L’Europe est composée de différents acteurs (États, entreprises privées, organisations internationales…) qui jouent un rôle majeur dans les relations internationales. La série « L’Europe et le Monde », par Ani CHAKMISHIAN sur euradio cherche donc à éclairer l’auditeur sur certains aspects de la place du Vieux continent sur la scène internationale.
Ursula von der Leyen a été reconduite par les Vingt-Sept pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne. Ce mardi 17 septembre lors d’une conférence de presse, elle a annoncé la composition de la prochaine équipe. Rappelez-nous, quel rôle joue la Commission au sein de l’UE ?
C’est l’organe exécutif de l’Union comportant 27 commissaires, un pour chaque État membre. Elle élabore les propositions législatives, gère le budget et met en œuvre les décisions du Parlement européen.
Quels sont les enjeux liés à la nomination des nouveaux commissaires ?
La nomination des nouveaux commissaires européens est cruciale. La couleur politique prédominante du collège laisse supposer l’orientation de l’Union au cours du mandat sur des sujets comme la politique extérieure, la défense, les questions migratoires, les relations commerciales et le climat.
Alors qu’en est-il de cette nouvelle Commission ?
Il faut remarquer la droitisation sans précédent du Parlement européen, qui se retranscrit dans le collège des commissaires. Le parti populaire européen, dont est issue la présidente Ursula von der Leyen, est ainsi surreprésenté parmi les leaders. On en compte quatorze commissaires contre seulement quatre sociaux-démocrates, pourtant deuxième force de l’hémicycle à Strasbourg.
En ce qui concerne la France, c’est le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné qui prendra la tête d’un portefeuille-clé – la stratégie industrielle. Choisi à la dernière minute au détriment du sortant Thierry Breton, il sera chargé du redressement de l’industrie européenne, grande priorité des prochaines années.
Comment précisément cette prééminence de la droite pourrait se traduire dans la politique extérieure de l’Union ?
Par exemple, la question migratoire revient au ministre des Finances autrichien, dont le parti, milite pour l’expulsion des réfugiés afghans ou syriens dans leur pays d’origine. La question migratoire étant l’un des axes phare de la droite, on pourrait penser à une possible collaboration avec les pays frontaliers de l’Union, notamment la Turquie ou la Lybie pour contrer les flux des réfugiés. L’Italie étant au premier front devant les flux migratoires, c’est Raffaele Fitto membre du gouvernement d’extrême droite de Giorgia Meloni, qui sera chargé de l’une des commissions clé : celle de la cohésion et des réformes.
Quelle est le positionnement de l’UE en matière de défense ?
Justement un nouveau poste a été créé par Mme von der Leyen pour faire face à la menace russe et à la guerre en Ukraine aux portes de l’Europe.
C’est le Lituanien Andrius Kubilius, toujours du PPE, qui est nommé commissaire à la défense et à l’espace. La droitisation du Parlement pourrait emmener à d’importantes investissements en matière de défense afin de peser lourd face à la Chine et à l’expansionnisme russe, tout en montrant une indépendance vis-à-vis de l’OTAN. On peut également noter l’influence montante des pays d’Europe centrale et orientale comme la Pologne et les pays baltes, toujours dans le contexte de la guerre russe en Ukraine.
Quels sont les enjeux en matière de politique extérieure de l’UE au cours de ce nouveau mandat ?
L’Union européenne doit afficher ses priorités, dans une période cruciale sur le plan géopolitique, restant unie face à la guerre en Ukraine et à Gaza, mais aussi la campagne présidentielle américaine et la concurrence économique de la Chine.
La nomination de l’ex premier ministre estonienne Kaja Kallas comme haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité affirme la volonté de l’UE de soutenir l’Ukraine. Avec une position fermement antirusse, visible à travers une aide militaire régulière à l’Ukraine lors de son mandat, la vice-présidente de la Commission semble être la candidate idéale pour affronter Vladimir Poutine.
Ce collège des commissaires est-il définitif ?
Non. Pour être définitive, la nomination des commissaires doit encore passer sous la trappe des eurodéputés qui auront la possibilité de les faire tomber au cas par cas, voire de faire tomber lors du vote final la totalité du collège.
Un entretien réalisé par Laurent Pététin