L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde » sur euradio cherche à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
Cette chronique a été initiée et proposée par Justin Horchler, étudiant à Sciences Po Bordeaux, en 2023-2024 et est désormais animée par Ani Chakmishian.
Dès le premier jour de sa présidence, Donald Trump a annoncé des droits de douane sur les produits européens.
Effectivement, pour le président américain c’est "le seul moyen pour que les États-Unis soient traités correctement". Il accuse l’Union européenne d’imposer des barrières aux produits américains. Il dénonce un déficit commercial de 350 milliards de dollars. Pour lui, ces taxes devraient forcer les Européens à acheter plus américain. Pour le moment on n’a aucune liste précise de produits, mais plusieurs secteurs s’inquiètent déjà. En particulier l’industrie automobile allemande et française qui exporte massivement outre-Atlantique. Même chose du côté de la filière agroalimentaire, autre point fort des exportations européennes. Les vins français sont particulièrement exposés aux surtaxes américaines. C’est un coup dur pour le secteur ayant les États-Unis comme premier importateur.
Comment peut-on expliquer ce déficit ?
Les causes varient. Avec l'Allemagne, cela vient surtout du secteur industriel. Avec l'Irlande, c'est lié à l'implantation des sièges européens des grandes entreprises américaines. Ces entreprises profitent de la fiscalité avantageuse, qui leur permet de réduire leurs impôts, à la fois en Europe et aux États-Unis.
Donald Trump a même comparé l’Europe à une "petite Chine". Pourquoi ?
Selon lui l’Europe, comme la Chine, profite de l’économie américaine tout en protégeant ses marchés. Il critique aussi les subventions européennes, notamment dans l’aéronautique avec Airbus. En réalité le président Trump avait déjà pris des mesures de taxation vis-à-vis de l’Europe lors de son premier mandat. Il s’agissait alors de l’acier et de l’aluminium, de certains produits agricoles comme le vin et le fromage, ainsi que les avions Airbus.
Et pour la Chine, que prévoit-il ?
À partir du 1er février, Donald Trump compte taxer les produits chinois à 10 %. Il accuse Pékin d’envoyer du fentanyl au Mexique et au Canada, qui finit consommé aux États-Unis. D’ailleurs ces derniers seront taxés a 25% déstabilisant profondément l’économie nord-américaine. Derrière cette démarche économique se cache en réalité des mesures politiques, comme la lutte contre l’immigration mexicaine. C’est une nouvelle étape dans une longue guerre commerciale.
Quelle est la réaction de l’Europe ?
La présidente de la Commission européenne, reste ouverte au dialogue. Ursula von der Leyen veut défendre les intérêts européens tout en évitant une escalade. Ce mardi au Forum économique de Davos elle a assuré que l’Europe était prête à discuter avec le gouvernement américain. Elle rappelle tout de même que Washington reste un partenaire commercial majeur. L’Europe tend aussi la main à d’autres partenaires, comme la Chine, pour diversifier ses relations commerciales.
Est-ce que l’Europe peut riposter ?
Lors du premier mandat de Trump, l’UE avait déjà pris des mesures, comme taxer le bourbon ou les motos Harley-Davidson. Si les droits de douane reviennent, on pourrait voir des actions similaires.
Quels seraient les impacts pour l’Europe ?
Les secteurs comme l’automobile ou l’agriculture seraient touchés. Ces taxes compliqueraient leur compétitivité. Plus largement, une guerre commerciale freinerait la reprise économique mondiale. Mais l’Europe a des atouts, comme ses relations avec d’autres grandes économies.
Un entretien réalisé par Laurence Aubron.