plâtres.
Et qu’en est-il aujourd’hui ?
Aujourd’hui Erasmus est donc devenu une véritable institution et contrairement à une idée reçue véhiculée notamment par le film « l’Auberge Espagnol de Cédric Klapich », le programme Erasmus+ n’est plus seulement réservé aux étudiant·es. Il s’adresse désormais aussi aux apprenti·es, aux formateur·rices, aux demandeur·euses d’emploi, aux jeunes diplômé·es, aux collégien·nes, aux lycéen·nes. C’est ce qui explique le « + » dans Erasmus+ !
Et l’âge importe peu puisque le doyen des étudiant·es en Erasmus+ avait 81 ans quand il est parti en 2018 ! En trente-cinq ans, ce sont donc plus de 12 millions de personnes dont la moitié d’étudiant·es, qui ont bénéficié de ce programme pour vivre une expérience internationale dans le cadre de leur formation. En France, 600 000 personnes ont bénéficié d’une mobilité financée par Erasmus+ entre 2014 et 2020, dont près de 180 000 étudiant·es et 168 000 jeunes ayant fait un stage à l’étranger.
Avec le Brexit, un Erasmus au Royaume-Uni est-il encore possible ?
Pour rappel, en 2019 près de 55000 étudiant·es, jeunes britanniques participaient au programme Erasmus+. Après l'Espagne, le Royaume-Uni était aussi la deuxième destination privilégiée pour 10 000 des Français chaque année. Mais depuis l'entrée en vigueur du Brexit le 1er janvier 2021, le Royaume-Uni ne fait plus partie d'Erasmus+. Le pays a mis en place son propre programme d'échanges universitaires pour permettre aux étudiant·es britanniques de partir étudier à l’étranger.
Désormais 33 pays qui participent à toutes les actions du programme Erasmus+ : les 27 États membres de l’Union européenne ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Macédoine du Nord, la Norvège, la Serbie et la Turquie.
Et quelles sont les motivations nécessaires pour faire un Erasmus ?
Il est assez évident que l’amélioration des compétences linguistiques est l’une des principales motivations. S’ajoute aussi la découverte culturelle… Mais ce qui est certain c’est qu’une expérience Erasmus est grandement appréciée sur les CV. Plusieurs études ont démontré que les compétences acquises grâce à Erasmus permettent un accès plus rapide à un premier emploi.
Mais tout n’est pas rose non plus. Et même si de gros progrès ont été réalisés, les participants au programme demeurent majoritairement des jeunes issus de milieux favorisés.
Et quelles en sont les raisons ?
Malgré les bourses et autres aides (la bourse oscille entre 200 et 600 euros pour les études selon le pays dans lequel s’effectue l’Erasmus, un peu plus pur les stages) les freins économiques restent donc nombreux (difficultés de trouver un travail dans le pays d’accueil, peur de ne pas retrouver de logement à son retour…), Auxquels s’ajoutent aussi des freins psychologiques, peur de l’inconnu, de la solitude, de l’éloignement avec les proches, des peurs souvent plus importantes chez les jeunes issus de milieux défavorisés, moins habitués aux voyages à l’étranger.
C’est la raison pour laquelle l’UE a lancé pour la période 2021 – 2027 une nouvelle programmation Erasmus+ qui se veut beaucoup plus inclusive en intégrant plus de personnes issues de quartiers défavorisés, de zones rurales ou de personnes en situation de handicap. Erasmus+ bénéficie pour cela d’un budget en forte hausse passant de 14,6 milliards d’euro à 26,2 milliards, soit une hausse de 80% avec pour objectif d’atteindre 10 millions de mobilités européennes supplémentaires en 7 ans. A titre de comparaison il avait fallu 30 ans d’Erasmus pour arriver à ce chiffre de 10 millions. Reste maintenant à espérer qu’après deux années de contraintes sanitaires ce programme Erasmus+ puisse à nouveau reprendre un nouvel essor.
Entretien réalisé par Laurence Aubron.